«Impatient», Gilles Nackaerts ne cache pas son enthousiasme, à quelques heures de l’ouverture officielle de la nouvelle Brasserie de Luxembourg,
Le directeur des lieux (30 ans) a eu, en guise de cadeau pour , la finalisation d’un chantier qui fera date pour l’entreprise. 25 millions ont en effet été investis par le géant AB Inbev, propriétaire de la marque Diekirch, dans un bâtiment et une unité de production qui permettent de revoir les ambitions luxembourgeoises à la hausse. Tout en s’autorisant une approche en souplesse du marché. En fonction de la demande de la clientèle.
Au total, nous réduisons notre empreinte carbone de 75%.
«Nous sommes équipés pour le futur. C’est un prochain chapitre qui s’ouvre», déclare Gilles Nackaerts. «Nous avons voulu nous doter d’un outil qui tienne compte, notamment, de l’impact de notre production sur l’environnement, avec une réduction de notre consommation électrique de près de 15%, et de notre énergie calorifique de près de 40%. Nous avons aussi intégré un système de récupération des vapeurs, ainsi qu’un filtre à membranes pour ne plus utiliser d’adjuvant pour filtrer la bière, ce qui permet d’éviter le déchet de filtrage, difficile à recycler. Au total, nous réduisons notre empreinte carbone de 75%.»
Du côté de la capacité de production maximale, 250.000 hectolitres sont annoncés par an. Sur la ligne de production, ce sont 160 fûts à l’heure qui seront gérés au sein du bâtiment de 17 mètres de haut, mais dont la partie invisible s’étend à 8 mètres de profondeur.
Le succès de la «0,0%»
Autre raison de croire en l’importance de l’investissement: l’attrait du consommateur pour la bière, qui garde une place à part.
«La bière est un produit qui gagne en popularité. Bien qu’il contienne uniquement des ingrédients de base naturels et simples (eau, malt d’orge, houblon, levure), il est possible de créer tellement de déclinaisons différentes grâce au savoir-faire brassicole. Ce qui suscite probablement de plus en plus l’intérêt du consommateur», ajoute Gilles Nackaerts.
Outre des goûts plus prononcés, l’amateur de mousse se tourne aussi vers des propositions plus «saines».
Diekirch s’était d’ailleurs aventurée sur le marché N.A. en lançant, qui semble produire ses premiers effets.
«Nous sommes à plus de 3% des volumes totaux de la marque Diekirch avec la 0,0%», note Gilles Nackaerts. «Nous avons pris la décision de commercialiser au début de l’année la Leffe 0,0%.» Cette dernière sort d’une unité de production d’AB Inbev en Belgique.
Orientés principalement sur le marché local, et de la Grande Région en complément, la Brasserie de Luxembourg, son directeur et ses 54 employés veulent maintenir un ancrage fort, face à une concurrence qui ne lésine pas non plus sur les innovations et les investissements.
Les ventes globales de Diekirch ont progressé de 2,5% en 2018, selon son directeur.
Un laboratoire potentiel
Passée la nécessaire période de prise en main de la nouvelle structure de production, celle-ci pourrait aussi servir de «laboratoire» pour le groupe AB Inbev. Et ce dans un marché luxembourgeois qui possède les caractéristiques démographiques d’un marché test vis-à-vis de nouveaux produits ou de déclinaisons d’existants.
«La brasserie jouit d’une autonomie de gestion, et l’approche de laboratoire me tient à cœur», ajoute le directeur. «Le marché est tellement dynamique qu’il permet d’oser, d’innover.»
Patrimoine collectif
Investissements conséquents, nouveaux produits, l’histoire récente de la Brasserie de Diekirch tranche avec les mauvais souvenirs , finalement évitée et semblant désormais remonter à un autre temps.
Sur le site, ce vendredi, les officiels, puis un plus large public invité, célébreront la fin de l’ancienne brasserie et l’entrée dans une nouvelle aire, dans une ambiance favorisant «l’amitié» chère à la marque.
Les engins de travaux vont quant à eux continuer leur balai , sous la houlette des investisseurs de Coogee – joint-venture entre Saphir Capital Partners et Matexi Luxembourg –, qui avaient fait l’acquisition du site pour pérenniser ce qui symbolise plus qu’un savoir-faire brassicole, une part du patrimoine du pays.