Les moteurs à l’origine de l’expansion des actifs privés
Dans les années 1980 et 1990, les entreprises qui souhaitaient financer leur croissance n’avaient guère d’autre choix que d’entrer en bourse, levant des capitaux sur les marchés actions. Les introductions en bourse représentaient une étape clé pour les entreprises en expansion, leur permettant d’obtenir les fonds nécessaires pour étendre leurs opérations, investir dans l’innovation et se montrer concurrentielles à l’international. Cette dynamique a aujourd’hui considérablement évolué. L’affluence massive de capitaux privés (par le biais du capital-risque, du capital-développement, du capital-investissement – Private Equity – et de la dette privée) a permis aux entreprises de rester privées bien plus longtemps, dans la mesure où elles n’ont plus besoin de passer par les marchés publics pour alimenter leur expansion. «Grâce aux milliers de milliards de capitaux privés désormais disponibles, de nombreuses entreprises font le choix de rester privées plus longtemps, retardant leur introduction en bourse. Une fois cotées, elles affichent souvent des valorisations plus élevées que par le passé. Le délai moyen avant une introduction en bourse est passé de 4 ans en 1999 à 12 ans en 2020», explique Jérôme Zahnen, responsable de l’offre Private Equity chez Banque de Luxembourg. «Cela explique pourquoi une large part de la création de valeur a désormais lieu sur les marchés privés, avant l’entrée en bourse des entreprises.»
Au-delà de ces tendances, le marché actions est également fortement concentré aujourd’hui. Les géants technologiques baptisés les «Sept Magnifiques» représentent de fait une part disproportionnée de la capitalisation boursière mondiale. Dans un tel contexte, les investisseurs devraient envisager d’élargir leur éventail d’opportunités pour y intégrer les actifs privés, comme le Private Equity, qui constituent une alternative intéressante. À noter que 86% des entreprises qui génèrent des revenus annuels de 250 millions USD ou plus sont toujours privées, témoignant du potentiel d’investissement considérable qui existe en dehors des marchés publics.
La dette privée est également une option séduisante, particulièrement dans la mesure où les banques se montrent plus sélectives dans leurs financements aux entreprises depuis la crise financière de 2008. De même, les investissements en infrastructures, autre segment clé des investissements alternatifs, permettent non seulement de se couvrir contre l’inflation, mais également d’assurer une diversification et d’accéder à des tendances à long terme, telles que les centres de données destinés à l’intelligence artificielle ainsi que les installations de production d’électricité décarbonée et les infrastructures de réseau électrique, qui nécessitent dans les deux cas des capitaux massifs.
Les opportunités sont considérables, pour un ratio risque/rendement toujours attrayant. Ainsi, les actifs privés s’imposent de plus en plus comme une allocation de base au sein des portefeuilles diversifiés «all-weather».
L’évolution du rôle des banques privées sur les marchés privés
Comme précisé ci-avant, le paysage d’investissement s’est véritablement métamorphosé ces dernières années, incitant les banques privées à approfondir leurs connaissances des actifs privés et à adapter la façon dont elles les intègrent aux portefeuilles de leurs clients. «D’un point de vue historique, la mission principale des banques privées était de permettre aux investisseurs d’accéder à des fonds d’investissements alternatifs tiers. Toutefois, dès lors que les actifs privés jouent un rôle de plus en plus important dans la construction des portefeuilles, les banques adoptent désormais une approche plus sophistiquée en matière de conseil afin d’aider les clients à appréhender les nombreuses complexités liées à ces investissements. L’objectif demeure inchangé: construire un portefeuille aligné sur les ambitions financières des clients tout en optimisant le rendement ajusté au risque», souligne Clément d’Espagnac, conseiller en investissement Private Equity chez Banque de Luxembourg.
Contrairement aux fonds traditionnels de type fermé, auxquels il faut généralement plusieurs années pour déployer le capital et parvenir à une exposition optimale, les fonds “evergreen” offrent une allocation dès le départ.
Historiquement, les investisseurs étaient nombreux à accéder aux actifs privés par le biais de réseaux personnels, ce qui les conduisait souvent à mal comprendre les risques encourus et pouvait entraîner une importante dispersion au niveau des rendements. Cette approche non formelle n’était pas suffisamment structurée ni diversifiée pour permettre une gestion efficace de portefeuille. Aujourd’hui, la plupart des individus fortunés adoptent une approche différente en misant sur une construction de portefeuille de type institutionnel, intégrant les actifs privés au sein de leurs portefeuilles plus larges tout en tenant compte de leur corrélation avec les classes traditionnelles.
L’innovation en matière de produits dans le domaine des actifs privés multiplie par ailleurs les opportunités pour les banques privées et leurs clients. L’avènement des fonds «evergreen», qui proposent une solution innovante pour accéder aux marchés privés, en est le parfait exemple. «Contrairement aux fonds traditionnels de type fermé, auxquels il faut généralement plusieurs années pour déployer le capital et parvenir à une exposition optimale, les fonds “evergreen” offrent une allocation dès le départ. Il est donc bien plus facile d’intégrer les actifs privés au sein de portefeuilles équilibrés conçus sur mesure et de les faire cohabiter avec les actifs cotés en bourse.», affirme Jérôme Zahnen.
Enfin, l’émergence des plateformes de FinTech pousse les banques privées à se différencier. Si ces plateformes contribuent à démocratiser l’accès aux marchés privés, elles ne permettent toutefois pas de simplifier totalement la prise de décision en matière d’investissement. Bien des investisseurs s’interrogent quant aux questions fondamentales suivantes: «Où investir? Comment? Dans quelle proportion?». Les plateformes numériques sont certes d’une efficacité redoutable, mais il leur manque souvent les services de conseil personnalisés nécessaires à de nombreux investisseurs. C’est là que réside la véritable valeur ajoutée des banques privées, qui s’appuient sur leur expertise, leurs recherches et leurs données afin d’orienter le déploiement stratégique des capitaux et d’optimiser les rendements ajustés au risque.
En intégrant les actifs privés de manière stratégique à des portefeuilles robustes, nous veillons à ce que les investisseurs puissent s’exposer à cet éventail d’opportunités toujours plus large, mais aussi à ce que leur exposition soit en ligne avec leurs objectifs financiers à long terme
Malgré leur réputation de classe complexe, les actifs privés s’imposent de plus en plus comme une composante essentielle au sein du portefeuille de l’investisseur moderne. L’évolution de l’environnement de marché – caractérisé par des entreprises qui restent privées plus longtemps, des marchés publics concentrés et une demande accrue des investisseurs en quête d’une meilleure diversification – a accentué la nécessité d’une approche institutionnelle structurée dans le segment des actifs privés. «Chez Banque de Luxembourg, nous nous adaptons à ces changements en proposant bien plus qu’un simple accès à cette classe d’actifs: nous tirons parti de notre expertise, de la technologie et de services de conseil sur mesure pour aider nos clients à s’orienter efficacement dans ce segment. En intégrant les actifs privés de manière stratégique à des portefeuilles robustes, nous veillons à ce que les investisseurs puissent s’exposer à cet éventail d’opportunités toujours plus large, mais aussi à ce que leur exposition soit en ligne avec leurs objectifs financiers à long terme», conclut Clément d’Espagnac.