Au Luxembourg, le prix moyen d’un hectare de terres arables est environ quatre fois plus cher que celui d’un hectare de terres arables dans l’UE. (Photo: Jean-Christophe Verhaegen/European Union 2021)

Au Luxembourg, le prix moyen d’un hectare de terres arables est environ quatre fois plus cher que celui d’un hectare de terres arables dans l’UE. (Photo: Jean-Christophe Verhaegen/European Union 2021)

Au Luxembourg, le foncier coûte cher et les terres agricoles suivent la même tendance, avec des prix à l’hectare classant le pays sur le podium des pays où elles sont les plus chères, à 42.540 euros l’hectare. 

Dans l’UE, en 2023, le prix moyen d’un hectare de terres arables (terres agricoles dédiées à la culture) était de 11.791 euros. Au Luxembourg, le même hectare coûte environ quatre fois plus cher: 42.540 euros, ressort-il des dernières données publiées par Eurostat, et qui mettent en lumière des disparités énormes d’un pays à l’autre. Le pays se classe ainsi sur la troisième marche du podium, derrière Malte où les prix sont les plus élevés (283.039 euros par hectare) et les Pays-Bas (91.154 euros par hectare). Les prix moyens les plus bas sont eux enregistrés en Croatie (4.491€/hectare), en Lettonie (4.591 euros par hectare) et en Slovaquie (5.189 euros). 

Les niveaux de prix dépendent de plusieurs facteurs, propres à chaque territoire, tels que la législation, le climat, la proximité des réseaux, la qualité des sols, leur drainage… S’ajoutent à cela les forces du marché telles que l’offre et la demande ou les règles de propriété. 

Au Luxembourg, comme pour Malte, la taille du pays n’est pas sans lien avec le prix des terres agricoles. Au Luxembourg, environ 49,6% de la superficie totale du pays est dédiée à l’agriculture. Mais parmi ces terres, un peu moins de la moitié est constituée de terres arables (environ 57.500 hectares).

Les prix élevés s’expliquent aussi par une forte pression foncière due à l’urbanisation. En effet, le pays n’a cessé de se développer et les surfaces agricoles ont été fortement touchées par le phénomène d’artificialisation, surtout de 2007 à 2018 souligne un rapport du ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire. Environ 90% du développement urbain a eu lieu sur des terres agricoles, contribuant ainsi à en réduire la proportion et mécaniquement à en augmenter les prix. 

À cela s’ajoute un phénomène de spéculation, car l’expansion des zones résidentielles et industrielles contribue à rendre ces terres – au départ à vocation agricole – attrayantes pour une conversion en terrains constructibles. Dans un rapport dédié à explorer le potentiel du développement agrivoltaïque, la Chambre d’agriculture rappelait que «l’ouverture de terrains agricoles à des activités de production non alimentaire fait peser une menace certaine sur le secteur agricole, tant en termes de réduction de terrains disponibles pour les activités de production de produits alimentaires de base qu’en termes de pression et spéculation foncière et donc de tarification des baux ruraux et, par voie de conséquence, de profitabilité et compétitivité de l’agriculture luxembourgeoise. Il est, dans ce cadre, impérieux de limiter les conflits d’usage de la terre agricole et de protéger celle-ci en vue d’une utilisation prioritairement orientée vers la production agroalimentaire.»

En termes de location, le Luxembourg affiche des loyers un peu moins élevés que certains voisins européens, de l’ordre de 200 euros l’hectare, bien moins qu’aux Pays-Bas (914 euros/h), qu’au Danemark (594 euros) ou qu’en Grèce (498 euros). Le loyer le plus bas est enregistré en Slovaquie: 67 euros par hectare. Le Luxembourg affiche d’ailleurs des loyers moyens les plus bas depuis dix ans.