Jean-Paul Scheuren (Chambre Immobilière du Grand Duché de Luxembourg). (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Jean-Paul Scheuren (Chambre Immobilière du Grand Duché de Luxembourg). (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Jean-Paul Scheuren, Porte-parole de la section des développeurs de la Chambre immobilière du Grand-Duché de Luxembourg, partage ses insights sur les tendances qui façonnent l’avenir du secteur immobilier, à l’occasion du «Paperjam 10x6 – Key Takeaways from Mipim 2025», organisé par le Paperjam Club le mercredi 23 avril.

Quelles tendances majeures ont émergé du Mipim 2025 et comment vont-elles impacter le marché immobilier luxembourgeois? 

– «Le Mipim 2025 a renforcé ma conviction que le secteur immobilier doit réinventer ses méthodes de financement, particulièrement dans l’habitat. La méthode traditionnelle de vente en état futur d’achèvement (Vefa) montre ses limites. D’abord, la transformation de la crise immobilière en Europe et au Luxembourg, d’une crise de la demande en une crise de confiance, rend difficile l’obtention des taux de prévente nécessaires pour lancer un projet. De plus, les consommateurs d’aujourd’hui recherchent une expérience d’achat simplifiée, préférant acquérir des propriétés entièrement achevées plutôt que de naviguer à travers les complexités de la construction. Ces évolutions appellent à une révolution dans les approches de financement: une diminution du financement bancaire traditionnel au profit de méthodes alternatives telles que le prêt participatif, les prêts privés, les obligations, les fonds d’investissement ou la tokénisation.

Face à la crise du logement abordable en Europe, quelles solutions innovantes ont été mises en avant au Mipim et peuvent-elles être appliquées au Luxembourg? 

«Cette année, le Mipim a placé le logement abordable au cœur des débats, soulignant que l’accès à un logement à prix raisonnable est désormais une préoccupation majeure à travers l’Europe. L’accession à la propriété devient un rêve lointain pour de nombreux Européens, impactant ainsi la capacité de la classe moyenne à constituer un patrimoine. L’augmentation des loyers contribue significativement à la paupérisation. Face à ces enjeux, les implications politiques se ressentent dans l’ensemble des pays européens avec un risque d’ébranlement de nos démocraties. Il est crucial que le secteur privé participe activement à la résolution de cette crise en proposant des modèles de financement et de gestion novateurs. Comme le dit si bien notre premier ministre: le Luxembourg, et j’ajouterais l’Europe, doit construire plus vite et moins cher.

Quelles stratégies immobilières gagnantes avez-vous identifiées pour concilier rentabilité et résilience face aux crises économiques et environnementales? 

«L’un des défis majeurs pour l’immobilier est de développer des bâtiments dont les coûts sont évalués sur l’ensemble de leur cycle de vie. Il est essentiel de dépasser l’approche centrée uniquement sur les coûts initiaux pour envisager une construction utilisant des matériaux optimisés pour leur coût, maintenance, utilisation et potentiel de réutilisation dans une économie circulaire. Cette approche ne consiste pas à imposer de nouvelles normes environnementales, mais à repenser notre manière de construire. En développant des banques de matériaux, nous pourrions non seulement augmenter la valeur des bâtiments sur la durée mais également contribuer à une gestion durable des ressources, abordant ainsi à la fois les défis économiques et environnementaux.»