La fumée blanche de Cattenom devrait être visible au minimum jusqu’en 2032. Voire plus. Pour la Commission européenne comme pour le MIT, le nucléaire fera partie du mix énergétique contre les émissions de CO 2 . (Photo: Shutterstock)

La fumée blanche de Cattenom devrait être visible au minimum jusqu’en 2032. Voire plus. Pour la Commission européenne comme pour le MIT, le nucléaire fera partie du mix énergétique contre les émissions de CO 2 . (Photo: Shutterstock)

Le MIT s’est penché sur les chiffres publiés la semaine dernière par l’Agence internationale de l’énergie. Et en déduit que le nucléaire a encore de beaux jours devant lui. Certains scénarios de l’Union européenne évoquent 60 nouveaux réacteurs.

Un soleil rouge se lève sur la fumée blanche qui monte dans le ciel de Cattenom et de la Grande Région. Le «spectacle» de ce matin de printemps offert par les quatre tours de la centrale nucléaire, mises en service entre 1987 et 1992, devrait être visible jusqu’en 2032. Voire 2042 ou même 2052, si, après une première prolongation de 10 ans, les autorités françaises en accordaient une seconde.

«Tous les modèles des instituts de recherche des Nations unies appellent à de substantiels développements dans le domaine du nucléaire: selon le scénario de développement soutenable de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le monde aura besoin de produire 17 gigawatts nucléaires de plus par an, ce qui devrait doubler les capacités actuelles d’ici 2040», . «Si la situation restait comme elle est actuellement, le plan de fermeture des unités de production diminuerait la production d’électricité de 240 gigawatts d’ici 2040», ce qui ruinerait tout espoir de limiter les émissions de CO2.

Pourquoi? Parce que les chercheurs se sont penchés sur l’évolution de la production d’électricité dans le monde et son impact sur les émissions de CO2 depuis 2000.

Selon eux, entre 2000 et 2018, alors que la production a augmenté, la part du charbon est restée stable, celle du gaz, qui produit la moitié des émissions de CO2 du charbon, a augmenté et les 7 points perdus par le nucléaire sont ceux pris par le solaire et l’éolien. Autrement dit, les énergies renouvelables se sont développées sur le dos d’une énergie neutre en CO2.

La différence, écrivent-ils, c’est que le nucléaire assure une énergie constante, quels que soient l’heure, le jour ou les conditions climatiques.

Le nucléaire low cost arrive

De plus, de nouveaux acteurs arriveront sur le marché vers 2025, qui seront capables de produire et mettre en marché des centrales plus petites, plus sûres et moins chères. Comme NuScale, par exemple, à 3 milliards de dollars les 634 MW en 54 mois.

Le sujet pourrait devenir de plus en plus sensible. Selon l’AIE, les émissions de CO2 ont augmenté de 1,7% l’an dernier, à un pic historique de 33,1 gigatonnes, sous l’effet de la croissance économique et du changement climatique, qui dope le recours au chauffage électrique ou à la climatisation. La Chine, l’Inde et les États-Unis sont responsables de 85% de cette augmentation à eux trois.

C’est un monde net-zéro carbone en 2050 qu’ils exigent de nous.

Claude TurmesMinistre de l’ÉnergieGouvernement du Luxembourg

Début mars, au Conseil Énergie à Bruxelles, le ministre luxembourgeois de l’Énergie, Claude Turmes, avait souligné la «responsabilité particulière» des décideurs politiques. «Surtout quand nous voyons des dizaines de milliers de jeunes manifester dans les rues de nos villes et exiger des comptes et des mesures, pas pour nous, pour eux, pour leur planète, pour leur avenir. C’est un monde net-zéro carbone en 2050 qu’ils exigent de nous.»

Le nucléaire en développement dans deux des huit scénarios

Le ministre a regretté que six des huit scénarios proposés par la Commission européenne ne permettent pas ce niveau d’ambition. Les deux derniers contiennent une part de nucléaire qui implique le lancement de 60 nouveaux réacteurs nucléaires en Europe, ce qui ne reflète pas le contenu des plans nationaux des pays concernés. Claude Turmes a donc demandé à la Commission plus de transparence dans ce domaine. Il a également rappelé que la solidarité énergétique européenne signifiait également ne pas installer de centrales nucléaires à la frontière des pays voisins.

Le Luxembourg a lancé la signature de «Like Minded», un document exhortant la Commission à élaborer un scénario d’énergie renouvelable à 100% pour 2050. Il a été contresigné par l’Autriche, la Lituanie et l’Irlande, avec le soutien du Portugal et de l’Espagne. Un scénario aussi exigeant nécessiterait un financement substantiel de tous.