Les conditions d’accès au chômage partiel vont se durcir en mai… au moment où la Covid-19 Task Force annonce un triplement des cas de Covid. (Photo: Maison Moderne/archives)

Les conditions d’accès au chômage partiel vont se durcir en mai… au moment où la Covid-19 Task Force annonce un triplement des cas de Covid. (Photo: Maison Moderne/archives)

Au-delà des statistiques présentées ce lundi matin, sur un an de chômage partiel, le message du ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, Dan Kersch (LSAP), est clair: le dispositif n’a pas vocation à durer comme les impôts, et les entreprises vont devoir se réinventer.

Le ministre «des artisans en Ferrari» a mis de l’empathie dans son vin. Ce lundi matin, abandonné par le ministre de l’Économie, (LSAP), qui avait une urgence, le ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, (LSAP), répète, une première fois, puis une deuxième fois, combien, derrière les chiffres, il y a des humains, des destins humains ou des familles.

Le 26 février 2020, le dernier comité de conjoncture avant la pandémie avait validé 27 dossiers de chômage partiel concernant 7.455 salariés, pour un montant estimé alors à 2,85 millions d’euros. La semaine dernière, le même comité de conjoncture a validé 4.362 demandes, qui concernent 46.780 salariés.

«Avant la crise, 18 entreprises par mois demandaient le chômage partiel. Cela nous coûtait 635.000 euros par mois», a indiqué le vice-Premier ministre. Depuis un an, les montants payés varient entre 8 et 49 millions, et 151.322 salariés issus de 15.379 entreprises ont «bénéficié» du chômage partiel. Le commerce (3.020 entreprises et 27.514 salariés) devance le secteur de la construction (2.400 entreprises, 27.930 salariés) et celui de l’horeca (1.849 entreprises, 18.718 salariés).

31,5 millions d’euros encore à récupérer

En un an, l’État a dépensé près d’un milliard d’euros pour cette aide aux entreprises (985,3 millions d’euros, dont 580,6 millions étaient réellement dus).

«Nous avons payé 396,3 millions d’euros en trop (lors des quatre premiers mois de la crise, quand le chômage partiel était avancé, et non payé sur la base des décomptes, ndlr), et en avons déjà récupéré 364,8», précise le ministre. «31,5 millions n’ont pas été remboursés, malgré trois ou quatre relances à des entreprises, dont certaines ne sont pas très concernées par la crise. On ne va plus attendre, après le quatrième rappel, on va récupérer cet argent par les moyens dont nous disposons.»

Comme il n’est pas non plus question que le système dure, comme les impôts, à partir de mai, ce dernier changera et deviendra moins «généreux», sauf si les entreprises présentent un plan de redressement, un plan de maintien dans l’emploi ou un plan sectoriel. Une grosse centaine d’entreprises se sont déjà engagées dans cette voie, selon le ministre, qui a cité le chiffre de 130 plans de maintien dans l’emploi, une trentaine de plans de redressement et quatre accords intersectoriels. 

Les autres, quand elles sont vulnérables, ne pourront plus présenter de décomptes supérieurs à 50% des heures de travail, ou à 10%, au lieu de 15%, pour les entreprises non vulnérables.

Faillites stables en 2020

Ce n’est pas parce que le nombre de faillites est resté stable en 2020 par rapport à 2019 que ce sera aussi le cas cette année, avance M. Kersch.

Cet empressement à renvoyer les salariés au travail ou les entreprises sur de nouveaux rails est d’autant moins compréhensible que esquisse le scénario d’un triplement des infections… en mai. La Moselle, qui amène un quart des forces vives du pays, est déjà dans le rouge, au point que l’Allemagne a réintroduit de sévères mesures de contrôle.

Sur deux des trois plus gros bénéficiaires du chômage partiel, le commerce et l’hôtellerie-restauration, on voit mal comment les établissements pourraient rouvrir dans ces conditions, ni comment ils pourraient se réinventer, si ce n’est en basculant sur internet ou en voyant des rues entières, comme celle de la Gare, se vider.