Selon le rapport sur le marché mondial du travail, 86% des employeurs anticipent que l’IA va transformer leur entreprise. Mais la moitié d’entre eux dit aussi que leur entreprise n’a pas, à l’heure actuelle, les compétences nécessaires en interne. (Photo: Shutterstock)

Selon le rapport sur le marché mondial du travail, 86% des employeurs anticipent que l’IA va transformer leur entreprise. Mais la moitié d’entre eux dit aussi que leur entreprise n’a pas, à l’heure actuelle, les compétences nécessaires en interne. (Photo: Shutterstock)

La rapport sur le marché du travail du Forum économique mondial de Davos souligne les besoins en montée en compétences des collaborateurs si les entreprises veulent réussir leur transformation. Entre autres problématiques.

Suite de notre exploration du rapport sur l’avenir du marché mondial du travail rendu public en marge du Forum économique de Davos, qui s’est ouvert lundi 20 janvier et se poursuit jusqu’au vendredi 24 janvier. , place à la transformation des entreprises et de la main-d’œuvre, telle que l’envisagent les employeurs sur la période 2025-2030. Nous avons retenu six questionnements.

1. Quels freins à la transformation?

Maîtrise des nouvelles technologies, créativité, résilience, flexibilité, agilité, curiosité… N’en jetez plus. Quand on interroge les employeurs sur les skills attendues à l’horizon 2030, la liste est longue. Et pour cause: les lacunes en compétences des collaborateurs représentent, à leurs dires, le principal écueil à la transformation des entreprises pour les cinq prochaines années.

Cette explication est citée par 63% du millier d’employeurs (représentant plus d’une cinquantaine de pays) sollicités pour les besoins de l’enquête, contre 60% en 2023.

2. Quelle réponse à l’IA?

Premier facteur de transformation: l’IA. 86% des employeurs anticipent que l’intelligence artificielle va changer le quotidien de leur entreprise. Mais les obstacles à son intégration sont nombreux, à l’image du manque de compétences nécessaires (50%), une nouvelle fois, ou de l’absence de vision des leaders et managers (43%).

En conséquence, la requalification de la main-d’œuvre déjà en place est considérée comme la stratégie numéro un par 77% des employeurs. Parallèlement, 69% d’entre eux envisagent de recruter des talents spécialisés dans l’IA. Et 41% prévoient une réduction de leurs effectifs, car l’IA pourrait remplacer certaines attributions.

Cette même enquête conclut d’ailleurs au fait que plus d’un tiers (39%) des compétences actuelles de la main-d’œuvre mondiale seront transformées durant la période 2025-2030. Voire deviendront purement et simplement obsolètes.

Au-delà des skills, le deuxième obstacle à la transformation est la culture organisationnelle et la résistance au changement, mentionnées par 46% des répondants. Suivent les préoccupations réglementaires (39%) et le manque de données et d’infrastructures techniques (32%).

3. Quelles perspectives pour les talents?

La confiance des employeurs dans la disponibilité des talents s’affiche en recul par rapport à 2023. 29% des entreprises prévoient une amélioration d’ici 2025-2030, contre 39% il y a deux ans. Sont passées par là des tensions accrues sur le marché du recrutement, comme les difficultés à enrayer le turnover des collaborateurs. «Les deux aspects d’un même défi», expliquent en substance les professionnels RH.

Malgré tout, 70% des employeurs demeurent optimistes sur le développement des talents, bien que ce chiffre soit en repli par rapport aux données de 2023 (77%).

En matière de rétention, seuls 44% des employeurs tablent sur des améliorations. Ils étaient 53% il y a deux ans, et il apparaît du rapport produit avant Davos que ce sont les employeurs européens qui font preuve du plus grand pessimisme quant à cette problématique, arguant d’une concurrence qui va en s’intensifiant.

4. Quelle stratégie dans les entreprises?

La mise à niveau des compétences de leurs équipes est la piste la plus souvent mentionnée par les employeurs. 85% d’entre eux ont des projets d’upskilling au sein de leurs organisations. L’automatisation arrive en deuxième position (73% des entreprises), toutefois en baisse par rapport aux 80% enregistrés en 2023.

70% des employeurs prévoient d’embaucher de nouveaux talents, 51% de reclasser leur personnel en interne et 41% de réduire leurs effectifs. Enfin, 10% des entreprises n’écartent pas l’idée de relocaliser leurs opérations, tandis que 8% prévoient de délocaliser une partie de leur personnel.

5. Quels leviers pour la rétention?

Les efforts en matière de santé et de bien-être des employés s’imposent, cette année, au premier rang des priorités afin d’éviter que les talents quittent une entreprise pour une autre. 64% des employeurs sont d’accord là-dessus. Reconversion et perfectionnement des collaborateurs se positionnent juste après, cités par 63% des organisations.

La diversité est aussi une préoccupation pour la moitié des répondants. 83% des employeurs mettent en œuvre des initiatives «diversité, équité et inclusion» (DEI), contre 67% en 2023. Les formations en la matière sont d’ailleurs les plus fréquentes dans les entreprises, suivies par des programmes de recrutement, rétention et progression des talents. La place des femmes dans les entreprises est une priorité pour 76% des employeurs, devant celle des salariés en situation de handicap (56%) et l’intégration des jeunes de la Gen Z (52%).

Les besoins en flexibilité, à l’image du télétravail, gagnent eux aussi en importance partout à travers le monde.

6. Quid des salaires?

D’ici 2030, plus de la moitié (52%) des employeurs prévoient une augmentation de la part des revenus allouée aux salaires. Les petites entreprises anticipent une croissance plus prononcée (57%) que dans les grandes entités (45% pour celles de 10.000 à 50.000 salariés).

Globalement, les politiques salariales se concentreront sur la productivité (77%) et la performance des travailleurs, ainsi que sur la concurrence pour retenir les talents (71%).