«Nous ne sommes pas très positifs à l’égard de la Chine», a déclaré Gilles Moëc, économiste en chef chez Axa Investment Managers. Il a noté que le point de vue d’AxaIM est conforme au consensus qui anticipe une divergence progressive entre la croissance réelle du PIB en Chine et l’objectif officiel du gouvernement qui est toujours de 5%. Il pense qu’avec ou sans Trump, «la Chine est un pays qui a besoin de changer profondément son modèle économique», car le pays ne peut pas compter sur le marché de l’immobilier qui représentait 20% de son PIB.
Marché immobilier chinois: une douleur persistante
«Les mesures qui ont été prises l’année dernière pour relancer le marché [immobilier] n’ont pas eu d’effet visible», a observé M. Moëc. Il a pointé du doigt les ventes de logements en septembre, qui auraient été inférieures de moitié au pic du marché. Certes, il a fait remarquer que les précédentes corrections du marché immobilier ailleurs dans le monde ont souvent mis des années «à passer».
Le fait que, face à la diminution de la population, le besoin de nouveaux logements soit moindre et qu’il soit moins nécessaire d’aligner les normes de qualité chinoises sur les niveaux internationaux n’y changera rien, car il pense que la Chine a «probablement achevé son rattrapage en matière de qualité».
Un euro faible, probablement loin de la parité, est précisément ce que le médecin prescrit en ce moment.
La Chine pensait avoir trouvé son chemin vers la croissance sous la forme d’un «modèle de qualité de la production», par lequel elle a alloué des capitaux à des industries ayant une forte capacité d’innovation. Cependant, ces industries dépendent fortement des exportations. Comme on l’a observé avec les voitures électriques, les États-Unis et l’Europe, dans une moindre mesure, ne souhaitent pas jouer leur rôle dans l’équation ni «accepter beaucoup de production chinoise» sur le territoire américain.
Une croissance toujours anémique en Europe
En Europe, AxaIM prévoit une croissance du PIB à un niveau inférieur au consensus en 2025 (1,0% vs 1,2%) et en 2026 (1,3% vs 1,4%), un thème décevant récurrent pour Moëc. Il reflète un PMI manufacturier qui est en dessous de l’expansion «depuis un an», alors que les perspectives ne s’améliorent pas. Pire encore, l’indice PMI des services de la zone euro se maintient à peine en zone d’expansion (décembre 2024: 51,4), après avoir atteint un niveau de contraction en novembre (49,5).
M. Moëc pense qu’une divergence entre la Fed et la BCE est une mauvaise nouvelle pour l’euro. «Un euro faible, probablement loin de la parité, est précisément ce que le médecin prescrit en ce moment», un développement bienvenu avant une éventuelle guerre commerciale avec les États-Unis.
Il ne s’inquiète pas trop de l’impact de droits de douane de 10% sur les produits européens entrant aux États-Unis, car ils ne représentent que 2% du PIB de la zone euro. Cependant, il est préoccupé par l’, une mesure de la négativité dans les journaux qui a commencé à diverger entre l’Europe et les États-Unis depuis le début de la guerre de la Russie en Ukraine et le choc énergétique.
L’incertitude sur les tarifs, associée à un niveau d’anxiété élevé en raison des sources d’instabilité nationales (Allemagne, France), accroît l’épargne des ménages au lieu d’améliorer la consommation.
Pour finir sur une note positive
M. Moëc a fait remarquer que l’inflation a chuté «assez rapidement» en Europe. En outre, il pense que la croissance «médiocre» de l’Europe sera encore freinée par l’Allemagne et la France en 2025. Tous ces développements devraient contribuer à des baisses «significatives» des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne, source d’accélération de la croissance en 2026. Il voit le taux d’intérêt de la BCE dépasser le taux neutre généralement admis d’environ 2% et atteindre un niveau d’environ 1,5% dès 2025.
Cet article a été rédigé initialement en anglais et traduit et édité en français.