Marie-Anne Salier Crédit: ICF Luxembourg

Marie-Anne Salier Crédit: ICF Luxembourg

La nécessité de l’ascension des femmes à des fonctions élevées dans les organigrammes a beau être un enjeu unanimement reconnu, force est de constater qu’en 2019 elles restent sous représentées dans les lignes managériales, dans les postes de Direction, plus encore au sein des Conseils d’Administration.

Il est souvent question de «leadership au féminin», «d’entrepreneuriat au féminin» et l’on voit un peu partout se multiplier les clubs et les réseaux faits pour les femmes.

Pour autant, le «coaching au féminin» est-il le remède en faveur de leur progression vers les sphères décisionnelles? Ou, au contraire, le «tout au féminin» ne risque-t-il pas de renforcer la stigmatisation des femmes et les enfermer davantage encore dans l’idée qu’au motif qu’elles sont différentes, elles ne puissent être reconnues que pour leurs qualités d’empathie, de bienveillance et de «gentillesse»?

Et si tout cela n’était que le fruit de nos représentations, ancrées dans l’inconscient collectif, et réactivé chaque année autour du 8 mars, lors de LA fameuse «journée de la femme»?

Il y a certes cette réalité bien présente encore dans les entreprises, qui voudrait que les femmes, à compétences égales, doivent fournir beaucoup plus d’efforts que les hommes.

Mais ces principaux freins à l’ascension ne seraient-ils pas logés le plus profond en elles, par des phénomènes d’autocensure? Dans l’affirmative, ne leur renverrait-on pas au visage, une fois de plus, la responsabilité de ce constat?

«Les garçons osent, les filles sont douces»

Même si les tendances évoluent, nous continuons à éduquer nos enfants suivant certains critères prédéfinis: les garçons doivent démontrer leur force, les filles doivent être charmantes.

Ces conditionnements se poursuivent au moment des choix d'orientation où nombre de filles s'interdisent encore de choisir les voies scientifiques débouchant sur des métiers trop souvent considérés comme masculins.

Les mentalités évoluent cependant, et les jeunes filles commencent à afficher fièrement leur présence dans les filières traditionnellement masculines, et réussissent brillamment.

Et pourtant!

La pression exercée sur les femmes qui se doivent d’être performantes dans toutes les facettes et à tous les instants de leur vie engendre une charge mentale insoutenable. Il leur faut tordre le cou à ce tyran interne qui leur assène «Je dois exceller dans tout et tout le temps».

Sous couvert de «réveiller» les femmes par des messages  d’espoir, peut-être avons-nous introduit des injonctions, parfois paradoxales et culpabilisantes, dont il est aujourd’hui difficile de s’affranchir.

Les femmes se trouvent bien trop souvent prises aujourd’hui entre ce qu’elles souhaitent ÊTRE vraiment et ce qu’elles pensent devoir FAIRE.

Comment le coaching peut-il aider?

Tout d’abord, le Coach orientera son travail sur le développement du potentiel et la libération des énergies féminines et/ou masculines.

Le coaching permettra de faire émerger les doutes, challenger les croyances auto-sabotrices du type:

«progresser professionnellement revient à renoncer à ma famille»,

«progresser revient à nier mon identité féminine ou mes valeurs profondes» 

«je ne suis pas capable de réussir à ce niveau de la hiérarchie»

et lèvera les culpabilités qui en découlent et paralysent l’action.

Le Coach (ou LA coach ;)) va faire émerger ou prendre conscience des besoins profonds et de l’empreinte personnelle qui permettra à la femme de se réapproprier ses droits et ses capacités à choisir, à agir, indépendamment des demandes externes.

Le coaching peut mettre en évidence que ce phénomène d’auto-limitation est la partie visible de l’iceberg, un alibi pour masquer l’envie de ne pas changer.

En effet, le regard de la société sur les femmes qui ont fait le choix de ne pas s’engager professionnellement et de privilégier une vie davantage centrée sur leurs propres besoins ou ceux de leur famille est un choix souvent dur et culpabilisant.

Le Coach a aussi un rôle important à jouer au niveau de la sensibilisation des hommes par rapport aux représentations et aux biais inconscients liés au genre, notamment lors d’ateliers mixtes,  tremplin à la mise en place de comportements nouveaux.

UN coach ou UNE coach?

Le «coaching au féminin» présuppose qu’il existe un style, une pratique, une méthodologie strictement féminins (féminines).

Faut-il faire accompagner une femme par UNE coach au motif que les «femmes comprennent mieux les femmes»?

Ces représentations ne risquent-elles pas de renforcer ce que l’on s’évertue à éloigner?

Faut-il choisir son accompagnant(e) en fonction de son vécu, de ses expériences, des barrières dont il ou elle a réussi à s’affranchir?

Le coach va-t-il inconsciemment se comporter différemment avec un client en fonction de ce qu’il ou elle pense être «attendu»: plus rationnel(le) avec un homme et plus créatif(ve) avec une femme?

Conclusion

Un coach, masculin ou féminin, n’est pas là pour aider son client(e) à se conformer aux modèles existants, dominants ou prétendus comme tels, ou pour partager/imposer ses propres convictions.

Déontologie, devoir de neutralité, bienveillance, application du référentiel des onze compétences du coach font partie des fondamentaux et du cadre définis par la Fédération Internationale de Coaching (ICF) pour ses membres et font du coaching une pratique «asexuée», applicable quel que soit le genre du professionnel… et de son client.