Ma Jun a fait l’état des lieux de l’avancée de la Chine en matière de finance durable, lors du China Finance Forum organisé par Luxembourg for Finance, le 8 octobre. (Photo: Luxembourg for Finance)

Ma Jun a fait l’état des lieux de l’avancée de la Chine en matière de finance durable, lors du China Finance Forum organisé par Luxembourg for Finance, le 8 octobre. (Photo: Luxembourg for Finance)

La Chine attend la taxonomie de l’Union européenne pour pouvoir coopérer davantage en la matière. C’est ce qui ressort du discours de Ma Jun, président du comité China Green Finance, qui s’exprimait lors du China Finance Forum, mardi 8 octobre.

Directeur du Centre pour la finance et le développement de l’université de Tsinghua (Pékin) et président du comité China Green Finance, Ma Jun a fait l’état des lieux de l’avancée de la Chine en matière de finance durable, lors du China Finance Forum organisé par Luxembourg for Finance, le 8 octobre.

Et si le ministre des Finances, , trouve que la Chine avance très vite dans le domaine des fintech, elle a également pris beaucoup d’avance dans le verdissement de son secteur financier. À tel point qu’elle attend maintenant que l’Union européenne s’aligne pour pouvoir progresser davantage.

Dialogue entre taxonomies

Ma Jun a ainsi rappelé l’anticipation de la Chine concernant la finance durable, avec l’adoption dès 2013 d’une première taxonomie (référentiel qui catégorise les activités économiques «durables», pour limiter le «greenwashing» et permettre à tous les acteurs de parler le même langage).

Certes, elle ne faisait qu’une page à l’époque. Mais elle a déjà été révisée deux fois depuis, en 2015 et en 2018, alors que l’Union européenne planche toujours sur sa première version.

«La taxonomie donne désormais davantage de détails opérationnels, ce qui a permis de réduire la confusion des différents acteurs. J’attends avec impatience que l’Union européenne publie sa taxonomie, pour que nous puissions commencer à travailler sur une taxonomie commune à nos deux économies», a déclaré Ma Jun.

Or, le référentiel européen ne devrait être mis en œuvre qu’en 2022, après que le Conseil européen a demandé le report de son application fin septembre.

«Les différentes taxonomies doivent pouvoir dialoguer entre elles. Dès que la taxonomie européenne s’appliquera, nous aurons un cadre formel pour échanger sur le sujet. Et les acteurs chinois pourront venir émettre des ‘green bonds’ en Europe, et inversement», ajoute Ma Jun.

Incitations à investir

La Chine sait manier la carotte et le bâton. Ainsi, la taxonomie chinoise s’accompagnera sous peu d’obligations de déclarations d’informations de la part des acteurs économiques: «Jusqu’à présent, seulement 20% des entreprises communiquaient ces informations. À partir de 2020, elles y seront obligées, il n’y aura plus d’excuse possible», a précisé Ma Jun.

Et des «incitations» ont également été mises en place pour favoriser les investissements durables des banques. Ma Jun rappelle que les financements «verts» ont été intégrés au système d’évaluation macroprudentielle (MPA) de la Banque centrale chinoise en 2017, pour pousser les banques commerciales à accroître leur stock de crédit vert.

Selon les provinces, des bonifications d’intérêt existent aussi pour les émetteurs de green bonds, ou encore des incitations fiscales au financement de projets durables.

Pour développer davantage l’intérêt des investisseurs, Ma Jun a enfin appelé à la création de produits adaptés à différentes maturités d’investissement.

«L’inadéquation des échéances est un problème majeur, car de nombreux projets cherchent des financements, en particulier ceux qui concernent les énergies renouvelables, ou le traitement de l’eau, mais les financements verts sont plutôt conçus pour des projets de court terme. Nous avons donc besoin de développer un très grand nombre de produits sur mesure pour répondre à différents types de problématiques», a affirmé Ma Jun.