Les ménages modestes n’adoptent pas forcément des habitudes alimentaires moins saines que les ménages aisés, mais le coût d’une alimentation équilibrée pèse bien plus lourdement sur leur budget. C’est la conclusion de la dernière étude du Statec, qui s’est penché sur la répartition des dépenses alimentaires des ménages en fonction de leurs revenus. L’analyse compare les 20% des ménages les plus modestes (moins de 2.800 euros de revenu mensuel disponible par personne) aux 20% les plus aisés (plus de 6.200 euros). Voici les trois enseignements principaux à retenir de cette enquête.
Restaurants: un luxe plus accessible pour les ménages aisés
Premier constat: les lieux de consommation alimentaire diffèrent nettement selon les revenus. Les ménages aisés privilégient les restaurants, où ils allouent 43,4% de leur budget alimentaire, contre 35% pour les ménages modestes. Ils dépensent également davantage dans les bistrots, cafés et discothèques (15,4% contre 13,7%), dans les cantines professionnelles (8,5% contre 7,7%) et dans la petite restauration rapide (12,1% contre 10,6%).
À l’inverse, les ménages modestes consacrent une part plus importante de leur budget alimentaire aux cantines scolaires, avec près de 19%, contre seulement 11% pour les ménages aisés. Ils sont également plus nombreux à opter pour des plats à emporter ou livrés, y consacrant 13,8 % de leur budget, contre 9,5 % chez les foyers les plus fortunés.
Les magasins discount: le refuge des petits budgets
L’étude dévoile également un contraste dans les lieux où les ménages font leurs courses. Les ménages aisés, sans surprise, préfèrent les supermarchés, où ils dépensent 77,3% de leur budget alimentaire, contre 60,3% pour les ménages modestes. Ces derniers, en quête des meilleures affaires, se tournent davantage vers les magasins discount, qui représentent 27% de leurs dépenses alimentaires, bien plus que les 3,5 % enregistrés chez les ménages aisés.
Les marchés locaux, souvent associés à des produits frais et de qualité mais plus onéreux, attirent principalement les foyers aisés, qui y consacrent 15,7% de leur budget, contre 10,8% pour les foyers modestes.
La viande: un poids budgétaire plus lourd pour les ménages modestes
Les différences de revenus influencent également les choix alimentaires. Les ménages modestes dépensent une proportion plus importante de leur budget en viande blanche (6% contre 2,8% pour les aisés) et en viande rouge (7,2% contre 5,4%). Des écarts qui résultent principalement de contraintes budgétaires: acheter des protéines animales représente un effort budgétaire plus important pour les personnes moins aisées. Dépenser 100 euros pour de la viande équivaut à plus de 3% du revenu disponible pour un ménage gagnant 2.800 euros, contre à peine 1% pour un foyer disposant de 6.200 euros. Les ménages modestes ne consomment donc pas nécessairement plus de viande, mais celle-ci pèse plus lourdement sur leurs finances et les contraint à des arbitrages, comme par exemple réduire leur consommation de fruits et légumes faute de moyens.
Les produits tels que les boissons sucrées (5,2% contre 3,8%), les huiles et graisses (1,4% contre 0,9%) ou encore les produits transformés (4,3% contre 3,4%) représentent également une part plus importante du budget des foyers modestes.
Les ménages aisés se penchent de leur côté sur des produits souvent considérés comme plus sains et éthiques. Les fruits et légumes occupent ainsi une place prépondérante de leur budget (18,7% des dépenses alimentaires, contre 17,4% pour les ménages modestes) ou encore le poisson (6,6% contre 5,8%). À noter tout de même que les écarts entre ces catégories sociales demeurent relativement faibles. C’est sur les produits biologiques, réputés plus onéreux, que la différence s’accentue davantage (5,6% contre 2,1%).
Les foyers aisés ne délaissent cependant pas non plus les plaisirs gourmands, puisqu’il consacre 14,4% de leur budget aux produits sucrés contre 12,0% pour les foyers moins aisés.