La Porte Frieden sera l’entrée du futur quartier Kuebebierg au Kirchberg. (Illustration: Güller Güller Architecture Urbanism)

La Porte Frieden sera l’entrée du futur quartier Kuebebierg au Kirchberg. (Illustration: Güller Güller Architecture Urbanism)

Le Kirchberg continue son expansion, et le développement du Kuebebierg a été dévoilé mercredi 2 mars. Un quartier tourné vers l’avenir, où plus de 7.000 nouveaux habitants pourront vivre en relation avec la nature.

C’est une page importante de l’histoire du Kirchberg qui est en train de s’écrire: le développement urbain du Kuebebierg a été dévoilé ce mercredi 2 mars, un quartier qui accueillera d’ici 15 ans plus de 7.000 nouveaux habitants sur une surface de 33 hectares. Le quartier sera desservi par le tram (via une nouvelle ligne à construire), fera une large place à la nature, répondra aux principes de et accueillera volontiers les familles qui ont du mal à se loger en ville.

Actuellement, le Kuebebierg est une plaine agricole qui surplombe la ville. C’est ici que des concerts de grande envergure tels que celui des Rolling Stones en 1995 ou des festivals comme Food For Your Senses se sont déroulés. Demain, ce sera un quartier d’habitation (environ 3.127 logements) intégrant fortement la végétation, qui accueillera de nouvelles familles, mais aussi des écoles, des commerces, de l’artisanat, des infrastructures sportives (dont une piscine en plein air), ou encore une ferme maraîchère. Le tout sur des terrains appartenant exclusivement à l’État et qui sont entre les mains du Fonds Kirchberg.

Une consultation pour pousser la réflexion

Pour imaginer ce quartier de demain, le Fonds Kirchberg a organisé une consultation rémunérée lancée le 13 novembre 2019 avec l’aide de PROgroup. Quatre équipes ont répondu à l’appel, et trois ont été sélectionnées pour poursuivre dans une deuxième phase, qui a commencé le 13 janvier 2020. Afin de challenger les équipes, une réunion intermédiaire a été organisée le 29 juin avec les 17 membres du comité de sélection. Suite à cela, les équipes ont déposé leur dossier final le 29 octobre 2021, et le jury s’est réuni le 7 février 2022 pour la délibération. Il en est sorti un projet lauréat à l’unanimité: celui mené par le bureau Güller Güller Architecture Urbanism, accompagné par Zeyen+Baumann (urbanisme), Atelier Alfred Peter (paysage), Etienne Ballan (sociologie), Cabane Partner (sociologie), RR&A (mobilité), Zefco (économie circulaire), Ecolor (environnement), Ville en Œuvre (économie) et Belvédère (programmation urbaine).

L’architecte et urbaniste Mathis Güller. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

L’architecte et urbaniste Mathis Güller. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Les deux autres groupements ayant participé à cette consultation sont:

Cobe, Idea Consult, Simon-Christiansen & Associés, Martha Schwartz Partners, Transsolar KlimaEngineering, Mersch Ingénieurs-Paysagistes, Zilmplan

et Steinmetzdemeyer, Socio en Ville, Kneip Ingénieurs-Conseils, Beissel & Ruppert, Areal Landscape Architecture, Résonance urbaine, Even Conseil et Efor-ersa Ingénieurs-Conseils.

Un quartier pensé pour l’humain

Dans le concept urbanistique imaginé par le groupement formé autour de Güller Güller, la forêt qui ceinture les coteaux escarpés se prolonge sur le plateau. «Nous désirons construire ce nouveau morceau de ville depuis la topographie», explique l’architecte et urbaniste Mathis Güller. Partout, les arbres seront présents: «Selon l’étage, les résidents habiteront soit dans la canopée soit au-dessus.»

Le quartier est articulé autour de deux axes principaux et trois lieux de vie commune. Un parc linéaire situé sur la crête, d’une part, appelé «Ligne de vie», connecte les espaces publics et les grands équipements, tout comme la ligne de tram. Au croisement de ces deux axes se trouvent la Porte Frieden, qui entre aussi en dialogue avec les quartiers environnants déjà existants, et la place du Kuebebierg. À l’extrémité du site, une grande plaine accueille les activités de plein air. C’est d’ailleurs ce caractère «tout en dentelle», comme l’a précisé , présidente du jury, qui a entre autres séduit les membres du jury.

Les espaces publics dégagent un maximum d’ouverture vers le ciel, les immeubles de plus grande hauteur étant placés à l’extérieur du quartier, en bordure de forêt. «Le quartier sera dense, puisque, pour chaque mètre carré de sol, deux mètres carrés seront construits, mais la relation à la nature sera très présente. C’est pourquoi nous avons utilisé l’accroche ‘Si ville, si nature’», détaille Mathis Güller.

En plus des logements, de nombreux équipements et infrastructures sont au programme: le Lycée Michel Lucius déménage ici, tout comme l’École nationale pour adultes (ENAD). Il y aura aussi un centre intégré pour personnes âgées (Cipa) et quatre crèches. La Ville de Luxembourg y réalisera une école fondamentale. Des activités artisanales sont également envisagées dans les rez-de-chaussée autour de la Porte Frieden.

Un peu plus loin en suivant le tram se trouve la place du Kuebebierg, le futur cœur du quartier, avec des commerces, des restaurants et des cafés, des événements et des festivités.

Le parc linéaire est à considérer, lui, comme le «séjour du quartier, avec des rez-de-chaussée habités, des espaces où les enfants peuvent jouer ensemble», précise Mathis Güller.

Dans les cœurs d’îlot, cette vie communautaire est aussi rendue possible, grâce à des espaces d’aires de jeu, des potagers communs…

En se dirigeant vers l’ouest, à la pointe du plateau, le quartier s’ouvre vers le paysage dans une grande clairière récréative. Il est possible d’y pratiquer librement des activités sportives. On y trouve également une piscine naturelle en plein air, une ferme urbaine pour le maraîchage, répondant ainsi aux .

Un projet tourné vers l’avenir

Ce nouveau quartier, pour une fois, au Luxembourg, n’est plus dessiné pour la voiture. Sans pour autant l’exclure, ce n’est plus ce moyen de locomotion qui détermine le visage des rues, mais bien le piéton. Cela se ressent aussi dans le ratio de parking autorisé par logement, qui n’est que de 0,5. Le projet prévoit ainsi six parkings mutualisés et majoritairement découplés des logements, situés le long de l’avenue où circule le tram.

On pourra trouver une grande variété de typologie de logements, répartis à parts égales entre le logement abordable, le logement à coût modéré et le logement pour le marché libre. Cette offre participera grandement à combler le déficit de logements au Kirchberg.

Par ailleurs, une grande attention est portée aux objectifs environnementaux et énergétiques. «Notre but est de maximiser la production d’énergies renouvelables», explique , directeur du Fonds Kirchberg. «Notre approche se base sur trois piliers: utiliser l’énergie de manière efficiente, produire un maximum d’énergie renouvelable sur site, stocker l’énergie pour couvrir un maximum des besoins sur site.»

Les prochaines étapes de ce projet sont déjà connues. Il s’agit d’aboutir à un PAP pour 2025, de construire les infrastructures en 2026, pour lesquelles un budget de 77,7 millions d’euros est réservé, et d’entamer la construction des logements en 2028.