Suite au Conseil communal de la Ville de Luxembourg, qui s’est tenu le 12 mai, le classement au niveau national du bâtiment Schuman, situé au Kirchberg, a été approuvé. Cette décision fait suite à un courrier du ministère de la Culture annonçant son intention de classer le bâtiment. Tous les feux sont donc au vert pour finaliser la procédure, qui devrait être entérinée dans les prochaines semaines.
Construit entre 1970 et 1973, le bâtiment Schuman fait partie des premiers immeubles érigés dans le quartier européen en développement au Kirchberg. Il jouxte la tour Alcide de Gasperi, inaugurée en 1966, et était à l’époque entouré de verdure. Réalisé selon les plans de l’architecte Laurent Schmit, le bâtiment Robert Schuman a accueilli le premier hémicycle (120 places) de l’Assemblée parlementaire européenne. La séance inaugurale s’est tenue le 12 février 1973, et le Parlement européen y a tenu ses séances plénières jusqu’en 1979, date d’inauguration du nouvel hémicycle dans le Centre de conférences du Kirchberg, l’ancien étant devenu trop exigu.
Il est érigé dans la même logique constructive que le Lycée Michel Rodange, dont Laurent Schmit est aussi l’architecte, à savoir un assemblage d’éléments préfabriqués en béton qui lui donnent une apparence brutaliste. Le socle est recouvert d’un parement en bossage rustique, visuellement proche du grès de Luxembourg.
Un intérieur préservé
À l’intérieur, le bâtiment présente un plan rationnel : un rectangle articulé autour de deux cours intérieures. Sa pièce maîtresse est incontestablement la grande salle plénière. Le mur situé derrière le siège du président du Parlement est entièrement recouvert d’une œuvre d’art réalisée par le collectif turinois «Gruppo NP2». La salle a conservé une grande authenticité, jusque dans son mobilier et ses installations techniques d’époque. Heureusement, l’édifice a traversé les décennies sans transformations majeures, et bon nombre de finitions d’origine subsistent — même si celles-ci se limitent à quelques espaces, la majorité des pièces étant dépourvue de tout raffinement particulier.
Aujourd’hui, ce bâtiment, propriété du Domaine de l’État, n’est plus conforme aux normes actuelles, notamment en matière d'efficacité énergétique. Une réhabilitation en profondeur s’impose donc. Quant à sa programmation future, rien n’est encore arrêté. Plusieurs pistes ont été étudiées ces dernières années: résidences d’artistes, projet mixte associant logements, services de proximité, espaces pour professions libérales et lieu de mémoire. Un temps, l’idée d’y installer la Bibliothèque nationale avait également été envisagée, avant que la décision ne soit prise de construire un nouveau bâtiment un peu plus loin sur l’avenue Kennedy.
Dans tous les cas, sa réhabilitation devra s’inscrire en cohérence avec son futur usage et veiller à son intégration harmonieuse sur la place de l’Europe, appelée à évoluer avec l’extension de la Philharmonie, dont les travaux ont déjà débuté.