Les leasers tentent d’orienter les choix des clients par rapport aux disponibilités réelles du marché. (Photo: Shutterstock)

Les leasers tentent d’orienter les choix des clients par rapport aux disponibilités réelles du marché. (Photo: Shutterstock)

La pénurie mondiale de semi-conducteurs et donc de microprocesseurs pose de grandes difficultés aux sociétés de leasing. Les retards dans les livraisons imposent de prendre des mesures de substitution pour garder la confiance des clients.

Et les sociétés de leasing sont en première ligne pour en encaisser les conséquences. Les retards de livraison font en effet de plus en plus grincer les dents les clients. Et ce n’est sans doute qu’un début. Pour conserver leur confiance et éviter les résiliations de contrat, de nouvelles stratégies sont mises en place.

La perspective d’un délai de 7 à 8 mois d’attente

Le problème? «On navigue encore à vue», commente Lauriane Thebault, directrice commerciale de Leaseplan. «Il y a clairement eu chez les constructeurs un manque d’anticipation à la suite de la crise sanitaire. Les USA et l’Europe veulent implanter des usines de semi-conducteurs sur leur sol. Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain. Je ne m’attends pas à un retour à la normale en 2022.» Ce que la plupart des analystes ne peuvent non plus envisager.

Pour le moment cependant, les chiffres d’affaires des principaux acteurs du leasing au Luxembourg n’ont pas encore pâti de la situation.

Mais les délais de livraison s’allongent inexorablement, et l’irritation des clients aussi: «Le délai de livraison moyen est actuellement de 3 à 5 mois, mais la perspective nous amène à envisager une attente jusqu’à 7 ou 8 mois», analyse Gerrit Canipel, directeur commercial et marketing chez ALD Automotive. Où on a même mis en place «une cellule de crise pour gérer tout véhicule qui serait affecté». Chez Leaseplan, on n’en est pas encore là: «On essaie de trouver la meilleure solution au cas par cas.» 

Contrats prolongés et véhicule d’attente

Si les contrats de leasing arrivent à échéance sans que le nouveau véhicule soit disponible, celui-ci est le plus souvent, avec accord du client, simplement prolongé.  Le télétravail a aussi influé sur une baisse des kilométrages des voitures de leasing, dont la vie locative peut ainsi être allongée.

Les leasers tentent aussi d’orienter au mieux les choix des clients, notamment en ce qui concerne les options possibles sur leur future voiture. «Nous devons adapter les configurations pour être plus réalistes et en phase avec ce qui est disponible sur le marché», déclare Lauriane Thebault. Les ouvertures de coffre «hand-free access» ou les chargeurs de GSM par induction sont par exemple devenus des options à problème, sources de retard de livraison, leur disponibilité sur le marché étant faible, car ces éléments sont gourmands en semi-conducteurs.

Enfin, la dernière solution proposée par les grands acteurs du leasing est la mise à disposition de véhicules d’attente, disponibles en stock sur les parcs «court terme». Toujours avec le même but: éviter que les contrats ne soient purement et simplement résiliés.

Priorité aux équipements de sécurité

Comment les clients réagissent-ils? La plupart n’ont d’autre choix que d’accepter une situation… qui est identique partout. Majoritairement, ils choisissent d’accepter un véhicule auquel il manque une ou deux options et patientent jusqu’à ce que le constructeur rappelle (à sa charge) la voiture pour l’équiper lorsque la pièce est enfin disponible. «Les équipements qui ne peuvent être présents sur le véhicule commandé sont en général non prioritaires, comme des options hifi. Actuellement, les semi-conducteurs sont affectés en premier lieu à des équipements de sécurité, comme les détecteurs de pluie ou l’airbag. Nous mettons aussi l’accent là-dessus», précise encore Gerrit Canipel.

Mais tout le monde ne fait pas preuve de la même compréhension. «On nous demande de plus en plus souvent des compensations financières par rapport à un retard de livraison, ou en carburant si le véhicule hybride peut être livré, mais pas le câble de recharge», indique le commercial d’une grande marque allemande. Qui, avec ses collègues, «passe des centaines d’heures pour faire comprendre la situation à nos clients». Et s’attend à ce que cela dure encore un petit temps.