Andrée Birnbaum: «Certaines femmes travaillent, mais leur salaire est entièrement contrôlé par leur mari.»  (Photo: Franck Chabriac)

Andrée Birnbaum: «Certaines femmes travaillent, mais leur salaire est entièrement contrôlé par leur mari.»  (Photo: Franck Chabriac)

À l’occasion de la Journée internationale des femmes du 8 mars, Maison Moderne fait un don à l’asbl Femmes en détresse. Sur le terrain, la directrice de l’asbl, Andrée Birnbaum, fait part d’une augmentation des demandes de consultation pour les violences domestiques.

«Il y a encore tellement à faire en matière d’égalité homme-femme. Je suis choquée lorsque j’entends dire que cette journée n’a pas d’utilité», confie à Paperjam Andrée Birnbaum, directrice de l’asbl Femmes en détresse, qui fête en 2019 ses 40 années d’existence. «Comment est-ce possible d’ignorer les inégalités persistantes?», s’interroge-t-elle.

Sur le terrain, les équipes de Femmes en détresse (14 services) prennent en charge principalement des femmes, jeunes et moins jeunes, victimes de violences. «Par exemple, le Visavi, l’un de nos 14 services, doit faire face à de plus en plus de demandes de femmes victimes de violences (physique, économique, verbale, sexuelle, psychologique).» Celui-ci est débordé (387 femmes reçues en consultation en 2017).

«Nous avons une liste d’attente qui s’allonge davantage. Les femmes sont suivies pendant une période assez longue par nos services. Certaines se sentent coupables des violences dont elles sont victimes. D’autres ne peuvent quitter leur foyer, faute de moyens suffisants. Certaines femmes travaillent, mais leur salaire est entièrement contrôlé par leur mari», explique Andrée Birnbaum.

Certains de nos services prennent en charge également des hommes victimes de la traite des êtres humains.

Andrée BirnbaumdirectriceFemmes en détresse asbl

89% des victimes de violences domestiques prises en charge par le SAVVD (le Service d’assistance aux victimes de violences domestiques de Femmes en détresse, ndlr) sont des femmes. 80% des cas concernent des violences conjugales. «Nos services s’adressent surtout aux femmes, mais certains prennent en charge également des hommes victimes de la traite des êtres humains ou de violences domestiques.»

En 40 ans, l’asbl a grandi et a multiplié ses services pour répondre à de nouveaux besoins au Luxembourg. «Nous avons créé une maison communautaire d’urgence, car les refuges pour les femmes sont complets. Notre maison peut accueillir 27 personnes (les mères et leurs enfants).»

En cette Journée internationale des femmes, le message d’Andrée Birnbaum est clair: «Dénoncez la violence autour de vous. Lorsque vous voyez une personne en détresse, il faut en parler. La violence touche tous les milieux, riches, pauvres, dans les écoles, sur le lieu de travail…»

Il faudrait une loi pénale pour sanctionner les violences psychologiques.

Andrée Birnbaumdirectrice Femmes en détresse asbl

En matière de législation au Luxembourg, «il faudrait une loi pénale pour sanctionner les violences psychologiques, qui font d’énormes dégâts sur les personnes. L’estime de soi en prend un coup», constate la directrice de Femmes en détresse.

Une des priorités de l’asbl est de faire en sorte que ces femmes «redeviennent autonomes». Cela passe par un service d’aide psychologique, juridique et sociale en aidant les personnes à retrouver une place dans la société et/ou la vie active. «Nous proposons aussi des formations sur l’estime de soi. Grâce à notre centre de formation et de réinsertion professionnelle Naxi (109 participantes en 2017), nous leur permettons, entre autres, de mettre à jour leurs connaissances en informatique. Les femmes qui le désirent peuvent aussi suivre une préformation pour devenir aide sociofamiliale.»

Femmes en détresse, qui dispose également d’un service de garde d’enfants malades (1.143 enfants gardés en 2017) emploie 95 personnes et fonctionne grâce aux subsides publics. Les dons permettent, quant à eux, de soutenir matériellement les femmes prises en charge, que ce soit «pour l’achat d’une machine à laver, de meubles ou pour le passage du permis de conduire, par exemple».

Paperjam.lu

 

Andrée Birnbaum (en jaune), entourée d’une vingtaine d’employées de Maison Moderne. La société éditrice de Paperjam a offert un don à l’asbl Femmes en détresse à l’occasion de la Journée internationale des femmes du 8 mars. (Photo: Jan Hanrion /Maison Moderne)

En cette Journée internationale des femmes, Andrée Birnbaum participe, ce vendredi, à la marche de soutien aux femmes, à Luxembourg. «Il s’agit de soutenir la cause des femmes dans le monde, et celles qui ont choisi de faire grève pour faire valoir leurs droits.»

Événements à venir pour les 40 ans de Femmes en détresse à l’Auberge de la jeunesse, à Luxembourg:

-     21 mai 2019: conférence sur le burn-out familial, dès 18h30.

-     24 et 25 septembre 2019: conférence sur l’hypersexualisation des jeunes filles, dès 18h30.