La seule cession de la Bil à Legend Holdings permet au Luxembourg de faire son entrée dans le top 5 des États dans lesquels des sociétés chinoises ont le plus investi en 2018. (Photo: Bil / Archives)

La seule cession de la Bil à Legend Holdings permet au Luxembourg de faire son entrée dans le top 5 des États dans lesquels des sociétés chinoises ont le plus investi en 2018. (Photo: Bil / Archives)

La vente de la Banque internationale à Luxembourg à Legend Holdings place le Luxembourg dans le top 5 des pays européens qui attirent des investissements chinois.

Les Chinois continuent de faire leurs «courses» en Europe, mais leurs «caddies» sont deux fois moins remplis qu’en 2016.

estiment ces investissements directs étrangers (IDE) chinois à 17,3 milliards d’euros l’an dernier, en baisse de 40% sur un an et de 50% sur deux ans. «Estiment», parce qu’en réalité, toute une série d’investissements reste sous la barre stratégique des 10 millions d’euros qui qualifie un IDE. Pour la première fois, les investisseurs chinois ont aussi commencé à vendre quelques avoirs significatifs (comme la vente d’avoirs de Avolon et Deutsche Bank par HNA).

Le Royaume-Uni (4,2 milliards), l’Allemagne (2,1) et la France (1,6) sont toujours les trois pays européens d’investissement préférés des Chinois, mais leur part a diminué, passant de 71% du total en 2017 à 45% l’an dernier.

Deux pays font leur entrée dans le haut du classement: la Suède (3,4 milliards, dont 3 avec l’entrée de Geely dans Volvo) et le Luxembourg (2,4 milliards, dont 1,6 avec le rachat de la ).

Les Chinois achètent tous azimuts

Parmi les nouvelles stratégies d’investissement chinoises, notent les rapporteurs, il n’y a plus de secteur industriel qui dépasse les 20% du total. L’automobile (3,1 milliards), les services financiers (2,8) et le secteur de la santé et des biotechnologies (2) sont les plus représentatifs, alors que les transports, les commodités et les infrastructures ont diminué de 96%, à un demi-milliard d’euros. La baisse est aussi significative dans l’immobilier: à moins d’un milliard d’euros contre près de 7 milliards d’euros en 2015.

Les investissements sont de moins en moins dus aux structures apparentées directement au pouvoir chinois (50 à 60% sur cinq ans, contre 90% entre 2010 et 2012).

C’est que la «résistance» européenne s’organise: les nouvelles procédures d’examen des investissements, à l’échelon national mais aussi et surtout au niveau européen, ont abouti à un premier blocage l’an dernier. En août, les autorités allemandes ont refusé que Yantai Taihai reprenne Leifeld Metal Spinning, qui travaille pour l’industrie automobile allemande et pour le nucléaire. D’autres transactions ont été retardées indirectement, comme celle de 50Hertz par la State Grid Corporation of China, ou par différents régulateurs nationaux.

15 milliards d’euros déjà en discussions

Thilo Hanemann, Mikko Huotari et Agatha Kratz ont challengé la procédure mise en place depuis 2017 par la Commission européenne de . Selon leur simulation, 83% des transactions de 2018 tombaient sous au moins un des trois critères retenus pour une éventuelle surveillance préalable, dont l’initiative est laissée aux États membres: 46% parce qu’il s’agissait d’un secteur sensible, 25% parce que les opérations étaient menées par des entités contrôlées par l’État chinois et 58% relevaient de la stratégie «Made in China 2025» du gouvernement chinois. Un tiers des transactions remplissent au moins deux des trois critères de référence, et 18% les trois.

Onze pays européens, dont le Luxembourg, n’ont pas de mécanisme particulier de surveillance ou de validation des opérations étrangères sur leur sol, assurent les rapporteurs.

Et le mécanisme européen ne semble pas avoir refroidi les Chinois. Au 1er janvier, 15 milliards d’euros de transactions entre des acheteurs chinois et des vendeurs européens étaient dans les tubes, dont les 4,6 milliards d’euros qu’un consortium dirigé par Anta est prêt à mettre pour acquérir la finlandaise Amer Sports.