Offrir aux parents d’enfants neurodivergents un espace centralisé pour regrouper toutes les informations liées à leur enfant, planifier les rendez-vous médicaux et impliquer l’ensemble des professionnels — soignants, cliniciens, thérapeutes ou enseignants. C’est l’ambition de la plateforme Dalza, imaginée par Robby Coelho et officiellement lancée au Luxembourg en début d’année, après plusieurs mois de développement.
Déjà finaliste de la première édition du Luxembourg Social Entrepreneur of the Year Award en décembre dernier, Dalza a été récompensée début avril par le prix de Championne Mondiale de l’Apprentissage et de l’Éducation lors des World Summit Awards (WSA). Quand j’ai lancé Dalza, jamais je n’aurais imaginé me retrouver en Inde à pitcher mon idée aux côtés de dizaines d’autres start-up très talentueuses», confie Robby Coelho. Sélectionnée parmi plus de 900 candidatures, Dalza figurait parmi les cinq lauréats de la catégorie Apprentissage et Éducation.

Robby Coelho a reçu le prix de Champion Mondial de l’Apprentissage et de l’Éducation décerné aux WSA (World Summit Awards) avec sa plateforme Dalza. (Photo: Dalza)
Originaire du Portugal, mais ayant grandi en Afrique du Sud, Robby Coelho s’est installé au Luxembourg avec sa famille il y a cinq ans. « Nous avons vécu en Afrique du Sud et au Portugal avant de poser nos valises ici. Notre fils, aujourd’hui âgé de douze ans, est neurodivergent, et moi-même, enfant, j’ai eu besoin d’un accompagnement scolaire adapté. C’est ce vécu personnel qui nous a fait prendre conscience du besoin d’une plateforme dédiée aux enfants à besoins éducatifs spécifiques (SEN) », explique-t-il.
Avocat de formation, Robby Coelho cumule plus de 23 ans d’expérience en tant que conseiller juridique auprès d’acteurs mondiaux — fournisseurs, clients ou institutions — dans les domaines des nouvelles technologies et de la protection de l’information.
Un contrôle des parents
Un enfant sur cinq présente une forme de neurodivergence — qu’il s’agisse d’autisme, de dyslexie, de dyscalculie, de haut potentiel, de TDAH, d’épilepsie, de troubles du langage ou de l’audition, de paralysie cérébrale, de trisomie 21 ou d’autres différences chromosomiques ou cognitives. «Ces enfants ont souvent besoin d’un accompagnement renforcé de la part de leurs parents, ainsi que d’interventions coordonnées de plusieurs professionnels. Cela peut rapidement devenir éprouvant pour les familles», souligne Robby Coelho. «Les systèmes traditionnels opèrent généralement de façon cloisonnée, ce qui entraîne des soins fragmentés, une communication inefficace et des occasions manquées de collaboration.»
C’est pour répondre à ces lacunes que Dalza a été conçue: faciliter le quotidien des familles en allégeant la charge administrative. La plateforme couvre à la fois la vie scolaire et familiale, centralise les dossiers, stocke toutes les informations essentielles en un seul endroit, et simplifie leur consultation comme leur partage. Elle permet aussi de rester connecté avec l’ensemble des professionnels impliqués — enseignants, thérapeutes, soignants — afin de prendre des décisions éclairées au bon moment.
«Et ce sont toujours les parents qui gardent la main: ils décident quelles données partager, et avec qui», précise Robby Coelho, qui se consacre désormais à 100 % à Dalza et a investi ses propres économies dans le projet.
Entièrement conforme au Règlement général sur la protection des données (RGPD), la plateforme Dalza accorde une attention particulière à la confidentialité des informations partagées. «Nous sommes une société à impact social (SIS), accréditée par le gouvernement luxembourgeois. Cela signifie que nous avons pour mission de favoriser un changement social positif, et que nous sommes soumis à des audits réguliers. Cette accréditation garantit que nous opérons selon les normes les plus strictes en matière de transparence, de gouvernance et de responsabilité sociale», explique Robby Coelho.
L’équipe, composée de sept personnes, est actuellement incubée au Social Business Incubator. Dalza bénéficie par ailleurs du soutien de plusieurs acteurs locaux, dont l’asbl Zefi (Zesummen fir Inklusioun) et la Scap (Service de consultation et d’aide psychomotrice), ainsi que d’un appui financier de la Fondation André Losch. Le service est proposé aux familles pour 20 euros par mois. Les enseignants, thérapeutes et soignants peuvent s’y inscrire gratuitement. La plateforme est accessible sur smartphone, tablette et ordinateur, via Android et l’App Store. Disponible en français et en anglais, elle intégrera très prochainement l’allemand — une évolution rendue possible grâce au soutien de la Fondation Losch.
Une levée de fonds à venir
La plateforme donne également la parole aux enfants eux-mêmes, qui peuvent exprimer leurs émotions à l’aide d’émojis. « Ils ont un rôle à jouer dans leur propre parcours, et cette fonctionnalité leur permet de communiquer simplement ce qu’ils ressentent », explique Robby Coelho.
Le fondateur a d’abord testé sa solution dans son pays natal — un choix stratégique. « L’Afrique du Sud est à la pointe en matière d’accompagnement des enfants neurodivergents », souligne-t-il. Depuis, Dalza s’est étendue à une dizaine de pays, parmi lesquels le Portugal, la Pologne, le Royaume-Uni ou encore les États-Unis, et revendique aujourd’hui environ un millier d’utilisateurs.
Pour soutenir cette croissance et étoffer son équipe, la start-up prévoit une levée de fonds d’ici la fin de l’année ou début 2026. Sans en révéler le montant espéré, Robby Coelho indique avoir déjà reçu le soutien de quelques investisseurs providentiels, installés au Luxembourg, en Allemagne et au Royaume-Uni. « Il s’agit d’un financement de pré-amorçage. Pour l’instant, nous gardons confidentiels les montants et l’identité des investisseurs », précise-t-il.