Amazon entre dans la course au quantique avec sa première puce conçue au California Institute of Technology, qui pourrait réduire jusqu’à 90 % le coût de la correction des erreurs quantiques. (Photo: Shutterstock)

Amazon entre dans la course au quantique avec sa première puce conçue au California Institute of Technology, qui pourrait réduire jusqu’à 90 % le coût de la correction des erreurs quantiques. (Photo: Shutterstock)

Amazon Web Services (AWS) a dévoilé, le 27 février, Ocelot, son prototype de puce quantique conçu en collaboration avec le Caltech. Une avancée qui vise à réduire drastiquement les erreurs de calcul, un enjeu clé dans la compétition mondiale, où les États-Unis renforcent leur domination face à la Chine et à l’Europe.

L’annonce, le 27 février, par Amazon Web Services (AWS) de son prototype de puce quantique, baptisé Ocelot, confirme une tendance qui ne cesse de s’accélérer : la domination américaine dans la course à l’informatique quantique. Conçu par le Centre AWS d’informatique quantique au California Institute of Technology, ce semi-conducteur de première génération pourrait réduire jusqu’à 90% le coût de la correction des erreurs quantiques, selon la firme américaine. Une avancée majeure pour un domaine où la gestion des erreurs constitue l’un des principaux obstacles au développement de machines réellement opérationnelles.

Loin de la science-fiction qui l’a longtemps entourée, l’informatique quantique repose sur des principes radicalement différents de ceux des ordinateurs classiques. Alors que ces derniers manipulent des données sous forme de bits, pouvant prendre uniquement les valeurs 0 ou 1, les ordinateurs quantiques exploitent des qubits, des briques de base capables d’adopter une infinité d’états pouvant se superposer et s’enchevêtrer. Cette capacité à traiter simultanément un nombre colossal de résultats potentiels confère à ces machines un pouvoir de calcul inégalé, avec des applications prometteuses dans des domaines tels que la conception de nouveaux médicaments ou l’optimisation des batteries, essentielles à la transition énergétique.

Une domination américaine

Si ces performances sont théoriquement vertigineuses, elles restent entravées par un défi majeur : la gestion des erreurs. Les qubits sont d’une extrême sensibilité aux perturbations extérieures – vibrations, chaleur, interférences électromagnétiques –, qui introduisent du bruit et faussent les calculs. C’est sur ce terrain que les géants du numérique concentrent leurs efforts, dans une compétition mondiale où les États-Unis conservent une nette longueur d’avance.

Depuis 2010, les fonds américains ont investi près de 1,8 milliard de dollars dans les startups du secteur, captant ainsi l’essentiel des initiatives privées. En 2022, les États-Unis représentaient 27 % du marché mondial, du cabinet de conseil en stratégie Boston Consulting Group, portés par des acteurs majeurs tels qu’IBM, Google et, désormais, Amazon.

La Chine et l’Europe en embuscade

Derrière les États-Unis, la Chine intensifie ses efforts, s’appuyant sur un soutien étatique massif. Pékin a alloué près de 10 milliards de dollars au développement du quantique, un domaine dans lequel les géants nationaux comme Tencent, Alibaba et Baidu jouent un rôle clé. En 2022, le pays détenait 11 % du marché mondial et affichait le deuxième plus grand nombre de brevets déposés, juste derrière Washington. En 2024, les États-Unis et la Chine concentraient 68 % des brevets liés au quantique, selon , l’organisme placé sous la tutelle du ministère français chargé de la propriété industrielle.

L’Europe, quant à elle, tente de s’imposer mais reste en retrait. Malgré un programme d’investissement de 6,5 milliards de dollars lancé en 2021 et une part de marché de 14% en 2022 – légèrement supérieure à celle de la Chine –, le continent souffre d’un manque de coordination entre États membres et d’un déficit de financements privés. Les start-up européennes n’avaient attiré que 300 millions de dollars d’investissements cette même année, un montant bien loin des niveaux américains.

La Chine en deuxième position ? L’Europe en challenger ? Qu’importe, dans cette course mondiale : l’annonce d’Amazon ne laisse guère de doute. Les États-Unis s’affirment plus que jamais comme les leaders incontestés du quantique.