L’Europe ne parvient pas à tirer pleinement parti de l’épargne des ménages. Selon l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi), 10.000 milliards d’euros, soit 41% du total des actifs financiers des ménages, restent sur des comptes d’épargne et des liquidités au lieu d’être activement investis. En revanche, aux États-Unis, seulement 16% de la richesse des ménages est détenue en espèces et sur des comptes d’épargne, ce qui met en évidence une différence marquée dans la culture de l’investissement. Le vendredi 14 mars 2025, l’Alfi la Commission européenne à mettre en œuvre des politiques qui débloqueraient ces fonds, stimuleraient l’investissement et favoriseraient la croissance économique à long terme.
L’Alfi a proposé plusieurs mesures politiques aux niveaux national et européen, axées sur l’éducation financière, la réforme des retraites et l’accessibilité des produits d’investissement.
Épargne de détail
Une recommandation clé consistait à inculquer des habitudes d’investissement dès le plus jeune âge. L’Alfi a suggéré d’introduire une éducation financière obligatoire dans les écoles, couvrant des sujets tels que les rendements composés et l’investissement à long terme. Elle a également proposé de créer des comptes d'investissement pour les enfants comme alternative aux comptes d’épargne traditionnels, afin de favoriser une exposition précoce aux principes d’investissement. En outre, une campagne européenne d’éducation des investisseurs ciblant les adultes a été recommandée pour améliorer les connaissances financières et soutenir les réformes des retraites.
Pour renforcer la culture de l’investissement, l’Alfi a suggéré de lancer des concours pour les étudiants, en récompensant les «gestionnaires de portefeuille fictifs» les plus performants par des contributions à leurs comptes d’investissement. Le rapport souligne que des initiatives similaires dans d’autres régions ont réussi à encourager un comportement d’investissement à long terme.
Systèmes de pension européens
L’Europe est confrontée à d’importants défis démographiques, l’Alfi a souligné la nécessité de moderniser les systèmes de pension, en particulier les régimes de pension du deuxième pilier. Le groupe professionnel a proposé l’introduction d’un outil de suivi des pensions à l’échelle de l’UE afin d’assurer la transparence des attentes en matière de retraite. Il a également recommandé un cadre de bonnes pratiques axé sur l’efficacité, une large éligibilité et une participation simplifiée pour les employeurs et les employés.
L’association a fait valoir que les régimes de retraite du deuxième pilier devraient être accessibles à de multiples fournisseurs – y compris les banques, les assureurs et les gestionnaires d’actifs – afin d’encourager la concurrence et de réduire les coûts. Les bénéficiaires devraient avoir la liberté de choisir leurs allocations et leurs produits d’investissement, une mesure qui, selon l’Alfi, renforcerait la culture financière et la participation au marché.
L’Alfi a également appelé à des réformes dans les stratégies d’investissement des retraites. Elle recommande de limiter les produits à capital garanti aux personnes proches de la retraite en raison de leurs faibles rendements. Les solutions d’investissement par défaut devraient privilégier la croissance à long terme, avec une plus grande exposition aux actions pour les jeunes investisseurs et des stratégies d’investissement basées sur le cycle de vie. Les régimes de retraite devraient également faciliter les investissements dans les actifs privés, qui pourraient fournir des rendements supplémentaires et soutenir l’économie au sens large.
Le rapport préconise l’adhésion automatique aux régimes de retraite du deuxième pilier, qui requiert des contributions de la part des employeurs et des employés, avec des incitations telles que des avantages fiscaux ciblés. Garantir la portabilité transfrontalière des pensions et un traitement fiscal cohérent a également été souligné comme un moyen d’améliorer la mobilité des pensions et d’intégrer les marchés européens des capitaux.
Pour soutenir ces mesures, l’Alfi a insisté sur la suppression des obstacles réglementaires aux institutions de retraite professionnelle (IORP) et au produit paneuropéen de retraite personnelle (Pepp), permettant ainsi un cadre de pension unifié dans l’ensemble de l’Union européenne. L’Alfi a fait valoir que la simplification des produits de retraite encouragerait la participation et améliorerait la sécurité financière à la retraite.
Comptes d’épargne-placement
L’Alfi a proposé l’introduction de comptes d’épargne-placement comme point d’entrée accessible pour l’épargne et l’investissement à long terme. Ces comptes seraient disponibles auprès des banques, des assureurs, des gestionnaires de fonds d’investissement et des entreprises d’investissement, et couvriraient un large éventail d’actifs, y compris les actions, les obligations, les OPCVM, les ETF et les actifs privés via des fonds d’investissement alternatifs (FIA) ou des fonds européens d’investissement à long terme (Eltif).
Le rapport suggère que les comptes d’épargne-placement bénéficient d’un traitement fiscal uniforme, avec des contributions déductibles de l’impôt et une croissance en franchise d’impôt, afin d’encourager la participation. Alfi a mis en garde contre l’imposition de plafonds de frais ou d’allocations obligatoires d’investissements européens, arguant que de telles restrictions pourraient limiter l’efficacité de l’initiative. Elle a maintenu que les comptes d’épargne-placement représentaient un modèle éprouvé qui pouvait être mis en œuvre sans la complexité de la création de nouvelles structures réglementaires.
Réglementation
Tout en plaidant pour une convergence réglementaire à travers l’Europe, l’Alfi s’est opposée à la création d’une autorité de contrôle centralisée. L’association estime que les régulateurs nationaux devraient conserver leur souplesse et leur expertise dans la gestion des réglementations relatives à la gestion d’actifs. Selon l’Alfi, la centralisation de la supervision introduirait une complexité et des coûts supplémentaires sans lever efficacement les obstacles à la distribution des fonds ou augmenter les investissements sur les marchés des capitaux.
Le rapport a conclu que le déblocage de l’épargne des ménages européens nécessitait une combinaison d’éducation financière, de réforme des retraites et de produits d’investissement accessibles. En mettant en œuvre ces mesures, la Commission européenne pourrait stimuler l’investissement, renforcer la stabilité financière et favoriser la croissance économique à long terme sur l’ensemble du continent.
Le rapport de trois pages est disponible .
Cet article a été rédigé initialement , traduit et édité pour le site de Paperjam en français.