Le Luxembourg a mis un coup de frein sur la mortalité routière en 2024. Selon les chiffres préliminaires publiés par la Commission européenne ce mardi 18 mars, le pays affiche un taux de 27 décès par million d’habitants, soit une baisse de 31% par rapport à 2023 (39 décès par million). Une performance qui le place en quatrième position des pays de l’Union européenne aux routes les plus sûres, derrière la Suède (20/million), Malte (21/million) et le Danemark (24/million).
Des résultats encourageants, certes, mais à nuancer, puisque dans un pays de petite taille, les variations annuelles peuvent être plus marquées, chaque accident mortel ayant un impact statistique plus significatif.
Au niveau européen, ce n’est pas un pays de l’UE qui s’impose comme référence, mais la Norvège, avec seulement 16 décès par million d’habitants, soit le taux le plus faible du continent. À l’autre extrémité du classement, la Roumanie reste le pays de l’UE le plus touché avec 77 décès par million d’habitants, suivie de près par la Bulgarie (74/million). Un constat d’autant plus marquant que la Roumanie a réduit sa mortalité routière de 21% depuis 2019, sans pour autant quitter la dernière place du classement.
En moyenne, l’Union européenne a recensé 44 décès sur la route par million d’habitants en 2024, pour un total estimé à 19.800 victimes, soit une baisse de 3% par rapport à l’année 2023.
Des routes rurales toujours plus dangereuses
Les données de 2023 confirment que les routes rurales restent les plus meurtrières: elles concentrent 52% des accidents mortels, contre 38% en zone urbaine et 9% sur les autoroutes. Les hommes demeurent largement surreprésentés parmi les victimes (77% des décès), tandis que les seniors sont de plus en plus vulnérables: en 2024, les personnes de 65 ans et plus représentent 31% des décès, alors qu’elles ne constituent que 21% de la population. Les jeunes adultes (18-24 ans), quant à eux, comptent pour 12% des victimes, bien qu’ils ne représentent que 7% de la population.
Les automobilistes paient le plus lourd tribut (44% des décès), suivis des usagers de deux-roues motorisés (20%), des piétons (18%) et des cyclistes (10%). La dangerosité des motos et scooters demeure une préoccupation majeure: selon la Commission européenne, le nombre de passagers-kilomètres parcourus en voiture est jusqu’à 35 fois plus élevé que celui des deux-roues motorisés, accentuant ainsi en réalité le taux de mortalité de ces derniers.
Autre point noir: les centres-villes, qui concentrent 70% des décès chez les usagers vulnérables. Une statistique qui illustre le défi grandissant de la cohabitation entre piétons, cyclistes et véhicules motorisés.
Objectif 2030: une ambition encore lointaine
Si la tendance générale est à la baisse, la Commission européenne met en garde: à ce rythme, la plupart des États membres ne parviendront pas à atteindre l’objectif de réduire de moitié la mortalité routière d’ici 2030.
«Trop de vies sont encore perdues sur nos routes chaque année. Chaque décès est un décès de trop et nous restons déterminés à atteindre notre objectif Vision Zéro», a déclaré le commissaire chargé des transports durables et du tourisme, Apostolos Tzitzikostas.
La clé résidera-t-elle dans des infrastructures plus sûres, un meilleur contrôle des comportements à risque ou l’essor des véhicules autonomes et des nouvelles mobilités? Une chose est sûre: les pays nordiques, à l’instar de la Norvège et de la Suède, prouvent qu’une autre route est possible.