Après deux années de croissance soutenue ayant largement dépassé les attentes, le moral des ménages et des entreprises commence à être affecté par les déclarations du président Trump concernant les droits de douane. Ainsi, les consommateurs anticipent un environnement plus inflationniste et voient leurs perspectives d’emploi se dégrader, comme l’indiquent les enquêtes respectives de l’Université du Michigan et du Conference Board.
Cela dit, ces dernières années, l’économie américaine a fait preuve d’une résilience qui a souvent surpassé le pessimisme ambiant des consommateurs et des entrepreneurs. Est-ce toujours le cas aujourd’hui?
À en croire les indicateurs de croissance en temps réel, la réponse est oui. Selon les nowcasts (estimations en temps réel de la croissance économique, intégrant les nouvelles données au fur et à mesure de leur publication) des branches régionales de la Fed à Atlanta et New York, la croissance est estimée respectivement à 2,3% et 2,9%. Ces niveaux restent solides et supérieurs à la tendance de long terme.
Des indicateurs de confiance politisés
Il convient toutefois de rappeler que le sentiment économique peut être influencé par des éléments du quotidien qui, bien que visibles, ne sont pas toujours représentatifs de l’ensemble de l’économie. Un exemple frappant est la récente flambée des prix des œufs due à la grippe aviaire. Ce type de phénomène, bien que relativement anecdotique dans le panier de consommation global, tend à affecter les attentes d’inflation des ménages de manière disproportionnée.
Par ailleurs, ces indicateurs de confiance reflètent l’extrême polarisation de la société américaine. Sans surprise, les consommateurs républicains se montrent plus optimistes depuis l’élection de Trump, tandis que les démocrates expriment davantage d’inquiétudes concernant la croissance et l’inflation. Cette dichotomie est également observable chez les petits entrepreneurs, généralement plus proches des républicains: sans que les fondamentaux de leurs entreprises évoluent significativement, leur optimisme a connu une hausse importante après la victoire électorale de Donald Trump.
Les inquiétudes sur la consommation commencent-elles à se concrétiser? Certes, la consommation réelle (ajustée de l’inflation) a reculé de 0,5% en janvier par rapport à décembre, mais il ne faut pas oublier qu’elle avait connu une forte progression le mois précédent (+0,8%). De plus, les conditions météorologiques défavorables ont pu jouer un rôle. Dans le même temps, les revenus ont progressé de 0,9% (contre une attente de 0,4%), ce qui laisse présager un environnement de consommation toujours dynamique, d’autant plus que le taux de chômage demeure bas.