«The Jungle Book» sera présenté en création mondiale le 26 avril au Grand Théâtre de Luxembourg. (Photo: Jean-Louis Fernandez)

«The Jungle Book» sera présenté en création mondiale le 26 avril au Grand Théâtre de Luxembourg. (Photo: Jean-Louis Fernandez)

Le metteur en scène star Robert «Bob» Wilson revient au Luxembourg fin avril pour présenter une création de longue haleine inspirée du «Livre de la jungle» de Kipling, signant ainsi sa quatrième collaboration avec le duo très branché CocoRosie.

Le récit initiatique par excellence qu’est celui de Mowgli ne cesse de titiller l’imaginaire collectif depuis la parution du recueil de nouvelles «The Jungle Book» par Rudyard Kipling en 1894. Adapté de nombreuses fois à l’écran, mais moins souvent sur scène, c’est à présent Bob Wilson qui s’attaque à ce classique intemporel avec une création mondiale qui sera présentée pour la première fois au Grand Théâtre de Luxembourg le vendredi 26 avril prochain.

Un projet collaboratif au long cours

Comme l’indique le directeur du Gand Théâtre, Tom Leick-Burns: «La première discussion concernant ce projet de ‘Jungle Book’ date de plusieurs années déjà.» Bob Wilson est tenace dans sa pratique d’un art total, mais apprécie également s’entourer d’amis, et se met volontiers à l’écoute de leurs conseils.

Ainsi, alors qu’il présente «Peter Pan» au Théâtre de la Ville de Paris en 2013, il interroge Emmanuel Demarcy-Mota et Pierre Bergé sur ce qu’il pourrait faire de bien ensuite: «Pierre était un confident de longue date, depuis mes premiers projets européens. Il m’a toujours aidé à orienter mon travail, à surprendre le public.»

L’ancien bras droit et compagnon d’Yves Saint Laurent lui suggère alors de s’attaquer à l’œuvre de Kipling avec une approche surprenante pour les deux hommes: celle d’un spectacle à vocation familiale, tout public. Les dés sont jetés, le monde si particulier et unique dans lequel vit Mowgli s’imprègne sans mal dans l’esprit du metteur en scène, qui précise tout de même: «Ce n’est pas du théâtre pour enfants, mais toutes les grandes œuvres devraient être aussi destinées aux enfants.»

La complicité structurelle entre les Théâtres de la Ville de Paris et de Luxembourg, ainsi que l’affect que porte Wilson au Grand-Duché – avec, par exemple, la tonitruante «Traviata» de ce début de saison – font le reste pour concrétiser cette coproduction ambitieuse, déjà annoncée en tournée jusque février 2020 à Lyon, Paris, Aix-en-Provence, Clermont-Ferrand ou encore Anvers.

CocoRosie, le partenaire de cœur

Bianca (Coco), Sierra (Rosie) et Robert Wilson se sont rencontrés à New York. Au bout d’une heure, celui-ci proposait aux deux sœurs d’assurer la création musicale pour «Peter Pan» en leur demandant de manière incongrue: «Mais comment vous êtes-vous rencontrées?»

C’est sans doute l’univers très inclusif de CocoRosie, qui combine musique électronique, chant lyrique, musique folk, sons anodins ou encore hip-hop, qui a su séduire le metteur en scène de renom sur la durée, puisque «The Jungle Book» constitue leur quatrième collaboration.

Bianca Casady décrit son travail et celui de Wilson comme «assez similaires» et s’enthousiasme quant au fait que, pour chaque nouveau projet, «nous arrivons toujours à retrouver des similitudes avec nos propres performances scéniques, tout en devant nous dépasser un peu plus systématiquement».

Avec un texte majoritairement en français et des morceaux musicaux principalement en anglais, CocoRosie s’est amusé à approcher le texte parlé comme un rap ou slam francophone, avec leur rythme si particulier qui les caractérise. De plus, elles sont accompagnées par presque toute leur formation sur cette production, avec les beatboxers et les pianistes qui apportent une atmosphère musicale très proche de celle du groupe, qui sortira bientôt un septième album avant de partir en tournée mondiale.

Écouter avec le corps

Parfois avare de mots, Bob Wilson ne tarit pas d’arguments ni d’exemples lorsqu’il s’agit de parler du casting, de la manière dont il l’a choisi ou encore lorsqu’il s’emporte sur le jeu «beaucoup trop académique et rigide» des interprètes allemands avec qui il monte un projet opératique en ce moment à Baden-Baden: «Je suis aberré de voir le nombre impressionnant d’actrices et d’acteurs qui ne savent pas écouter la musique. Je suis par contre très sensible à la manière dont un candidat marche en arrivant sur scène, se tient debout immobile et se meut en écoutant avec tout son corps. Pas qu’avec ses oreilles et encore moins sa tête comme on le lui a appris à l’école, mais avec son instinct animal et tout son corps. C’est à cela que j’ai fait attention pour choisir le casting de ‘Jungle Book’, aux choses les plus simples qui sont parfois les plus difficiles à accomplir de manière naturelle.»

Avec le Théâtre de la Ville de Paris, l’équipe a également privilégié la diversité et la complémentarité des interprètes, afin de réussir à fonder «une espèce de famille». Sans surprise, Bob Wilson conclut: «Nous allons monter une version allemande du spectacle et je suis certain qu’elle sera très différente, car la distribution sera différente.»

La «famille Jungle Book» choisie par Bob Wilson. (Photo: Pascal Aimar/Tendance Floue 2018)

La «famille Jungle Book» choisie par Bob Wilson. (Photo: Pascal Aimar/Tendance Floue 2018)

«The Jungle Book» au Grand Théâtre, les 26 et 27 avril à 20h et le 28 avril à 15h.