Laura Ferber, triple diplômée d’un Master in Management de l’ESCP Paris-Berlin-Londres, est une entrepreneuse passionnée par la mode et la beauté. En 2014, elle a pris les rênes des salons de coiffure familiaux au Luxembourg, aux côtés de son frère Lionel, représentant ainsi la quatrième génération à diriger le groupe Ferber avec 13 salons dont 4 Ferber’s Barbershop et une Hair’cademy à Bascharage.
Laura a impulsé une transformation digitale clé, notamment avec la création d’un webshop local dédié aux soins capillaires, Hairshop.lu, lancé en 2019. Elle poursuit actuellement ce virage numérique avec le développement d’une application de services de beauté.
Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que femme administratrice?
«Le principal défi réside dans la capacité à intégrer un cercle où l’on est reconnu et recommandé pour la valeur ajoutée que l’on peut apporter au conseil. Il s’agit également de prouver sa légitimité dans un environnement parfois marqué par des perspectives traditionnelles. Enfin, la conciliation entre les responsabilités professionnelles, les engagements au sein du board et la vie personnelle peuvent devenir un enjeu, surtout en l’absence d’attentes clairement définies.
Comment gérez-vous les éventuelles résistances ou le scepticisme à votre égard?
«Je privilégie une approche basée sur les faits, la compétence et la collaboration. Gagner la confiance par des résultats tangibles et une communication ouverte permet de surmonter les réticences.
Pensez-vous que l’égalité homme-femme progresse au sein des conseils d’administration?
«Oui, l’égalité progresse, mais à un rythme inégal selon les secteurs et les régions. Cela est dû à une prise de conscience croissante de l’importance de la diversité pour la performance, mais aussi à la mise en place de mesures incitatives, comme des formations pour identifier les talents féminins.
Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils?
«Je suis contre les quotas. Une femme doit avoir le courage de se proposer, et c’est là le véritable défi : les femmes se sous-estiment souvent et se concentrent trop sur les obstacles. Elles doivent apprendre à avoir confiance en elles et à agir, sans attendre des quotas pour les y encourager. Comme l’a dit Henry Ford: “Wer immer tut, was er schon kann, bleibt immer das, was er schon ist.” Les femmes doivent dépasser leurs propres limites et croire en leur potentiel pour se hisser à la place qu’elles méritent.
En tant que femme administratrice, sentez-vous une responsabilité particulière de défendre les questions de parité et d’inclusion?
«Oui, car chacun a tendance à choisir des personnes qui lui ressemblent, avec les mêmes préférences et manières de penser. Mais en s’ouvrant à d’autres cultures et visions, on gagne tellement ! Cette ouverture change la façon de réagir, et c’est ce dont toutes les entreprises ont besoin dans un monde mondialisé.
Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?
«La diversité apporte des perspectives variées et favorise des décisions plus équilibrées. Les entreprises qui accueillent cette diversité bénéficient d’un "clash" constructif, essentiel pour innover et s’adapter à un environnement global complexe.
Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?
«Nous avons des femmes brillantes qui mettent de côté leur carrière pour s’occuper des enfants. Faciliter le soutien à la maison – avec, par exemple, des nounous ou des jeunes au pair – et simplifier les processus d’engagement de ces aides pourrait faire une grande différence. Cela permettrait à plus de femmes de concilier vie familiale et ambitions professionnelles.
Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésiterait à se lancer?
«C’est important de commencer petit et de s’adapter. Si vous voyez qu’une chose fonctionne bien, mettez-y plus d’énergie. Petit à petit, mais commencez aujourd’hui: Rome ne s’est pas faite en un jour.
Pour finir, avez-vous une anecdote ou un moment marquant dans votre parcours qui illustre la réalité d’être une femme dans ce rôle?
«Une petite anecdote: j’ai lancé le service de luxe "Wedding Hairstyle at Home", une idée qui a bien fonctionné. C’est le genre d’initiative que, je pense, un homme n’aurait peut-être pas imaginée.
Que conseilleriez-vous concrètement à une jeune femme qui voudrait prendre sa place dans la société? Que lui déconseilleriez-vous?
«Je lui conseillerais de cultiver son expertise, de chercher des mentors et de développer son réseau professionnel. Je déconseillerais de se conformer à des stéréotypes ou d’essayer de plaire à tout prix. Soyez authentique et persévérez.»