En six mois, les unités de police locale ont effectué 1.650 patrouilles (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

En six mois, les unités de police locale ont effectué 1.650 patrouilles (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Lancée il y a six mois, l’unité de police locale a contribué à renforcer le sentiment de sécurité des citoyens selon Léon Gloden. Les bourgmestres de Luxembourg-Ville et d’Esch-sur-Alzette le constatent. L’expérience va donc être poursuivie et un projet de loi sera présenté d’ici fin mars.

Lorsque le ministre des Affaires intérieures, (CSV), a lancé il y a six mois, de nombreuses questions ont surgi: était-ce une police au service des bourgmestres? Serait-elle intégrée au corps de la police grand-ducale? D’où viendraient les agents et à qui devraient-ils répondre? Ces six mois d’expérimentation ont permis de répondre à ces interrogations et à bien définir les responsabilités de chacun. Indispensable avant d’aller plus loin.

L’unité de police locale est composée d’agents de la police grand-ducale affectés à une mission de maintien de l’ordre local. Ces agents sont sous l’autorité directe du commissariat auxquels ils sont rattachés. Et les relations entre les bourgmestres et les responsables de la police sont placées sous le signe de la concertation et non de la subordination. Ensemble, police et communes définissent les endroits et la fréquence de déploiement des agents. L’expérience aidant, ces réunions se font de manière hebdomadaire. «La fréquence optimale» selon le directeur général de la police, Pascal Peters, pour qui un rapport standardisé de ces réunions est requis. Placer des unités de police sous le contrôle direct des bourgmestres aurait d’ailleurs posé des problèmes d’autorité entre ces derniers et le Parquet, seul compétent pour ordonner des enquêtes.

Pour ce qui est de l’organisation opérationnelle de ces missions, c’est le modèle du «pool à rotation variable» qui a été retenu. Tous les membres de la police grand-ducale ont ainsi vocation à réaliser des missions locales.

1.650 patrouilles en six mois

Ceci posé, Léon Gloden est revenu sur la genèse du projet, projet qui figure en bonne place dans l’accord de coalition, «suite au constat selon lequel depuis la réforme de 2018, la police n’était plus suffisamment présente sur le terrain». «Selon un rapport de l’Inspection générale de la police (IGP), 80% de l’activité était liée à la répression et 20% à la prévention. En raison de cette réforme, la police ne pouvait plus être aussi présente sur le terrain qu’elle le devrait. Nous avons écouté, les policiers, la direction, les syndicats, les commerçants et c’est pourquoi, dans le cadre des 4 P – plus de personnel, plus de présence, plus de proximité, plus de prévention –, nous avons décidé, avec les deux plus grandes communes de notre pays de lancer ce projet pilote de la police locale.» Six mois plus tard, il se dit pleinement satisfait: «Cela a permis de renforcer la sécurité et le sentiment de sécurité des gens.»

En six mois, l’unité de police locale aura conduit 1.650 patrouilles dont les deux tiers à Luxembourg-Ville. «Des patrouilles qui n’auraient pas eu lieu si nous n’avions pas introduit cette unité. Des patrouilles qui ont soulagé les autres policiers qui ont ainsi pu s’occuper des autres missions de la police.» Dans le même temps, la police a également réalisé 3.400 contrôles préventifs et 2.600 contrôles spécifiques de la circulation, a indiqué Pascal Peters. Ces 1.650 patrouilles, préventives par nature, n’ont donné lieu à des saisines du Parquet que de manière marginale. Car, sauf en cas de flagrant délit, lorsque les patrouilles constatent des faits pouvant donner lieu à des interventions policières, elles appellent leurs collègues. Du «formalisme indirect» selon les mots de Pascal Peters.

Differdange veut sa police locale

Pour (DP), bourgmestre de Luxembourg-Ville, et Christian Weis (CSV), bourgmestre d’Esch-sur-Alzette, les remontées du terrain quant à l’impact de la police locale sont plus que positives. «Cette présence accrue dans l’espace public a été bien reçue et la collaboration entre la police et la commune a été efficace», indique Lydie Polfer. «Cette proximité, qui représente effectivement une partie très importante de la prévention, a toujours été importante pour nous. Nous l’avions demandé depuis longtemps. Je suis donc vraiment très heureux que ce chemin ait été pris», précise Lydie Polfer qui si elle a une critique à formuler est celle d’en avoir encore plus. À Luxembourg-Ville, les patrouilles de police locale se sont concentrées sur les quartiers Gare et Bonnevoie. Lydie Polfer souhaite que d’autres quartiers soient à l’avenir couverts. À Esch-sur-Alzette, ce sont le centre-ville et Belval qui ont fait l’objet de toutes les attentions. Et les remontées sont bonnes, surtout venant des commerçants. Christian Weis est satisfait et souhaite que le projet se poursuive.

La police locale fait aussi des envieux auprès des bourgmestres. «De nombreuses communes ont fait part de leur intérêt», confie Léon Gloden. Et Differdange a déposé une demande officielle pour avoir une unité de police locale sur son territoire. Pour pouvoir bénéficier d’une telle présence, les communes volontaires devront justifier de trois critères cumulatifs, a détaillé Pascal Peters: des lieux à forte affluence; la présence d’une certaine délinquance survenant «de manière visible» à des endroits précis et délimités; et des problèmes fréquents et majeurs au niveau de l’ordre public local.

Hausse des effectifs à prévoir et à pourvoir

Fort des retombées positives en matière de renforcement du sentiment de sécurité, Léon Gloden va transcrire la police locale et ses missions dans la loi. Les services du ministère des Affaires intérieures travaillent sur un projet de loi modifiant la loi de 2018 que le ministre espère déposer devant les députés d’ici à la fin mars. La difficulté majeure sera de trouver des effectifs pour faire face à la hausse des missions de la police dans ce contexte. «Nous sommes sur la bonne voie. Cette année, nous avons pu pourvoir 90 postes nets, dont 54 pour la police judiciaire. Et le gouvernement a pris la décision de continuer les recrutements à hauteur de 200 personnes les années suivantes contre 160 les années précédentes.»