Ambitions – Jordan Serderidis (à droite) souhaite atteindre les 500 millions de chiffre d’affaires en 2025 et porter ARHS à l’international. (Photo: LaLa La Photo)

Ambitions – Jordan Serderidis (à droite) souhaite atteindre les 500 millions de chiffre d’affaires en 2025 et porter ARHS à l’international. (Photo: LaLa La Photo)

Le fondateur d’ARHS ne calcule pas le succès. Mais il le provoque. À la tête d’un groupe ICT qui emploie désormais 1.300 personnes au Luxembourg et à l’étranger, Jourdan Serderidis n’en a pas fini avec un travail qu’il conjugue avec plaisir.

Il n’a «peur de rien». Champion du monde de rallye, CEO d’une société ou plus récemment pa­tron d’une start-up (Fleetback, spécialisée dans la communication entre les concessionnaires automobiles et leurs clients), , 55 ans, n’a pas le don d’ubiquité, mais la capacité de prendre plusieurs routes à la fois.

«J’aime les challenges, et lorsque je veux en relever un, je réfléchis en dé­tail et je donne le meilleur de moi-même», déclare Jourdan Serderidis. Une recette qui a fonctionné en 2017 sur le plan privé lorsque ce Grec qui a grandi et qui habite en Belgique a été sacré champion du monde en rallye. Une recette qui semble fonctionner sur le plan professionnel avec sa société IT, ARHS (vient d’Arès, fils de Zeus et dieu de la guerre), depuis 2003.

«Je n’ai pas eu le choix à l’époque, car les actionnaires principaux du groupe Cronos, dans lequel je travaillais, se sont séparés de moi. J’avais un peu d’argent et j’ai décidé d’investir.» Un certain sens commercial, du relationnel et un parcours dans l’informatique depuis 1988 l’ont aidé dans cette aventure qu’il continue de placer sous le signe du plaisir. «C’est le fil rouge de ma carrière. Ce que je fais, je le fais pour m’amuser, mais sérieusement. L’ambition n’a pas été un moteur.»

Une croissance de 23% en 2018

Mais l’ambition vient en grandissant. Et ARHS a plus que grandi ces dernières années, au point d’employer 1.300 collaborateurs. La moitié est basée au Luxem­bourg et d’autres branches ont ouvert en Belgique, en France, en Italie et en Grèce. Au départ du développement informatique, les services se sont diversifiés, notamment vers la consultance. «Les institutions européennes ont joué un grand rôle dans notre développement et elles représentent toujours 60% de notre chiffre d’affaires, ajoute Jourdan Serderidis. Le succès qui s’est dessiné au fil de 16 années s’explique dans notre capacité à mener des projets à prix fixe, ainsi qu’à être flexibles et agiles dans notre façon de fonctionner pour absorber notre croissance.»

 Jordan Serderidis,  fondateur d’ARHS. (Photo: LaLa La Photo)

Jordan Serderidis,  fondateur d’ARHS. (Photo: LaLa La Photo)

Avec une croissance de 25% en moyenne durant les six dernières années (23% en 2018 avec un chiffre d’affaires de 108 millions d’euros), le cap des 200 millions de chiffre d’affaires se profile pour 2020. Une réussite due en grande partie au patron? «Nous n’avons pas eu de crise, nous n’avons pas perdu d’argent, mais ce n’est pas un ‘ one-man show ’. Je me suis entouré de gens de grande qualité, complémentaires à la façon dont je fonctionne.»

Un nouveau siège à Belval

Afin de répondre à l’évolution de ce qui est devenu un groupe, le management a décidé de quitter Merl pour se doter d’un nouveau siège: le bâtiment Naos à Belval. «Il est important de donner un cadre de travail de qualité à nos consultants, de donner envie à la cinquantaine de nouvelles recrues que nous embauchons chaque année de nous rester fidèles. En ce qui nous concerne, Belval est une meilleure localisation que le centre-ville en matière d’accessibilité.»

Un bâtiment financé par ARHS et ses collaborateurs qui ont été associés au chantier, avant sa vente, à l’automne 2018, à un consortium d’assureurs belges et luxembourgeois dont l’identité est restée secrète. Une belle opération qui a donné un peu plus de latitude financière au groupe. «La croissance donne aussi de l’ambition aux collaborateurs et nous permet de rester indépendants et maîtres de notre destin.» Un destin qui attise certaines convoitises. Mais pas question pour autant de vendre un actif qui fait un peu partie de soi. «Ma tête est dans la société, mais je ne veux pas tout contrôler. Je suis exigeant, je crois à l’engagement et à l’efficacité, mais je laisse une certaine latitude aux équipes.»

Nouveau siège – ARHS a quitté Merl pour emménager dans le nouveau bâtiment Naos à Belval. (Photo: Nader Ghavami)

Nouveau siège – ARHS a quitté Merl pour emménager dans le nouveau bâtiment Naos à Belval. (Photo: Nader Ghavami)

Revendiquant une forme d’instinct pour détecter un talent ou les capacités d’un collaborateur, voire un sixième sens pour dénicher ce qui sera profitable, Jourdan Serderidis est, logiquement, la figure tutélaire de l’entreprise qu’il a portée sur les fonts baptismaux avec plusieurs associés (Nathalie Vandervelde, Pierre Noel, Jean-Philippe Roch et Jean-François Pitz) et dont il reste l’actionnaire de référence. Sans songer à la retraite, il envisage en quelque sorte de devenir copilote, celui qui donne la direction tout en laissant le volant à un autre.

«Le groupe ne doit pas forcément dépendre de moi pendant 10 ans, même si je ne vais pas raccrocher.» Le candidat idéal n’existe pas, mais il devra intégrer la philosophie du fondateur et ses prochaines ambitions: atteindre 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025 et prendre la voie de l’internationalisation. «Quand on part de rien, comme ce fut mon cas, il ne faut pas avoir peur de prendre des risques. Mais l’essentiel, pour l’entrepreneur, est d’être capable de prendre des risques intelligents pour les mener à la réussite.»