Avez-vous un principe quant à l’argent?
– «C’est toujours bien d’en avoir, mais ça ne doit pas être un objectif en soi.
Qu’est-ce qui doit être un objectif en soi?
«Être heureux, s’amuser et être bien dans sa peau.
Vous avez investi, en 2003, dans la création de votre propre société. Était-ce une bonne affaire?
«Financièrement parlant, c’était la meilleure idée possible. J’ai investi presque tout l’argent que j’avais reçu de la vente de mes actions de Cronos Technologies (société créée en 1999 et revendue en 2002, ndlr) et je ne connais même pas le quotient multiplicateur actuel. Mais c’était vraiment le bon plan.
Quel est votre plus mauvais investissement?
[Sourire] «J’ai repris, pendant un certain temps, un club de foot dans ma région, à Yvoir (près de Namur, ndlr) et ça a été un échec. C’est la plus mauvaise idée que j’ai eue. On apprend parfois plus des défaites que des succès.
Qu’avez-vous appris?
«Que certaines personnes ne fonctionnent que par l’argent [rires] et que le respect et la reconnaissance, ce ne sont pas des choses naturelles pour tout le monde. Le monde du football est très volatile et extrêmement superficiel.
Avez-vous des passions coûteuses?
«Le rallye: je m’y suis mis en 2012, quand j’ai rencontré un peu par hasard Sébastien Loeb, en Suède. Ce n’est pas spécialement l’aspect coûteux qui est intéressant, mais le challenge sportif et la complexité de découvrir le monde de ce sport, qui est très particulier.
En quoi est-ce si particulier?
«Le rallye fait appel à des compétences variées de réflexes, de techniques pures, d’endurance, de concentration, d’intelligence. C’est un sport très complet et, quand on le découvre très tard comme moi (j’avais 48 ans), cela nécessite de donner le meilleur de soi-même et de se dépasser. On a l’impression de vivre intensément, c’est toujours bon.
Vous avez donc des voitures de rallye?
«Oui, j’ai un team qui possède cinq voitures, qui sont aussi mises à la location. Parfois, je les utilise. Parfois, elles sont louées à d’autres pilotes.

À la tête d’Arhs Group, dont le siège est à Belval, Jourdan Serderidis pose devant son bolide. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)
Selon vous, pour devenir riche, il faut…
«Je pense qu’il faut ne pas y penser. Jamais dans ma vie je ne me suis dit: «je vais devenir riche». Je suis parti de zéro, même du négatif. À l’université, je rentrais chez moi en stop le vendredi. Je me souviens avoir repeint le sous-sol d’un bar pour pouvoir payer mon ardoise. Mais la recette, je pense, est de toujours donner le meilleur de soi-même. Et, en fait, après, ça vient tout seul. Je n’ai jamais regardé au salaire que je recevais comme employé. Je n’ai jamais demandé une augmentation quand j’étais salarié. Souvent, elle venait toute seule.
Qu’est-ce que l’argent ne peut acheter?
«Le charisme, le fun et l’amour. Si vous n’avez pas de charisme, ce n’est pas l’argent qui va vous en donner. Le fun, vous l’avez ou vous ne l’avez pas. Et l’amour, c’est encore plus compliqué.
Vous avez reçu le titre de Champion du monde de rallye en 2017, dans la catégorie WRC Trophy. Estimez-vous que la vie est une compétition?
«La vie n’est pas une compétition, mais j’adore la compétition. J’ai l’impression que s’il n’y a pas de challenge, je m’endors et je meurs un peu. Dans le business, je suis extrêmement compétitif – c’est peut-être aussi une des raisons du succès. Je ne fais pas de compétition pour gagner de l’argent. J’ai joué très longtemps au football, j’ai gagné de l’argent, mais ça ne m’intéressait pas. Ce qui m’intéressait, c’était la beauté de la compétition : se surpasser.»
Cette interview a été rédigée pour qui est paru le 28 octobre 2021.
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