L’œuvre «Ouvrage Montresso» (2016) est une des pièces maîtresses de l’exposition. (Photo: Céline Coubray)

L’œuvre «Ouvrage Montresso» (2016) est une des pièces maîtresses de l’exposition. (Photo: Céline Coubray)

Beaucoup connaissent Olivier Dassault comme étant le «fils de» (Serge) ou le «petit-fils de» (Marcel). Certes, il est l’héritier de cette grande famille capitaine de l’industrie française, mais il était aussi un homme politique engagé et un photographe passionné. C’est cette dernière activité qui nous intéresse ici, puisqu’une sélection de ses œuvres est présentée dans la Galerie Indépendance de la Bil.

Pilote d’avion, ingénieur, homme de presse, député de l’Oise, et bien entendu haut dirigeant au sein du groupe Dassault, mais aussi photographe… Olivier Dassault était un homme aux multiples casquettes. Décédé dans un accident d’hélicoptère en 2021, il a laissé derrière lui une importante œuvre photographique. L’exposition «Expressions abstraites» présentée à la Galerie Indépendance de la Bil est organisée en collaboration avec son épouse, Natacha Dassault, et sa collaboratrice, Chantal Dusserre-Bresson, qui assure le commissariat de l’exposition, avec l’aide de Stéphanie Breydel de Groeninghe. 

«Olivier Dassault a toujours aimé et fait de la photo», explique Chantal Dusserre-Bresson. «C’était sa respiration. Au début de sa pratique, à la fin des années 1960, il a fait des portraits d’actrices célèbres, comme Jane Birkin ou Isabelle Huppert, car son grand-père était aussi producteur de cinéma et lui a donné accès à ce monde. Puis son style a évolué, vers des images plus impressionnistes, parfois romantiques, puis hyperréalistes. Il avait alors un intérêt pour l’architecture et bien entendu la lumière.»

Lumière, couleur et composition

Le travail de la lumière est en effet un élément très présent dans la quarantaine de photographies qui sont présentées à la Bil, mais aussi la couleur et la composition. Dans l’œuvre «Circulation d’art», on peut lire assez aisément un hommage à l’architecture du Centre Pompidou à Paris. Grâce à son œil formé au pilotage d’avion, Olivier Dassault n’hésite pas à doubler, renverser, inverser certaines images. Il exerce comme des loopings visuels qui se concrétisent par exemple dans l’œuvre monumentale «Ouvrage Montresso». À d’autres moments, il est plus coloriste, comme avec – entre autres – le totem «Signature». Dans la sélection d’œuvres présentées à la Bil, on remarque nettement une recherche d’esthétisme, de réflexion soutenue sur le cadrage, la composition, l’équilibre pictural et chromatique.

L’art de l’essai

Olivier Dassault expérimentait beaucoup aussi. «À partir d’une prise de vue par exemple, il bloquait le négatif et reprenait plusieurs photos sur la même pellicule. Parfois les résultats étaient flous, d’autres fois de meilleure qualité. Il ne faut pas oublier qu’Olivier avait une formation d’ingénieur et que ce caractère expérimental, mais aussi très rationnel, faisait pleinement partie de sa personnalité», explique Chantal Dusserre-Bresson, qui l’a assisté pendant de nombreuses années dans la production de ses tirages photographiques.

«Olivier était un homme qui aimait les extrêmes», complète Natacha Dassault. «Il se sentait aussi bien à New York que dans les déserts. Mais c’était aussi un homme pleinement dans l’instant présent et qui savait faire naître d’un rayon de lumière une géométrie variable très personnelle. En tout cas, l’art était essentiel pour lui, c’était sa survie.»

Un héritage à partager

Aujourd’hui, le travail artistique d’Olivier Dassault est aussi bien reconnu par les collectionneurs d’art que par les professionnels à travers les galeries et les musées. Une de ses œuvres est d’ailleurs récemment entrée dans les collections du Centre Pompidou. Un fonds de dotation est en cours de constitution pour gérer les œuvres d’Olivier Dassault. «Notre volonté est de gérer correctement cet ensemble d’œuvres, de le faire perdurer et de le mettre en valeur, notamment en le faisant connaître auprès des musées. Nous envisageons également de créer un prix pour soutenir les jeunes photographes», confirme Natacha Dassault. Une manière de prolonger la passion de son mari et de se souvenir «de celui qui riait avec les yeux».

«Expressions abstraites», à la Galerie Indépendance de la Bil, 69 route d’Esch à Luxembourg, du lundi au vendredi de 8h à 18h. Jusqu’au 18 juillet. Entrée libre.