On voyait déjà les premiers effets depuis 2022, avec la baisse de la construction de logements. Au début, les entreprises veulent garder leur capital le plus important: leurs salariés. Le problème, c’est que malgré les aides du gouvernement, il y a eu tellement de crises que les entreprises du secteur de la construction particulièrement, ont dû se séparer d’une partie d’entre eux», analyse le président de la Chambre des métiers, , ce mardi 29 avril, lors de la présentation des chiffres-clés de l’artisanat de 2024.
Plus en détail, ce secteur qui représente 20% de l’emploi du pays – avec 103.334 ‘personnes occupées’ dont 95.256 salariés – a connu une baisse inédite de 4.156 salariés (-4%) l’année dernière, malgré une création nette d’entreprises de 2%. Par branche d’activité, la construction a perdu 4.586 salariés et 143 entreprises, alors que celle des métiers du nettoyage, de paysagiste et de fleuriste, a, par exemple, gagné 557 salariés et 100 entreprises.
47% des gérants ont plus de 50 ans
Depuis 1970, l’artisanat a vu son emploi total croître à un rythme annuel moyen de 3%. Le rapport de la Chambre des métiers marque une différence entre les emplois ‘salariés’, qui sont en baisse, et les emplois non-salariés comme les gérants bénévoles ou les aidants familiaux, qui sont comptabilisés dans le chiffre de l’emploi total des ‘personnes occupées’.
«Sans l’artisanat, on ne fait rien, la transition énergétique, la construction, les logements, rien n’est possible», affirme Tom Oberweis. «Les commandes ayant baissé, il y a eu un effet domino sur les électriciens, le parachèvement, tout ce qui concerne la finition. Tout le secteur de l’artisanat subit les différentes crises énergétique, géopolitique, et l’incertitude du marché immobilier.»
79% de micro-entreprises
S’il espère une reprise du marché de la construction pour cette année ou 2026, «les marges sont extrêmement réduites pour les entreprises et il y a une grande nervosité du secteur.» L’autre problème en ligne de mire pour la Chambre des métiers est la pyramide des âges inversée au niveau des salariés. 30% des salariés et 47% des gérants ont plus de 50 ans. «Il faut donc attirer des jeunes, agir sur la transmission d’entreprises. Nous menons régulièrement des campagnes sur ces sujets, car 83% des diplômés de l’apprentissage artisanal trouvent un emploi dans les six mois.» 12% des salariés sont des résidents luxembourgeois, 30% des résidents étrangers et 55% des frontaliers étrangers (2% sont des frontaliers luxembourgeois).
En 2024, l’artisanat comptait 9.120 entreprises. 79% d’entre elles sont des micro-entreprises, avec moins de dix salariés. «L’artisanat est la colonne vertébrale de notre économie, unissant tradition et savoir-faire avec une volonté constante d’innover. Aujourd’hui, le secteur joue un rôle moteur dans la transition vers une économie plus durable», a insisté le ministre de l’Économie, (DP), également présent ce mardi 29 avril.

Lex Delles et Tom Oberweis, ici au centre, lors de la présentation des chiffres-clés de 2024 de l’artisanat. (Photo: CdM)
Un besoin en surfaces
Le secteur veut aussi jouer la carte de la modernité, utilisant la digitalisation, l’IA, de nouveaux outils, etc. «Un électricien, de nos jours, ne travaille plus comme il y a 20 ou 30 ans», renchérit Tom Oberweis. «L’apprentissage commence enfin à perdre l’image négative qu’elle a depuis plusieurs années.»
Et si le gouvernement affirme soutenir ses entreprises artisanales avec les SME Package, une enquête récente de la Chambre des métiers révèle un besoin total minimum de 68 hectares pour plus de 100 entreprises interrogées. 78% d’entre elles expliquent que les difficultés rencontrées pour trouver un nouveau site sont le prix des terrains ou des loyers trop élevés. 62% jugent l’offre de terrains insuffisante dans la région où elles souhaitent s’implanter. 21% expliquent que les terrains disponibles ne leur conviennent pas.