La productivité stagne, le coût du travail augmente. 53,90 euros de l’heure au Luxembourg, contre 47,10 euros Belgique, 42,20 euros en France et 41,30 euros en Allemagne. Et malgré cette différence, les patrons ont de plus en plus de difficultés à recruter dans nos pays frontaliers, indique la Chambre de commerce dans son avis sur le projet de budget 2025. «Le nombre de frontaliers belges et allemands ne progresse quasiment plus – le nombre de frontaliers allemands a même baissé au cours des deux premiers trimestres de l’année 2024, comme cela avait été le cas pour un trimestre en 2023 pour les frontaliers belges.»
«Les entreprises regardent les forces de travail dont elles disposent et adaptent leurs perspectives de chiffre d’affaires à cette réalité», a aussi expliqué le directeur de la Chambre de commerce, .
Parmi les problématiques, le Luxembourg fait partie des pays qui travaillent le moins d’heures en Europe par an – 1.459 heures par an et par salarié selon l’OCDE, la «faute» aux nouveaux congés, qu’ils soient parentaux ou de compensation. «Évidemment que ces congés participent de l’équilibre vie professionnelle-vie privée et que cela est une bonne chose», a-t-il dit. «À condition que les salariés puissent effectuer leurs tâches dans les mêmes conditions.»
Seulement depuis la sortie de la pandémie de Covid, l’absentéisme a explosé. En 2022, selon les chiffres de l’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS), cités dans l’étude du début d’année de la Fedil, pour la première fois, le coût de l’absentéisme a dépassé le milliard d’euros, avec un taux qui a atteint 5,2% cette année, contre 3,7 à 3,9% en moyenne annuelle entre 2013 et 2019. «Ce montant comprend la continuation de la rémunération en cas de maladie à la charge des employeurs (les 13 premières semaines) ainsi que les indemnités pécuniaires versées par la Caisse nationale de santé (CNS)», note la Fedil, «il est important de noter que ce chiffre ne reflète que le coût direct de l’absentéisme. Les coûts indirects, tels que la perte de productivité, les frais de remplacement du personnel absent ou les éventuelles pénalités pour retard de livraison, ne sont pas inclus dans cette estimation. Ainsi, le coût réel de l’absentéisme est probablement supérieur à ce montant.»
Conséquence de la guerre en Ukraine, l’impact sur le prix des produits pétroliers a vu émerger une nouvelle «motivation» à ne pas aller travailler: le coût du carburant, pour ceux qui n’ont pas envie de se frotter aux carences des transports en commun.
La part des absences d’un jour étant largement la plus élevée, la question est de savoir comment y remédier? «Par le contrôle», répond une nouvelle fois le directeur de la Chambre de commerce. Sauf que les frontaliers représentent plus de 57% de la force de travail et qu’organiser des contrôles dans nos pays voisins, via les organismes de contrôle de leur pays, est une chimère impossible à mettre en œuvre. «Par une journée de carence», reprend Carlo Thelen. Autrement dit, un jour d’absence, un jour sans salaire.
L’idée est dans l’air du temps, la Fedil l’a elle aussi citée comme une piste pragmatique, comme elle a imaginé une «prime de travail», sorte de réserve monétaire qui atteindrait zéro pour celui ou celle qui abuserait de ces absences courtes qui désorganisent les entreprises.
Outre le paradoxe de payer les gens pour qu’ils travaillent a quelque chose d’irréel, cela ne ferait qu’alourdir le coût du travail pour les entreprises et donc pas aider à regagner en compétitivité au moment où l’économie en a le plus besoin: pour anticiper les difficultés à venir sur le plan des pensions et sur celui du déficit de la sécurité sociale – où les actifs ne seront plus assez nombreux pour financier les actifs en souffrance ni les inactifs.