C’est dans la salle remplie de la Cinémathèque que l’équipe du Luxembourg City Film Festival a dévoilé la programmation de cette 15e édition, qui se tiendra du 6 au 16 mars. La preuve qu’année après année, ce festival de cinéma s’étoffe, fédère de plus en plus de monde et gagne en ampleur. «C’est aussi la dernière année que nous pouvons nous retrouver dans cette salle avant qu’elle ne soit fermée pour travaux pendant quatre ans», a introduit la bourgmestre de la Ville de Luxembourg, Lydie Polfer. Car la Cinémathèque va en effet être rénovée et agrandie et déplacera une partie de sa programmation à partir du 5 septembre vers le Théâtre des Capucins le temps des travaux.
15 ans et 313.000 visiteurs
La présentation de cette nouvelle édition a aussi été, pour le président du Festival, Georges Santer, l’occasion de rappeler quelques chiffres: plus de 313.000 visiteurs ont fréquenté le festival, 3.200 invités nationaux et internationaux ont été accueillis, 1.237 séances de cinéma ont été organisées, sept prix sont remis tous les ans et 80 bénévoles aident à l’organisation chaque année.
Mais cette 15e édition, ce sont aussi 1.000 films visionnés en présélection pour mettre sur pied la programmation. Une sélection qui n’est d’ailleurs plus assurée par un comité artistique composé de bénévoles très engagés, comme c’était le cas jusqu’à présent, mais de sélectionneurs professionnels, participant ainsi à la professionnalisation progressive et continue du festival.
Les films pour les célébrations
L’ouverture du festival sera célébrée avec la projection de «Hot Milk» (le 6 mars), de Rebecca Lenkiewicz, qui a rassemblé un casting de haut vol avec l’incontournable Vicky Krieps et Emma Mackey, Fiona Shaw… L’histoire raconte un amour filial quoi doit composer avec une relation inattendue. Ce film est présenté en première à la Berlinale, juste quelques jours avant sa projection à Luxembourg.
La cérémonie de remise de prix (le 15 mars) sera l’occasion de découvrir «La Cache», de Lionel Baier, autre film arraché à la compétition berlinoise, coproduit avec Red Lion. L’ultime performance à l’écran de Michel Blanc, dans une histoire de famille touchante au cœur des événements de Mai 68.
Pour la cérémonie de clôture, c’est «The Thing with Feathers», de Dylan Southern, qui a été choisi. Le film n’aura, avant sa présentation au Luxembourg, été vu que par les heureux spectateurs des festivals de Sundance et Berlin. Il s’agit d’une adaptation du best-seller de Max Porter, dans laquelle un père (interprété par Benedict Cumberbatch) et ses deux fils tentent de faire face à la perte soudaine de leur femme et de leur mère.
Une compétition officielle avec deux coproductions luxembourgeoises
Neuf films sont en compétition cette année pour remporter le Grand Prix:
- «Bound in Heaven», de Huo Xin, est une histoire d’amour et de violences domestiques dans une Chine contemporaine, entre espaces urbains et paysages ruraux.
- «Hanami», de Denise Fernandes, offre un voyage insulaire, où dialoguent onirisme et réalités sociales. Un coming-of-age niché au cœur du Cap-Vert.
- «Holy Electricity», de Tato Kotetishvili, propose une épopée cocasse, entre burlesque et grande débrouillardise. «Un film décalé qui illustre le caractère joyeux du festival», a précisé Alexis Juncosa, directeur artistique du festival.
- «Kontinental ’25», de Radu Jude (Ours d’Or en 2023). Cofinancé par la société luxembourgeoise PTD, ce film tourné en seulement 11 jours narre les introspections d’une femme huissière aux prises avec un événement dramatique, à Cluj, en Transylvanie.
- «The New Year That Never Came», de Bogdan Mureşanu, est ce qu’on appelle un «festival hit». Un film choral autour de la révolution roumaine et qui traite des migrations intra-européennes.
- «On Falling», de Laura Carreira, dissèque le quotidien d’une travailleuse portugaise précaire, perdue dans la réalité écossaise, entre solitude et aliénation.
- «Reflet dans un diamant mort», de Hélène Cattet et Bruno Forzani, est certainement le film le plus inclassable de la sélection. Soutenu par la société luxembourgeoise Les Films Fauves, ce film, également au rendez-vous de la compétition berlinoise, met aussi à l’honneur des talents luxembourgeois, dont Céline Camara.
- «The Village Next To Paradise», de Mo Harawe, est le premier film de cette envergure tourné en Somalie.
- «Vittoria», d’Alessandro Cassigoli et Casey Kauffman, est une œuvre entre le documentaire et la fiction, puisque le récit est celui d’une famille italienne bien réelle à laquelle on a demandé de s’imaginer un désir appelé à bouleverser son quotidien.
Pour départager ces films, un jury international a été rassemblé. Il est composé cette année du réalisateur Mohammad Rasoulof («Les Manuscrits ne brûlent pas», «The Seed of the Sacred Fig»), qui en assurera la présidence, de l’actrice Trine Dyrholm («The Girl with The Needle», «The Celebration», «The Commune», «Poison»), du scénariste Paul Laverty («Sorry We Missed You», «The Angel’s Share», «I, Daniel Blake», «The Wind that Shakes the Barley»…), de l’actrice Valerie Pachner («Egon Schiele», «A Hidden Life», «Der Boden unter den Füßen»…), du réalisateur Albert Serra («Pacifiction», «The Death of Louis XIV», «Liberté»…) et du Luxembourgeois Jeff Desom, qui mène sa carrière à Los Angeles comme réalisateur, scénariste et artiste VFX.
Et beaucoup d’autres films et rencontres
Parmi les autres films qui marqueront certainement cette édition, soulignons la présentation du premier long métrage de Désirée Nosbusch, «Poison», avec Tim Roth, qui assurera aussi une master class lors du festival.
«The Return», d’Uberto Pasolini, ne cesse de faire parler de lui pour cette réinterprétation de l’Odyssée avec Ralph Fiennes et Juliette Binoche.
Mike Leigh sera de retour au festival avec «Hard Truths», une lecture moderne et touchante d’un amour sororal mis à rude épreuve.
Et «Honeymoon», de Zhanna Ozirna, est un modèle d’ingénierie cinématographique. En magnifiant le hors-champ, la réalisatrice nous fait vivre le quotidien d’un couple d’Ukrainiens aux prises avec l’invasion russe.
À ceci, il faut ajouter en films en compétition documentaire, tous les films de la sélection officielle hors compétition (Late Night Bizarre, les collaborations artistiques), ainsi que les films «made in/with Luxembourg», dont le nombre de films sélectionnés cette année atteint un record. Une nouveauté est à signaler: le Showcase séries, qui permet de découvrir le temps d’une soirée des séries coproduites par le Luxembourg.
Toute la programmation et les événements, masterclasses et autres moments de rencontre, ainsi que la programmation jeune public, sont rassemblés . La billetterie ouvre le 14 février.