Les effluves de tabac ont quitté Hollerich l’an dernier pour dans le nord du pays. Pour Landewyck, cette nouvelle usine représente sa plus grande implantation, avec 32.000 m2 de superficie. Chaque année sortent d’ici sept milliards de cigarettes et du tabac à rouler pour en remplir cinq milliards d’autres.
Malgré ces chiffres qui peuvent donner le tournis, «notre part de marché mondiale est de 0,1%, nous avons donc toujours 99,9% à gagner», avance, le sourire en coin, , Chief Commercial Officer d’Heintz van Landewyck.
L’entreprise luxembourgeoise née en 1847 est actuellement active sur une quarantaine de marchés, principalement en Europe. Elle exporte 95% de sa production et compte des filiales en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Belgique, en Hongrie et en France.
Un marché en mutation
Si elle affiche son identité luxembourgeoise dans la plupart des marchés, ce n’est pas le cas dans l’Hexagone où «la vision du Luxembourg est trop monochrome», avance le directeur. Celui-ci fait face aux évolutions règlementaires qui impliquent par exemple la confection d’emballages neutres pour cinq marchés.
Lui qui considère son produit comme «un bien de grande consommation» observe que la demande se déplace, en particulier vers les pays émergents au détriment des marchés historiques. En Petit Poucet assumé du marché, il affirme être beaucoup plus innovant que les géants du secteur. «En 48 heures, nous sommes en mesure de sortir un nouveau produit», affirme-t-il.
Le cannabis THC représente à nos yeux un segment bien intéressant.
Force est de constater que les nouveautés sentent de moins en moins le tabac. On y retrouve notamment des sachets nicotinés à sucer ainsi que des cigarettes au CBD. «Nous regardons beaucoup aux évolutions règlementaires entourant le cannabis THC, il représente à nos yeux un segment bien intéressant.» Quant à la cigarette électronique, Landewyck avoue «laisser cela aux professionnels» après un essai au milieu des années 2010 au terme duquel «nous avons brûlé beaucoup de millions d’euros».
Un autre regard sur la contrefaçon
550 des 1.500 salariés du groupe travaillent au Luxembourg, selon le responsable. En 2022, Landewyck Holding a vu son chiffre d’affaires se stabiliser à 3,2 milliards d’euros et son bénéfice net bondir de 16,2% à 30,9 millions d’euros. Un résultat que la direction ne commente pas. Tout juste indique-t-elle investir à 80% pour les produits existants et à 20% pour les innovations.
Vraisemblablement, le fait d’être un acteur de petite taille n’épargne pas le groupe du risque de contrefaçons. «Je pense que 20% de notre volume est fumé sans que nous le fabriquions, surtout en France, en Belgique et en Espagne», avance Georges Krombach.
Pour nous, c’est flatteur d’être contrefait, c’est un peu une consécration.
Le cigarettier ne semble pas trop dérangé par cette situation. «Pour nous, c’est flatteur d’être contrefait, c’est un peu une consécration», argumente-t-il. Son objectif? Rester ambitieux et continuer à avancer dans ce marché de plus en plus décrié.
Le tabagisme est considéré comme l’un des principaux facteurs de risques pour le cancer du poumon. En 2021, les tumeurs constituaient la première au Luxembourg, avec 25% du total selon la Direction de la santé. Au Luxembourg, 28% de la population fume selon les données de la Fondation Cancer.
Cet article s’inscrit dans une série d’été dédiée aux success stories entrepreneuriales luxembourgeoises. Rendez-vous mercredi prochain avec la société Panelux.