Philippe Linster, CEO à la House of Startups.   (Photo: Maison Moderne)

Philippe Linster, CEO à la House of Startups.   (Photo: Maison Moderne)

Philippe Linster, CEO de la House of Startups, partage ses perspectives, son expérience et sa vision d’avenir dans le cadre du Paperjam 10x6 – Entrepreneurs et capitaux privés, organisé par le Paperjam Club le 20 mai au Kinepolis Kirchberg.

Selon vous, quels sont les principaux obstacles à l'internationalisation des start-up luxembourgeoises et comment les surmonter?

. – «Au Luxembourg, les start-up sont presque obligées de penser à l'international dès le premier jour. Le marché local est tout simplement trop petit pour pouvoir évoluer à l'intérieur des frontières nationales, contrairement aux pays voisins où les start-up peuvent d'abord se développer au niveau national avant de s'étendre.

Mais l'internationalisation précoce s'accompagne de son lot de défis: s'adapter à des cadres juridiques, des langues, des systèmes administratifs et des cultures d'entreprise différents, tout en essayant de trouver l'adéquation produit-marché. Pour les start-up en phase de démarrage, cela peut signifier une expansion trop rapide, des dépenses excessives et une consommation de capital avant d'avoir vraiment trouvé leur équilibre.

Les start-up basées au Luxembourg ont-elles un accès suffisant à des sources de financement adaptées à leur croissance internationale, ou existe-t-il un manque de solutions spécifiques?

«Si nous voulons que les start-up prospèrent, nous devons investir tôt et intelligemment. Ce dont le Luxembourg a vraiment besoin, c'est de business angels plus actifs, de sociétés de capital-risque plus engagées et d'une plus grande visibilité pour les start-up locales. L'expansion d'initiatives telles que le Digital Tech Fund est une bonne étape, mais nous avons également besoin de plus de sociétés de capital-risque et d'instruments ciblés qui reflètent la diversité des entreprises d'aujourd'hui. Aujourd'hui surtout, alors que nous voyons émerger au Luxembourg des scale-up plus fortes et plus matures, le paysage du financement doit évoluer avec elles.

Il existe un réel besoin de financement en capital pour les phases intermédiaires et finales, qui soit adapté à des tickets plus importants et à une ambition à long terme. Il s'agit d'une lacune dans l'écosystème que nous devons combler de toute urgence si nous voulons conserver et développer nos succès ici.

Quel rôle les investisseurs privés jouent-ils dans le développement des start-up luxembourgeoises? Comment peuvent-ils mieux soutenir ces structures?

«Les investisseurs apportent plus que des capitaux au Luxembourg. Ils apportent leur expérience, leurs réseaux et leurs conseils stratégiques. Ce qui est encourageant, c'est que nous voyons maintenant une première génération de fondateurs de start-up qui ont réussi à jouer ce rôle. Ils sont passés par là et commencent à réinvestir leurs connaissances, et parfois leur capital, dans la prochaine vague de start-up. Ce type de soutien par les pairs est essentiel à la construction d'un écosystème solide et durable.

Toutefois, le secteur public a également un rôle important à jouer pour encourager activement l'investissement privé, en renforçant les régimes d'aide aux business angels, en améliorant l'accès au financement à grande échelle et en soutenant des outils tels que les ESOP pour aider à attirer et à retenir les talents. Un alignement plus fort entre le soutien public et l'initiative privée sera essentiel pour la croissance à long terme.»