C’est une histoire bien singulière que nous propose Tarantula pour un de ses derniers films coproduits, «Horizonte»: séparés par la violence, Basilio et sa mère Inés se rendent compte que leurs retrouvailles ont uniquement été possibles parce qu’ils sont maintenant décédés. Cependant, ne trouvant aucune trace du père, ils décident de le chercher, embarquant dans un voyage physique et spirituel à travers un paysage complètement ravagé par la guerre: des villes rasées, des champs à l’abandon, des rivières transformées en cimetières. Toute cette horreur a été causée par Basilio, qui, de son vivant, était un criminel sans pitié. Il est maintenant forcé à revivre les actes barbares qu’il a commis, avec sa mère à ses côtés en tant que témoin. Ce n’est qu’au prix de grands sacrifices qu’ils parviendront à la rédemption qu’ils recherchent si désespérément, comprenant la véritable valeur de la vie.
Un cinéaste engagé
Le réalisateur de ce film, César Augusto Acevedo (né en 1987), s’est déjà fait remarquer dans le milieu cinématographique: son premier long métrage, «La Terre et l’Ombre» (2015), est présenté à la Semaine de la critique au Festival de Cannes où il a reçu la Caméra d’or et trois autres prix avant d’entamer une tournée dans plus de 40 festivals à travers le monde et de gagner 25 autres prix. Il est aussi l’un des auteurs-réalisateurs de la série «Turbia» (2021) qui a été nommée Meilleure Série latine-américaine et a gagné le prix Design the Future au TAL en 2021.

César Augusto Acevedo est le réalisateur d’«Horizonte». (Photo: DR)
Pour son nouveau film, «Horizonte», il a tenu à aborder la question du conflit armé qui se déroule en Colombie. «Ce film est né de mon propre désespoir. Il est puisé du quotidien d’un pays tant habitué à la mort qu’il en a complètement oublié la réelle valeur de la vie. Cela fait mal de le reconnaître, cela fait mal de voir que nous nous sommes non seulement désensibilisés à la violence, mais qu’en plus nous éprouvons de moins en moins d’empathie pour la douleur des autres», explique-t-il.
C’est pour sensibiliser à ces pertes causées par la violence qu’il a souhaité réaliser ce film. Il poursuit: «Mon intention avec ‘Horizonte’ est de faire reconnaître toutes ces vies occultées de centaines de milliers de Colombiens, disparus et tués au milieu du conflit armé colombien; de faire comprendre qu’ils étaient des êtres humains comme nous, avec une famille, des rêves, et qu’ils ne sont pas qu’un chiffre tiré d’une statistique.»
Le tour de force de César Augusto Acevedo est d’arriver à parler de cette violence, de tous ces morts, sans que jamais le spectateur ne voie une goutte de sang. Tout passe par le son, et les silences qui à la fin du film transmettent un sentiment d’angoisse et de vide, avant que les sons ne réapparaissent pour ressentir une forme de soulagement et que quelque chose peut encore être tenté pour arrêter cette violence. Une prise de position osée, qui s’adresse aux vivants du point de la vue de la mort.
«Horizonte» a été produit par Inercia Peliculas (Colombie) et Ciné-Sud Promotion (France) et coproduit par Tarantula (Luxembourg) et Quijote Films (Chili). Il a été soutenu notamment par le Fonds national de soutien à la production audiovisuelle du Grand-Duché de Luxembourg (Aide Cineworld). Toute la post-production sonore du film a été réalisée au Luxembourg dans les Studios de Philophon.
Sortie au Luxembourg le 26 mars. .