Une étude de faisabilité a été réalisée pour transformer la Kulturfabrik à Esch-sur-Alzette. (Illustration: Jim Clemes Associates)

Une étude de faisabilité a été réalisée pour transformer la Kulturfabrik à Esch-sur-Alzette. (Illustration: Jim Clemes Associates)

La Kulturfabrik a présenté un pré-projet de transformation et d’agrandissement de ses locaux. C’est le bureau Jim Clemes Associates qui est en charge de ce nouveau chapitre de l’institution culturelle eschoise.

D’ici quelques années, la Kulturfabrik va connaître une nouvelle jeunesse architecturale, grâce aux travaux de rénovation et d’agrandissement menés en collaboration avec le bureau d’architecture Jim Clemes Associates. Un chantier, dont le premier coup de pelle pourrait être donné fin 2025 et qui pourrait bénéficier d’un budget d’environ 30 millions d’euros. Le pré-projet a été présenté ce jeudi 28 septembre.

Les bâtiments de la Kulturfabrik à Esch sont loin d’être inconnus pour le bureau Jim Clemes Associates. Et ce pour une double raison: parce que c’est déjà Jim Clemes qui en 1998 avait transformé ces anciens abattoirs en centre culturel, et parce que les locaux de Jim Clemes Associates sont situés dans l’immeuble à côté du site de la Kufa. C’est donc en «bons voisins» que , Mathieu Nicol et Caroline Thill interviendront pour rénover les bâtiments existants et les agrandir. C’est aussi l’occasion pour la Kufa de porter un regard critique et prospectif sur ses activités et d’envisager une programmation en adéquation avec les futurs espaces disponibles.

Une rénovation qui entre dans le cadre de Connexions2

En 2017, la Ville d’Esch-sur-Alzette avait adopté un plan de stratégie culturelle, «Connexions», couvrant la période 2017-2027. Cette stratégie était conçue dès le départ comme pouvant être évolutive. Or à mi-chemin, et après Esch2022, la situation a changé: professionnalisation du secteur, création de nouvelles institutions (Bâtiment 4, Konschthal, Briderrhaus, Ariston…), nouvelle dynamique culturelle après la Capitale Européenne de la Culture. Par ailleurs, le contexte global a aussi changé: crise sanitaire, amplification de la crise écologique, guerre en Ukraine et ses conséquences, situation économique plus tendue…

C’est pourquoi le conseil communal a adopté un plan de développement culturel retravaillé, Connexions2. L’intention générale de stratégie reste sensiblement la même, à savoir faire d’Esch-sur-Alzette un pôle culturel et artistique reconnu aux niveaux local, régional, national et international pour sa diversité et sa création, mais en accord avec les transitions écologique et sociale. Dans ce contexte, la rénovation des bâtiments de la Kufa devient une priorité.

Une priorité pour les économies d’énergies

En effet, ce centre culturel est logé dans d’anciens bâtiments industriels dont l’isolation est très faible. Une rénovation énergétique s’impose, à la fois pour les impacts que la consommation actuelle a sur l’environnement, mais aussi sur le budget de fonctionnement du centre culturel depuis la hausse des coûts de l’énergie.

«Il ne faut pas oublier non plus que lorsque les abattoirs ont été transformés, nous dispositions à l’époque d’un budget équivalant à 3 millions d’euros. Avec de tels moyens, nous avons fait au mieux, mais il est certain que des choses sont à améliorer, surtout 25 ans après», explique Jim Clemes.

Un nouveau contexte urbain

Par ailleurs, le contexte urbain a aussi évolué. La friche industrielle Metzeschmelz située juste derrière la Kufa va devenir un nouveau quartier de la ville. Au lieu de lui tourner le dos comme c’est le cas à présent, une nouvelle entrée en fond de parcelle et une nouvelle liaison avec ce quartier est à imaginer.

Une nouvelle entrée sera créée au fond de la parcelle, permettant une liaison avec le nouveau quartier Metzeschmelz. (Illustration: Jim Clemes Associates)

Une nouvelle entrée sera créée au fond de la parcelle, permettant une liaison avec le nouveau quartier Metzeschmelz. (Illustration: Jim Clemes Associates)

Pour cela, il faut prendre en compte l’Alzette qui coule le long de la Kufa. Sa renaturation est mise au programme et permettra d’augmenter la présence de verdure en ville et de renforcer la multiplicité des fonctions déjà présentes dans l’identité du centre culturel, avec par exemple l’introduction d’un parc de sculptures, l’organisation de séances de cinéma en plein air ou toute autre activité culturelle pouvant être organisée à l’extérieur. Une nouvelle passerelle piétonne et pour les vélos est envisagée pour enjamber l’Alzette.

Des espaces inexploités et des surélévations

L’ensemble des surfaces sera retravaillé. Il est en effet nécessaire de remettre un certain nombre de techniques aux normes, d’offrir une meilleure accessibilité pour les personnes à mobilité réduite tout comme d’ajouter des éléments pour le travail quotidien des équipes dont l’intégration d’un monte-charge, de nouvelles surfaces de stockage, le regroupement et extension des surfaces administratives ou la création d’un point d’info central avec billetterie.

La création d’une black box est au programme. (Illustration: Jim Clemes Associates)

La création d’une black box est au programme. (Illustration: Jim Clemes Associates)

«Nous avons aussi envisagé la création d’une nouvelle black box qui offrira ainsi un espace de production dans des conditions professionnelles tout en veillant au confort acoustique des voisins», a précisé Jim Clemes. Les locaux dédiés aux artistes en résidences seront aussi transformés et des solutions pour leur hébergement sont recherchées.

Par ailleurs, environ 1000 m 2 sont actuellement inexploités sur le site, car ne pouvaient pas être prises en compte pour des raisons de budget lors de la première transformation. Ces surfaces de réserve seront transformées et incluses pour l’exploitation future.

De plus, des surélévations en ossature bois préfabriquées prendront place en remplacement des toitures à pentes sur plusieurs bâtiments. «2000 m2 supplémentaires pourront ainsi venir s’ajouter aux 4000 m 2 existants et pleinement exploités», précise Jim Clemes. «Nous traiterons ces interventions dans le respect du patrimoine et de la substance bâtie, en prenant à la fois en compte l’histoire des abattoirs et celle du centre culturel. En travaillant dans cet esprit de continuité, nous apporterons une nouvelle pièce au puzzle.»

Des terrasses seront aménagées sur le site pour profiter des espaces extérieurs.   (Illustration: Jim Clemes Associates)

Des terrasses seront aménagées sur le site pour profiter des espaces extérieurs.   (Illustration: Jim Clemes Associates)

Pour arriver à lancer les travaux, une année d’études complémentaires est encore à envisager. Un premier coup de pelle pourrait être programmé fin 2025. Il faudra également voir si les travaux devront se réaliser en une ou plusieurs phases. Cela aura inévitablement un impact sur l’activité du centre culturel et sa programmation. «Nous réfléchissons à une solution qui serait de délocaliser les équipes et les activités le temps des travaux si cela est nécessaire», a précisé le directeur de la Kulturfabrik, . À ce stade, l’enveloppe budgétaire envisagée est de 30 millions d’euros, cette estimation étant sujette à des évolutions en fonction de la fluctuation des prix et des études complémentaires qui doivent encore être menées.