Philippe Ledent est senior economist chez ING Belux. (Photo: Maison Moderne/Archives)

Philippe Ledent est senior economist chez ING Belux. (Photo: Maison Moderne/Archives)

Dans cette sorte de trêve de fin d’année, l’heure est généralement à dresser les bilans de l’année écoulée et les prévisions pour la nouvelle qui se profile à l’horizon. Cette fois, le sentiment est un peu étrange, un peu comme si tout le monde était dans une forme d’attente. 

Le flux de données macro-économiques est traditionnellement plus calme en fin d’année. La publication de certaines données a été avancée et la moindre activité sur les marchés financiers confère inévitablement moins d’importance à celles qui sont malgré tout publiées. 

Il y a d’abord, c’est évident, l’attente de l’arrivée de Donald Trump à la présidence américaine. Ses premières déclarations sont à la hauteur des attentes des uns et des craintes des autres. Maintenant, les actes vont se mêler aux paroles: quelles seront les priorités, quelles seront les premières cibles des attaques commerciales, quelles seront les conséquences géopolitiques des stratégies du nouveau président? Tout le monde en a sa propre idée, mais sur le fond, personne ne sait vraiment comment les choses vont tourner et tout le monde est dans l’attente des premières décisions. 

En particulier, le dossier ukrainien est en passe d’évoluer. D’un côté, les combats s’intensifient dans l’attente d’un acte ou d’une parole décisive de Donald Trump. Chaque camp sait qu’il faut gagner du terrain et consolider ses positions avant que les négociations (ou plutôt le grand marchandage) ne commencent. De l’autre côté, l’attente du dénouement du contrat du droit de passage du gaz russe par l’Ukraine donne une autre dimension économique au dossier, cruciale pour les pays européens. 

70% du PIB mondial aux urnes en 2025

Mais ce n’est pas tout. En France, tout le monde attend plus de stabilité politique, alors que même les plus fins analystes politiques y perdent leur latin. La rentrée parlementaire en janvier pourrait permettre d’y voir un peu plus clair à ce sujet. 

N’oublions pas non plus que l’Allemagne est également dans une situation politique précaire: tout le monde attend le résultat des élections de février, dans un contexte de marasme économique et de tensions autour de l’immigration. 

Il faudrait poursuivre la liste avec l’attente d’un gouvernement en Belgique, l’attente de nouvelles initiatives de la Commission européenne, etc. 

Bref, on se rappellera qu’en 2024, la moitié de la population mondiale (représentant plus de 70% du PIB mondial) s’est rendue aux urnes, créant une forme d’incertitude liée aux nouveaux pouvoirs ou, dans certains cas, aux changements de régime. Mais en fait, les conséquences de ces élections se feront surtout sentir à partir de 2025! En cette fin d’année 2024, c’est donc l’attente qui domine, compte tenu d’un niveau extrême d’incertitude politique. Une chose est certaine: bon nombre de ces incertitudes vont être levées en 2025. Cela risque d’être intéressant…