Pour Vincent Juvyns, «Europe is back!». (Photo: JP Morgan AM)

Pour Vincent Juvyns, «Europe is back!». (Photo: JP Morgan AM)

J.P. Morgan Asset Management estime que l’Europe, stimulée par le fonds européen de relance, sera l’un des principaux acteurs de la reprise mondiale. Ses analystes ont partagé leur point de vue lors d’une conférence mardi. 

Vincent Juvyns, directeur exécutif et global market strategist, admet que dire que «l’Europe est de retour» peut être considéré comme une «déclaration audacieuse», mais il s’y tient. Malgré les perspectives difficiles à court terme en Europe, notamment la lenteur du déploiement de la campagne de vaccination, «si l’on regarde les marchés financiers depuis le début de l’année, l’Europe est déjà de retour». Il ajoute que les politiques monétaires et budgétaires au sein de l’UE «devraient rester accommodantes» et que, malgré les projections qui font de la Chine et des États-Unis les deux moteurs de la croissance mondiale, «l’économie et le marché procycliques de l’Europe bénéficieront davantage de la mondialisation», non seulement parce que la Chine et les États-Unis sont les deux plus grands partenaires commerciaux de l’Union, mais aussi parce qu’«avec deux tiers de leurs revenus générés à l’international, ce qui se passe en Chine et aux États-Unis est important pour les actions européennes».

Autres atouts: les marchés actions européens sont bien positionnés pour bénéficier du thème de la reflation, tandis que les entreprises devraient profiter de l’appétit croissant des investisseurs pour l’ESG. 

Des marchés moins erratiques

Même si les choses s’améliorent en 2021, les investisseurs de style croissance (growth) et ceux de style valeur (value) ont tous été frappés par les soubresauts du marché. Rajesh Tanna, responsable du groupe Actions internationales, relève que «le premier trimestre 2020 a été le pire trimestre pour ces deux styles de gestion depuis la Grande Dépression… La baisse cumulée sur les titres croissance a été la pire de l’histoire, dépassant même la Grande Dépression.» Pour autant, il estime que de nouvelles variables – moins d’incertitude autour du Brexit, une nouvelle administration américaine plus ouverte ou encore les progrès des campagnes vaccinales – «contribuent à réduire l’incertitude et ouvrent des perspectives qui devraient se poursuivre cette année». Et il cite en exemple les indices MSCI Europe Growth (+8% sur cinq mois) et l’indice MSCI Europe Value (+25% sur la même période).

Rajesh Tanna soutient que l’économie diversifiée de l’Europe la positionne idéalement pour profiter de la reprise économique. Elle offre également l’exposition aux bénéfices la plus diversifiée au monde. L’analyste a donné, comme exemple d’investissements intéressants, LVMH: avant la crise du Covid, le plus grand conglomérat mondial du luxe et des cosmétiques a enregistré 13 trimestres consécutifs de croissance organique à deux chiffres, et ses tendances à long terme devraient rester structurellement positives, avec un rendement total sur 10 ans de 18% l’an et une croissance des bénéfices sur la même période de 15%.

Les opportunités vertes et numériques

«L’élan en faveur de l’ESG ne fait que s’amplifier», analyse Vincent Juvyns, suite aux résultats d’une étude menée par J.P. Morgan Asset Management via Linkedin. L’enquête cherchait à déterminer quelles approches en matière d’actions seraient envisagées au cours des six prochains mois. 

Pour 38% des répondants, l’investissement durable arrive en tête, suivi par les stratégies croissance et valeur (30%), la technologie (19%) et les petites capitalisations (14%).

«L’élan en faveur de l’ESG ne fait que s’amplifier», conclut-il. «Nous savons tous que l’Europe est mieux positionnée que tout autre marché pour l’ESG… Nous sommes mieux préparés à faire face à une réglementation plus stricte dans ce domaine à l’avenir.»

Si la transition écologique est un thème-clé pour l’Europe, il invite à considérer également le secteur du numérique et à ne pas sous-estimer les entreprises technologiques européennes.

Même si «les États-Unis représentent le gros de la capitalisation boursière dans le domaine de la technologie», explique Thomas Bradley-Flannagan, spécialiste des investissements, «la répartition régionale des entreprises technologiques est bien plus équilibrée». Il a comparé plusieurs exemples d’entreprises technologiques aux États-Unis et d’autres similaires en Europe, et a trouvé que beaucoup de ces dernières se négocient avec des décotes, la localisation jouant sans aucun doute un rôle.

Chez J.P. Morgan Asset Management, on estime que la technologie européenne bénéficiera des mesures de relance budgétaire de l’UE et note comment l’utilisation des technologies s’est modifiée ces dernières années. Même les petites entreprises ont été contraintes de renforcer leurs propres actifs technologiques et numériques.