Selon Julie Becker, les politiques d’équité et de diversité sont une des solutions pour un meilleur équilibre des genres. (Montage: Maison Moderne)

Selon Julie Becker, les politiques d’équité et de diversité sont une des solutions pour un meilleur équilibre des genres. (Montage: Maison Moderne)

Dans son numéro Women on board, Paperjam met en lumière plus de 100 profils de femmes prêtes à rejoindre un conseil d’administration. Tout au long du mois de mars, découvrez divers profils de femmes ainsi que leurs points de vue et leurs idées pour un meilleur équilibre des genres dans les instances de décision. 

est la directrice générale de la Bourse de Luxembourg (LuxSE). Elle a rejoint LuxSE en 2013, a été nommée directrice générale adjointe en 2019 et directrice générale en 2021. Sa carrière dans le secteur financier au Luxembourg s’étend sur deux décennies et comprend des postes à la Banque centrale du Luxembourg et chez Dexia. En 2016, elle a fondé le Luxembourg Green Exchange (LGX), la première plateforme mondiale de titres durables. Experte en finance durable, elle a représenté LuxSE et LGX lors de forums internationaux, dont le Dialogue de haut niveau des Nations unies sur le financement du développement en 2023. Julie Becker préside LuxCMA, une association de l’industrie des marchés de capitaux créée en 2019. Spécialisée dans les aspects réglementaires et juridiques des marchés des capitaux, elle est titulaire d’une maîtrise en droit européen et en droit des sociétés, d’un DEA en droit privé de l’Université de Nancy II, en France, et est une ancienne élève de la Wharton Business School. Julie Becker est la lauréate du Paperjam Top 100 édition 2022.

Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que femme administratrice indépendante?

«Je n’ai personnellement pas rencontré de défi lié à mon genre, mais plutôt lié au statut d’administrateur indépendant. L’indépendant fait en effet face à plus de difficultés en ce qui concerne l’accès à l’information utile, la relation avec le management, la signification des chiffres, la compréhension de la stratégie, de la vie d’entreprise, etc.

Comment gérez-vous les éventuelles résistances ou le scepticisme à votre égard?

«Je reste toujours professionnelle et moi-même, en démontrant mes compétences et la valeur ajoutée à laquelle je peux contribuer par des résultats concrets.

Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration? Pourquoi?

«Je pense que la diversité progresse lentement au sein de la majorité des conseils d’administration. D’ailleurs, le progrès et la prise de conscience de l’importance de l’équilibre des genres au sein d’un conseil d’administration sont clairement liés à la réglementation. Il reste toutefois encore beaucoup à faire pour atteindre une véritable parité.

Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils? 

«‘Je n’aime pas ce qu’ils sont mais j’aime ce qu’ils font ou ce qu’ils rendent possible’ pour reprendre les mots de Christine Lagarde. Malheureusement, les quotas sont absolument nécessaires et je suis convaincue que nous n’observerions pas les progrès actuels sans l’adoption de la Women on Board Directive.

En tant que femme administratrice, sentez-vous une responsabilité particulière de défendre les questions de parité et d’inclusion?

«Absolument, au-delà même de la responsabilité, il en va de notre devoir. Mais c’est tout à fait naturel et spontané.

Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?

«La diversité change le ton de la conversation, les objectifs de la discussion, la compréhension d’un problème, la détermination des options possibles, l’appréhension des risques en jeu… Ceci conduit en principe à une meilleure prise de décision, une plus grande innovation et renforce ultimement la performance d’une société.

Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?

«Il n’existe pas de solution miracle mais comme souvent, ‘the tone must come from the top’. Les entreprises doivent s’engager à créer une culture inclusive et définir des politiques d’équité et de diversité. Concrètement, il s’agit d’implémenter des politiques de recrutement et de promotion transparentes, des programmes de mentorat, des formations sur les préjugés (qu’ont d’ailleurs aussi les femmes) et des initiatives de soutien à la conciliation vie professionnelle-vie personnelle.

Que conseilleriez-vous concrètement à une jeune femme qui voudrait prendre sa place dans la société? Que lui déconseilleriez-vous?

«Oser s’asseoir au premier rang, toujours saisir les opportunités qui se présentent, ne jamais baisser les bras et continuer à sourire, quoi qu’il arrive!»