Depuis des décennies, cette mesure divise, non pas tant parce qu’elle impose une correction des inégalités, mais parce qu’elle heurte une vision méritocratique du monde du travail.
Ses détracteurs avancent un argument simple: la compétence devrait primer sur tout le reste. Pourtant, ce raisonnement occulte une réalité bien plus dérangeante: dans un monde sans quotas, la compétence n’a jamais été la seule clé d’accès au sommet. Le réseautage, la cooptation et des biais inconscients ont longtemps fait barrage à une égalité réelle des chances. Quand neuf CEO sur dix étaient des hommes, personne ne s’inquiétait de savoir si leur présence était due à leurs seules aptitudes ou à un système qui les favorisait.
C’est là que réside le paradoxe. Dès qu’une femme est nommée grâce à un quota, certains voient immédiatement une promotion au rabais. Comme si, en introduisant un critère correctif, on effaçait la compétence des femmes qui en bénéficient. Or, aucune d’elles ne manque de qualifications ou de talents. Ce que le quota fait, c’est leur ouvrir une porte qui, jusque-là, restait désespérément close.
Les entreprises qui ont adopté ces politiques savent qu’en imposant une présence féminine à leurs comités exécutifs, elles se dotent d’une diversité de points de vue qui les rend plus performantes et plus résilientes. Preuve en est que, dans les pays où les quotas ont été mis en place, la question de leur légitimité finit par s’estomper au profit des résultats concrets.
Ce n’est pas une guerre entre mérite et parité. C’est une question de justice et d’efficacité. Et il est grand temps de sortir du faux dilemme entre quotas et compétence: les femmes n’ont pas attendu un texte de loi pour prouver qu’elles avaient leur place au sommet. Il a juste fallu que ce texte rappelle à certains que cette place devait leur être accessible.
Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de , parue le 26 février. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.
Votre entreprise est membre du Paperjam Club? Vous pouvez demander un abonnement à votre nom. Dites-le-nous via