Si la vacance de commerces recule en centre-ville, c’est au profit des commerces alimentaires. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Si la vacance de commerces recule en centre-ville, c’est au profit des commerces alimentaires. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Si la surface commerciale continue de progresser au Luxembourg, portée par le secteur alimentaire, le commerce de détail perd du terrain dans les centres-villes au profit des services et de la restauration.

Le commerce de détail se porte globalement bien au Luxembourg selon les données du Retail Report 2025, une initiative lancée en 2016 par le ministère de l’Économie, la Chambre de commerce et Luxembourg Confederation: à la fin du troisième trimestre 2024, la surface commerciale totale du Luxembourg s’élevait à 1,1 million de mètres carrés. Soit aussi une croissance de 5,3% depuis 2019. Une croissance qui se traduit par une baisse du taux de vacance commerciale qui est passée entre 2023 et 2024 de 12,3% à 11,9%. Cette tendance est observée aussi bien dans les centres-villes (de 14,9% à 14,3%) que dans les centres de villages (de 10,4% à 9,6%). Lex Delles, ministre de l’Économie, s’est réjoui de cette baisse. «Les commerces locaux animent nos communes et centres-villes, contribuant à leur attractivité et à la qualité de vie de nos concitoyens», a-t-il poursuivi en rappelant que le gouvernement ferait tout son possible pour soutenir le secteur.

Le secteur alimentaire, moteur de croissance

Cette croissance des surfaces est portée par l’augmentation de 13,3% des surfaces dans le secteur alimentaire, soit 348.750 mètres carrés. C’est ce secteur qui est actuellement le plus dynamique au Luxembourg, suivi par le secteur du bricolage. Depuis 2019, 102 nouveaux points de vente alimentaires ont été enregistrés. Une progression qui concerne toutes les catégories d’établissements, des supermarchés classiques aux enseignes hard discount, dont les surfaces de vente ont augmenté de plus de 35%. En 2024, on comptait six hypermarchés, 205 supermarchés, 30 hard-discounters et 283 supérettes.

La diversité croissante de la population se reflète également dans l’essor des épiceries spécialisées en produits internationaux, qui ont progressé de 21,8% depuis 2019. Parallèlement, l’évolution du parc d’entreprises du commerce de détail (+1,1%) et du secteur de l’horeca (+2,5%) sur cinq ans reste modérée et bien inférieure à la croissance de la population sur la même période (+7,6%). Toutefois, comme la surface de vente a augmenté plus rapidement que le nombre de magasins, la surface moyenne par point de vente a progressé.

Si les commerces luxembourgeois maintiennent pignon sur rue, le commerce en ligne et les stratégies omnicanales combinant présence physique et digitale se développent: en cinq ans, la part des commerces disposant d’une boutique en ligne est passée de 33,5% à 44,4%. Seule exception: le secteur des accessoires automobiles et motos, où cette tendance est moins marquée. Ce qui explique le fait que de 2023 à 2024, la moyenne de mètres carrés de surface commerciale par habitant soit passée de 1,66 mètre carré à 1,68.

Le commerce de détail perd du terrain en centre-ville 

 Le fait marquant de la troisième édition 2025 du rapport est la confirmation de la tendance observée depuis 2019: les commerces de détail quittent peu à peu les centres-villes pour rejoindre les centres commerciaux en périphérie. Il perd du terrain en centre-ville au profit du secteur des services et de l’horeca. Sur la période, la part du commerce de détail est passée de 37,5% à 33,6%.

En 2024, le nombre de commerces en centre-ville a diminué de 9,6% à 1.095 unités tandis que le nombre d’échoppes dans les centres commerciaux progressait de 4% pour 590 unités. Le taux de vacance en centre-ville atteignait 14% contre 7,8% dans les centres commerciaux. Cette dynamique se constate également si on regarde l’évolution des surfaces: 134.885 mètres carrés pour les commerces en centre-ville – soit un recul de 9,6% – contre 302.735 mètres carrés dans les centres commerciaux – soit une progression de 10,9%. «Nous sommes face à une évolution vers des centres-villes plus multifonctionnels», explique Tom Baumert, le CEO de Luxembourg Confederation. Une évolution qui pousse les commerces à adopter de nouvelles approches comme les pop-up stores et les showrooms qui, depuis 2019, ont connu une augmentation de 72,5%. Des pop-up stores qui présentent comme avantage «la possibilité d’obtenir une vitrine pour un loyer abordable», commente Lex Delles.

Les commerces de détail qui migrent vers les centres commerciaux sont remplacés en centre-ville par des entreprises du secteur des services et de l’horeca. Depuis 2019, on a recensé l’ouverture de 30 nouveaux restaurants (+2,4%) et de 103 fast-foods. Le pays compte actuellement 1.261 restaurants, 376 fast-foods, 476 bistrots et café et 265 pubs et clubs musicaux. L’horeca emploie 23.800 personnes (+9,2% depuis 2020).

Un secteur en manque de main-d’œuvre

Avec une contribution de 8,6% à la valeur ajoutée brute totale du pays et 11,56% de l’emploi total (soit 55.800 emplois), le commerce reste un secteur important pour l’économie.

Pour Carlo Thelen, le directeur de la Chambre de commerce, «le commerce luxembourgeois fait preuve d’une remarquable résilience dans un contexte géopolitique imprévisible et un environnement économique volatil et complexe. La faible confiance des consommateurs face aux incertitudes ambiantes et la pression sur la rentabilité des entreprises constituent des défis importants pour le secteur. L’attractivité et le succès des commerces reposeront sur leur capacité à innover et à intégrer de nouveaux outils et processus technologiques, notamment digitaux. Ces leviers peuvent renforcer leur productivité, optimiser la qualité des services et enrichir l’expérience client pour répondre aux attentes évolutives des consommateurs dans un contexte concurrentiel en rapide mutation.»

Pour la Chambre de commerce, citant les derniers chiffres de son baromètre de l’économie, le principal défi du commerce en 2025 sera lié au manque de main-d’œuvre, qualifiée ou non. La question des contraintes réglementaires arrive en dernière position. Un effet de la politique de simplification administrative du gouvernement pour Carlo Thelen.