Tant les chefs d’entreprise que l’État ont intérêt à assurer les plans de transformation des compétences adéquats. (Photo: Shutterstock)

Tant les chefs d’entreprise que l’État ont intérêt à assurer les plans de transformation des compétences adéquats. (Photo: Shutterstock)

La 22e «Global CEO Survey» illustre un besoin toujours plus criant de main d’œuvre et de nouvelles compétences de la part des entreprises qui doivent, en même temps, se transformer pour s’adapter aux enjeux technologiques. Dont l’intelligence artificielle.

Ils sont toujours plus nombreux à vouloir recruter. 58% (contre 51% en 2017) des CEOs luxembourgeois interrogés pour les besoins de la 22e édition de l’enquête «Global CEO Survey» de PwC envisagent leurs effectifs à la hausse dans les prochains mois.

Un signe de confiance? La réponse est affirmative si l’on en croit l’optimisme affiché par les 59 CEOs (49 en 2017) qui ont participé à l’enquête au Luxembourg entre septembre et début novembre 2018. Ses principaux résultats ont été présentés par PwC Luxembourg ce lundi matin.

Les entreprises représentées par leurs dirigeants sont issues de 11 secteurs «représentant les principales industries du pays.» 85% étaient des entreprises privées, 15% publiques.

68% des CEOs estiment que l’économie luxembourgeoise va continuer à bien se porter dans les douze prochains mois. Idem pour leur chiffre d’affaires. Quant à l’économie globale, c’est la prudence qui prime.

À noter que pour 38% des CEOs luxembourgeois, la croissance européenne sera en déclin dans les 12 prochains mois.

«Ceci est un constat qui peut paraître de prime abord un peu perturbateur, indique François Mousel, associé, clients and markets leader chez PwC Luxembourg dans un communiqué. Cela peut refléter la confiance des décideurs que notre pays arrivera à attirer suffisamment d’investissement étranger afin de générer cette croissance malgré un affaissement général, mais il appartient alors au gouvernement de mettre en place des propositions de valeur, pas seulement fiscales ou réglementaires d’ailleurs, attractives pour y arriver.»

Un «gap» à combler

Mais l’économie luxembourgeoise qui se porte bien met les CEOs face à un double enjeu: trouver les candidats aux compétences ad hoc pour accompagner le développement de l’entreprise tout en préparant les équipes en place à son futur.

Le deuxième enjeu, celui de la transformation des compétences, apparaît comme crucial puisque le réservoir en local et dans la Grande Région devient de plus en plus tendu:

Conséquence du «gap» de talents, les couts de main-d’œuvre augmentent plus vite que prévu selon les CEO. 54% d’entre eux observent surtout des conséquences négatives sur la capacité à innover et (dans la même proportion) sur leurs standards de qualité ou l’expérience client.

À la question de la solution pour combler ce manque de compétences adaptées à leurs (nouveaux) besoins, la formation apparaît devant la chasse aux talents:

Défis interconnectés

Si les CEOs interrogés déclarent que les «data» liées aux préférences et aux besoins des consommateurs sont importantes pour l’avenir de leur entreprise, ils font face à un déficit d’information.

Les données existent, elles sont progressivement agrégées en fonction des rythmes et des moyens des entreprises observent les experts dePwC, mais, là aussi, les talents manquent.

Pour 40% des CEOs, le manque de profils analytiques explique pourquoi la donnée qu’ils reçoivent n’est pas appropriée ou le fait qu’ils ne reçoivent pas l’information.

À l’heure où l’adoption de nouvelles technologies pourrait permettre aux collaborateurs de gagner en productivité voire de leur enlever des tâches sans grande valeur ajoutée, la préparation des compétences prend encore plus l’allure d’un enjeu incontournable pour les CEOs.

Leurs principales craintes pour les 12 prochains mois sont d’ailleurs interconnectées. Entre le poids réglementaire et la vitesse du changement technologique qui entraînent mécaniquement un besoin de collaborateurs:

La question de l’importance de l’intelligence artificielle est aussi abordée dans le rapport. Plus de 80% des dirigeants luxembourgeois estiment qu’elle modifiera considérablement leur façon de travailler.

Le Luxembourg dispose déjà d’un certain nombre d’actifs et de projets d’envergure européenne qui laisse présager un positionnement du pays dans le peloton de tête européen. 
Laurent Probst

Laurent ProbstA ssocié, Digital Transformation and Public SectorPwC Luxembourg

37% ont déjà mis en œuvre des projets dans ce domaine et 36% projettent d’en introduire rapidement, en ligne avec les tendances internationales.

 «Nous voyons l’ensemble des dirigeants luxembourgeois publics et privés se préparer à intégrer la vague de nouvelles technologies et du nouveau cadre d’affaires lié à l’intelligence artificielle, déclare Laurent Probst, associé, Digital Transformation and Public Sector, chez PwC Luxembourg. Le Luxembourg dispose déjà d’un certain nombre d’actifs et de projets d’envergure européenne qui laisse présager un positionnement du pays dans le peloton de tête européen. Le succès sera cependant lié au développement et à la mise à disposition de compétences pour tous les secteurs.»

Qu’il s’agisse de formations de leurs employés ou d’intelligence artificielle, les dirigeants demandent à l’État de les accompagner, d’être un partenaire de cette profonde mutation vers une économie de la connaissance qui devra aussi se répercuter dans les recettes de l’État sur le long terme. Et donc dans le maintien d’une forme d’État providence.

Consulter l’étude