Denise Voss, présidente de l’Alfi. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Denise Voss, présidente de l’Alfi. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Avec plus de 4.000 milliards d’actifs sous gestion, l’industrie luxembourgeoise des fonds se porte remarquablement bien. Sa croissance s’est même accélérée au cours des dernières années, notamment en raison de l’explosion des fonds alternatifs. Denise Voss, présidente de l’Alfi, nous en dit plus sur ce phénomène.

Si la place financière luxembourgeoise s’est considérablement développée grâce aux fonds UCITS, en acquérant une expertise pointue dans la gestion et la distribution de ce type de fonds, ce sont d’autres formes d’investissements qui permettent aujourd’hui à l’industrie luxembourgeoise de croître plus que jamais.

«Au cours de la dernière décennie, les investisseurs institutionnels, tels que les fonds de pension ou les fonds souverains, ont placé une plus grande partie de leurs ressources dans des investissements alternatifs, comme le private equity, l’immobilier ou la gestion de crédit», analyse Denise Voss, présidente de l’Alfi (Association luxembourgeoise des fonds d’investissement). «Cet intérêt accru pour les fonds d’investissement alternatifs reflète bien le désir des investisseurs, notamment institutionnels, de détenir des actifs qui ne sont pas liés aux obligations et actions traditionnelles. Les fonds alternatifs leur permettent de diversifier leurs investissements, à un moment où les taux d’intérêt sont proches de zéro, voire négatifs.»

Cette forme d’investissement est en effet particulièrement intéressante pour les acteurs tels que les fonds de pension, qui investissent sur le long terme et de manière à fournir des rentrées régulières aux retraités.

Le rôle de la réglementation

Au-delà d’un changement de stratégie des investisseurs institutionnels, on peut aussi pointer le rôle important joué par la réglementation européenne AIFMD (Alternative Investment Fund Managers Directive) dans l’explosion des fonds alternatifs au Luxembourg. Développée par l’Europe après la dernière crise financière, cette directive a permis de mettre en place un solide cadre réglementaire et de gouvernance pour les fonds alternatifs. Cette plus grande sécurité a contribué à attirer de nombreux acteurs institutionnels vers cette forme d’investissement, notamment les fonds de pension et fonds souverains.

Le pays est aussi connu comme un hub pour la gestion des risques et, de plus en plus, pour des activités de front-office, comme le ‘port management’.
Denise Voss

Denise VossprésidenteAlfi

Ces deux phénomènes conjoncturels ont véritablement boosté les fonds d’investissement alternatifs au Luxembourg. Au 31 décembre 2018, ceux-ci représentaient ainsi 704 milliards d’euros, soit 17,3% du total des actifs sous gestion dans le pays. Un an plus tôt, ces mêmes fonds alternatifs représentaient 673 milliards d’euros, soit 16,1% du total des actifs sous gestion.

«Luxembourg est donc une place financière qui héberge un nombre croissant de fonds alternatifs, ainsi que leurs structures d’investissement», poursuit Denise Voss. «Mais le pays est aussi connu comme un hub pour la gestion des risques et, de plus en plus, pour des activités de front-office, comme le ‘port management’, un domaine qui grandit lentement mais sûrement au Luxembourg, et ce principalement grâce aux stratégies d’investissement alternatif.»

Des outils et des expertises qui augurent un avenir radieux

Considérant cette évolution croissante, les ambitions du Luxembourg par rapport aux fonds d’investissement alternatifs sont importantes. «L’Alfi a d’ailleurs mis à jour, à la fin 2018, ses trois brochures consacrées aux stratégies d’investissement alternatif, qui couvrent le private equity, l’immobilier, ainsi que les stratégies de gestion de crédit ou de dette. Celles-ci constituent les principales formes d’investissement alternatif existant au Luxembourg», précise Denise Voss.

Pour attirer les acteurs intéressés par ces investissements, le Luxembourg dispose de nombreux atouts, notamment le RAIF (Reserved Alternative Investment Fund), un véhicule d’investissement indirectement supervisé, créé en 2016. «Il s’agit d’une structure très populaire au sein de ce qu’on appelle la ‘boîte à outils’ luxembourgeoise. 575 RAIF ont ainsi été enregistrés dans le pays depuis le lancement de ce véhicule en 2016. Toutefois, les outils et structures légales disponibles au Luxembourg qui répondent aux besoins des gestionnaires d’actifs et investisseurs dépassent ce seul RAIF et contribuent au succès de la place financière luxembourgeoise», explique encore la présidente de l’Alfi.

Enfin, le Luxembourg reste aussi attractif aux yeux des investisseurs en quête de fonds alternatifs ou de fonds UCITS plus traditionnels en raison de facteurs structurels: sa grande stabilité économique, sociale et politique, son écosystème d’experts très fourni, ses infrastructures modernes, ainsi que la collaboration continue qui existe entre l’industrie des fonds et ses principales parties prenantes. Ces raisons permettent donc de mieux comprendre pourquoi le Luxembourg est le plus important centre financier en Europe, et le deuxième plus important dans le monde, après les États-Unis.