Certains professionnels de santé se retrouvent dans une situation critique en raison de la crise sanitaire générée par la pandémie de coronavirus.

Si les médecins et soignants des hôpitaux luxembourgeois enchaînent de longues journées au chevet des patients du Covid-19, certains professionnels de santé ont vu leur activité quasiment réduite à zéro depuis deux semaines. En particulier la médecine dite de ville – kinésithérapeutes, orthophonistes, podologues… Paperjam a recueilli le témoignage de Xavier, 34 ans, kinésithérapeute à Luxembourg-ville.

«Je suis installé depuis mai 2019 dans un cabinet au centre-ville avec mon associée. Il tournait normalement jusqu’à la crise, puis les gens ont commencé à ne plus venir parce que notre métier requiert, il est vrai, un contact prolongé. C’est normal que les gens aient un peu peur. Puis le gouvernement a annoncé la fermeture des commerces, et le confinement a fait brutalement chuter l’activité du cabinet.»

Durant une semaine, «aucune nouvelle du ministère de la Santé», déplore-t-il, puis «un PDF nous informant que nous assurerons les soins urgents et post-opératoires, sans plus d'informations. C’est ce qu’on fait depuis, or il n’y a presque plus d’opérations puisque toutes les interventions non urgentes ont été annulées pour laisser la place aux patients du Covid-19 dans les hôpitaux.»

Xavier ne compte plus que… deux patients. «Mais le cabinet est ouvert pour assurer les soins. De ce fait, nous ne sommes éligibles à aucune aide» puisque seules les entreprises ayant dû fermer boutique y ont droit. Et les professionnels de santé indépendants en sont exclus. 

«J’ai écrit au ministère de la Santé, à celui de l’Économie, au Premier ministre pour demander d’ouvrir l’accès au chômage partiel aux indépendants. Sans aucune réponse concrète alors que chaque jour, ils annoncent des mesures pour les salariés. Nous cotisons comme tout le monde, nous devrions avoir droit à cette aide proportionnelle à nos revenus. C’est tout le système de santé de ville qui est en train de s’effondrer.»

Professionnel de santé avant tout, Xavier a répondu à l’appel pour faire tourner . Mobilisé à Luxexpo durant une demi-journée, il ne sait pas s’il recevra une rémunération pour ses prestations. «On donne de notre temps parce que cela fait partie de notre job; on ne va pas laisser les confrères des hôpitaux travailler comme des dingues et ne rien faire. Mais nous sommes oubliés. Nous n’avons plus aucun revenu, et il faudrait encore qu’on fasse de la réserve sanitaire gratuitement!»

Et de conclure: «Plus qu’un célèbre ‘merci les soignants’, à ce jour, nous attendons toujours des mesures concrètes d’aide réelle du gouvernement.»