Ce vendredi, la liste des banques américaines membres de la Net-Zero Banking Alliance (NBZA) – que seule la Spuerkeess a rallié – s’est réduite à quatre: Amalgamated Bank, Areti Bank, Climate First Bank et JP Morgan Chase. La veille, Morgan Stanley, Citigroup, Bank of America et Goldman Sachs avaient jeté l’éponge, comme Black Rock et Vanguard. Wells Fargo était partie le 20 décembre.
Le 27 novembre, 10 États américains ont emboîté le pas du procureur général du Texas, Ken Paxton, qui accuse ces trois dernières d’«avoir conspiré en vue de restreindre artificiellement le marché du charbon par le biais de pratiques commerciales anticoncurrentielles» dans une plainte très documentée de 109 pages.
«Au fil des ans, les trois gestionnaires d’actifs ont acquis des participations substantielles dans tous les grands producteurs de charbon cotés en bourse aux États-Unis, obtenant ainsi le pouvoir de contrôler les politiques des entreprises du secteur. En utilisant leur influence combinée sur le marché du charbon, le cartel d’investissement a annoncé collectivement en 2021 son engagement à utiliser leurs actions comme une arme pour faire pression sur les entreprises du secteur du charbon afin qu’elles se conforment aux objectifs d’«énergie verte». Pour y parvenir, les sociétés d’investissement ont fait pression pour réduire la production de charbon de plus de moitié d’ici 2030», défend M. Paxton qui considère la NZBA comme «une organisation militante anti-énergie qui exige de ses membres qu’ils donnent la priorité à un programme climatique radical plutôt qu’aux intérêts des consommateurs et des investisseurs».
Les banques risquaient d’être privées de contrats avec l’État
«Le Texas ne tolérera pas que le secteur financier soit utilisé illégalement comme arme au service d’un programme «environnemental» politisé et destructeur. BlackRock, Vanguard et State Street ont formé un cartel pour manipuler le marché du charbon, réduire artificiellement l’approvisionnement en énergie et augmenter les prix», a déclaré le procureur général Ken Paxton. «Leur complot a porté préjudice à la production énergétique américaine et a porté préjudice aux consommateurs. Il s’agit d’une violation flagrante de la loi fédérale et de l’État.»
«Nous souhaitons contribuer à la décarbonisation de l’économie réelle en fournissant à nos clients les conseils et les capitaux nécessaires pour transformer les modèles d’entreprise et réduire l’intensité des émissions de carbone», a commenté Morgan Stanley, citée par Reuters. La banque a également souligné qu’elle continuerait à rendre compte de ses efforts en vue d’atteindre les objectifs fixés pour 2030 en matière de réduction des émissions liées à son portefeuille de prêts.
Même chose pour Citigroup. «Nous restons déterminés à atteindre le zéro net et continuons d’être transparents sur nos progrès», a simplement fait savoir le groupe.
Au Texas, la loi prévoit que les institutions financières qui boycottent les industries pétrolières et gazières ne sont pas autorisées à conclure des contrats avec des entités gouvernementales de l’État.
Production en baisse, bénéfices en hausse spectaculaire
La plainte de 109 pages éclaire aussi sur la stratégie des banques pour mener les objectifs de la Net-Zero Banking Alliance à bien: huit des neufs producteurs de charbon ont vu leur production baisser de 11,7% pour Arch Resources à 28,7% pour Alpha Metallurgical et leurs bénéfices s’envoler de 12% pour Nacco Natural Resources – la seule progression à deux chiffres – tandis que les profits de Peabody Energy ont augmenté de 854% (!).
Les directives du NZBA se concentrent principalement sur les émissions de Scope 3 de catégorie 15, qui couvrent les émissions financées et facilitées par les activités de prêt, d’investissement et de marchés de capitaux de la banque. Il s’agit des émissions indirectes qui se produisent dans la chaîne de valeur de la banque, mais qui ne sont pas directement contrôlées par celle-ci. Dans son dernier rapport annuel, l’initiative placée sous l’égide des Nations unies reconnaissait les difficultés auxquelles les banques sont confrontées, notamment en termes de données fiables, qui permettraient d’avoir une vue exacte de l’impact de cette initiative née en 2021.