70 dirigeants européens du secteur touristique sont attendus au Luxembourg ces deux jours pour la 108e assemblée générale de l’European Travel Commission qui réunit les offices nationaux du tourisme de chaque pays européen. L’objectif de cette rencontre est de «travailler ensemble pour valoriser le tourisme dans diverses destinations par le biais d’une coopération dans le partage de bonnes pratiques, d’intelligence marketing et de promotion», mentionne l’association. Plus globalement, il s’agira de faire le point sur les tendances et les enjeux propres à ce secteur qui emploie 12,3 millions de personnes en Europe selon le Parlement européen.
Selon le dernier rapport trimestriel de l’European Travel Commission qui décortique les tendances et les perspectives du secteur en Europe, une reprise robuste du tourisme européen s’est dessinée en 2024, avec des arrivées et des dépenses qui dépassent les niveaux d’avant 2019, devenue une année de référence avant que le Covid ne vienne bousculer le tourisme. Le rapport met en évidence une demande forte des marchés américains et européens, mais aussi des destinations d’Europe centrale et orientale davantage à la traine en raison du contexte géopolitique, notamment en Ukraine.
Plus globalement, trois grandes tendances en matière de tourisme européen ressortent du rapport. D’abord, le rapport met en exergue une «forte reprise» malgré la situation économique. S’il a bien «atteint de nouveaux sommets en 2024», le tourisme a été impacté par l’inflation, ce qui s’est traduit cette année «par des coûts de voyage plus élevés, qui obligent les touristes à rechercher des destinations plus abordables. Des prévisions récentes suggèrent que les touristes devraient dépenser 10,3% de plus en Europe en 2024 qu’en 2023. Toutefois, l’incertitude économique, les tensions géopolitiques et la hausse des coûts de voyage présentent des risques importants pour la reprise durable», détaille le rapport. Les voyageurs ont davantage opté pour des séjours plus courts, ou ont voyagé moins souvent. Certaines destinations ont été directement impactées, comme la Turquie, selon ECT, qui a vu sa popularité décliner en raison de la hausse des prix au détriment d’autres régions méditerranéennes.
Surtourisme vs durabilité
D’abord, la notion de «surtourisme» est présentée dans le rapport comme une préoccupation grandissante. On parle de surtourisme lorsque la présence touristique dans un endroit est perçue comme excessive et nuisible. Ce phénomène va même jusqu’à créer des conflits avec la population locale, sur l’environnement ou encore sur des sites patrimoniaux ou historiques préservés. Certaines villes, comme Barcelone ou les Îles Canaries ont pris des mesures pour maitriser ces importants flux de visiteurs. À Amsterdam aussi, des campagnes de «dissuasion numérique» visent à décourager les touristes qui seraient… trop fêtards.
Face à ce phénomène, le rapport note que de plus en plus de touristes optent pour des destinations moins connues. Comme l’Albanie, destination en vogue. Il mentionne que des villes comme Vilnius ou Bucarest profitent aussi de cette tendance. Selon l’ETC, cette recherche de destinations alternatives s’explique aussi par la volonté de découvrir des lieux plus authentiques, moins fréquentés, mais aussi par une prise de conscience croissante des enjeux de durabilité par le grand public.
Et c’est d’ailleurs là la troisième grande tendance qui ressort du rapport: l’importance croissante du tourisme durable et responsable. Les touristes recherchent de plus en plus des expériences plus que des vacances, et qui soient authentiques et respectueuses de l’environnement. «Cette tendance se reflète dans la popularité croissante des labels et certifications de tourisme durable, ainsi que dans l’intérêt grandissant pour des activités comme l’écotourisme, le slow tourisme ou le tourisme solidaire», est-il précisé dans le document, qui cite des destinations telles que les pays nordiques, la Slovénie ou le Portugal.
Des défis
Le rapport de l’European Travel Commission fait aussi état de défis qui incombent au secteur touristique. Certains sont directement liés aux tendances détaillées ci-dessus: comme l’importance de mieux gérer les flux face au tourisme de masse, ou le défi de la compétitivité face à la hausse des coûts et à l’inflation de ces dernières années. L’ETC évoque aussi des perturbations et des incertitudes liées aux multiples perturbations qui ont impacté le trafic aérien cette année, entre incidents de cybersécurité, grèves, pénurie de personnels…
«Les fréquentes perturbations du trafic aérien au cours de l’été, impliquant un certain nombre de pays européens, ont probablement freiné la reprise et la croissance dans la région. Des statistiques récentes indiquent que près de 40% des passagers en Europe ont connu cet été des retards ou des annulations. Les retards et les perturbations ne sont pas nouveaux pour les touristes en Europe, car ils sont assez persistants depuis la réouverture des frontières internationales suite à la pandémie. De nombreux problèmes (vols annulés en Sicile suite à l’éruption de l’Etna et retards du contrôle aérien en Grèce affectant environ 50% des passagers entre juin et août) ont été signalés dans les pays du sud et de la Méditerranée, notamment en Grèce et en Italie», indique le rapport.
Une opportunité pour le Luxembourg
L’hôte de l’évènement, Luxembourg for Tourism profitera de l’occasion pour mettre en valeur la destination Luxembourg qui dispose d’une capacité de 7.742 chambres. En 2023, 1,4 million d’arrivées ont été enregistrées dans les hébergements du Luxembourg, soit une hausse de 9% par rapport à 2019. Historiquement, dans le pays, la part du PIB attribuable directement au tourisme évolue autour de 1,2%. En 2022, le secteur employait 40.421 personnes au Luxembourg.
Il est décrit par l’ETC comme une destination de niche. «Le Luxembourg n’est pas mentionné parmi les destinations les plus populaires auprès des principaux marchés émetteurs non européens, comme les États-Unis, le Canada, l’Australie ou la Chine», mentionne le rapport.
Cet été, le pays s’est distingué, avec l’Islande, pour avoir enregistré une baisse des nuitées (-4,3% sur un an), contrairement aux autres pays européens qui les ont tous vus évoluer à la hausse. Mais le rapport précise que «pour le Luxembourg, la baisse des nuitées a été en grande partie causée par une baisse du secteur du camping (notamment de la clientèle néerlandaise) compte tenu du niveau exceptionnellement élevé l’an dernier.»