À peine 10% des personnes sondées par Idea imaginent une croissance suffisamment forte pour faire repartir la machine économique et sociale luxembourgeoise. (Photo: Shutterstock)

À peine 10% des personnes sondées par Idea imaginent une croissance suffisamment forte pour faire repartir la machine économique et sociale luxembourgeoise. (Photo: Shutterstock)

Idea publie la sixième édition de son consensus économique. Publication d’où il ressort que le sentiment des décideurs politiques et économistes est marqué par l’incertitude et un pessimisme vis-à-vis de la croissance future.

L’exercice en est à sa sixième édition: tous les ans, la Fondation Idea publie son consensus économique, un exercice qui a pour but de «révéler et d’analyser le sentiment d’un panel de décideurs économiques, politiques, de partenaires sociaux et d’économistes sur les principales tendances d’évolution de la conjoncture, le scénario macroéconomique privilégié au Luxembourg, ainsi que les grands défis politico-économiques et les réponses à apporter à ces derniers». Un exercice qui ne reflète en rien les opinions des économistes maison. Sur un panel de 265 décideurs, 115 ont joué le jeu. Les plus impliqués, mais pas les plus optimistes.

La fin de l’âge d’or

Sur le plan intérieur, les panélistes estiment que la période d’âge d’or de la croissance luxembourgeoise est «certainement derrière nous», du moins pour les cinq années à venir. 70,4% des sondés anticipent un taux de croissance de 2%. Près de 20% l’estiment inférieure à 1,5%, «des niveaux qui pourraient accélérer les trajectoires de déficits futurs des pensions et plus globalement de la Sécurité sociale». Seulement 10,4% des répondants projettent une croissance annuelle solide de 3% qui ferait repartir la machine économique luxembourgeoise.

Si, face à cette croissance, la perspective d’une accélération et d’une aggravation de la dégradation des comptes sociaux est mathématiquement inévitable, rien ne devrait être entrepris sur le terrain de la réforme des pensions selon plus de la moitié du panel pour qui «2025 ne sera pas le temps des grandes manœuvres». 

Dans le même temps, le consensus se forme sur une inflation à hauteur de 2,1% ainsi que pour 55% des sondés sur la fin d’une croissance de 2% par an sur le marché de l’emploi.

8.541 euros pour un mètre carré d’ici 2030

Les panélistes s’attendent à ce que la dette augmente, mais de façon «raisonnable». Alors que l’an passé les panélistes estimaient que la dette publique devrait dépasser les 30% du PIB à l’horizon 2029 pour atteindre 30,4%, ils anticipent cette année un endettement de 29,8% à l’horizon 2030.

Pour ce qui est des taux d’intérêt, ils estiment que la tendance baissière va se maintenir. L’an dernier, le panel avait très exactement deviné le taux d’intérêt moyen pour les nouveaux crédits immobiliers supérieurs à 10 ans, soit 3,6%. Le taux 2025 est estimé à 3,1%. «Un niveau largement supérieur à celui connu entre 2015 et 2021», note Idea. Baisse également en ce qui concerne le prix du mètre carré. Le consensus cible un prix de 8.541 euros à l’horizon 2030. L’an dernier, le consensus était à 10.000 euros.

La Place foncière à la merci de l’intelligence artificielle

Cette année, la Fondation Idea a introduit une série de questions relatives à l’impact de l’intelligence artificielle sur huit domaines clés pour l’activité économique. Selon les panélistes, pour ces huit domaines, 11% des répondants estiment que l’IA aura peu d’impact, 55% que certaines activités du domaine évolueront, 27% que la majeure partie du domaine se transformera et 7% qu’une révolution totale du domaine va s’opérer.

Les différents impacts de l’IA sur l’économie. (Photo: Fondation Idea)

Les différents impacts de l’IA sur l’économie. (Photo: Fondation Idea)

«C’est la place financière qui serait la plus bouleversée, avec 10% des panélistes prévoyant une révolution totale due à l’IA et 46% une transformation de la majeure partie de l’activité. La place financière fait ainsi partie des domaines pour lesquels l’IA pourrait être disruptive. C’est aussi le cas, dans une moindre mesure, pour le secteur de la santé et la compétitivité. À l’opposé, l’administration publique, bien que concernée par l’IA, serait le domaine le moins transformé», peut-on lire dans l’étude.