Le boom des matières premières a des conséquences directes sur les marchés des changes. (Photo: Shutterstock)

Le boom des matières premières a des conséquences directes sur les marchés des changes. (Photo: Shutterstock)

Le boom des matières premières entraîne la hausse, en parallèle, des devises des pays riches en ces matières de base. Investir dans les «devises de matières premières» peut être une bonne manière de profiter de la tendance haussière des matières premières. Mais cela n’est pas sans risque.

Les devises des pays dont les exportations – et donc la croissance économique – sont particulièrement dépendantes des ressources naturelles ou d’une matière première spécifique sont appelées «devises de matières premières». Ces devises sont souvent fortement corrélées aux performances de l’industrie extractive nationale ou au cours de la matière première en question. Les devises généralement considérées comme devises de matières premières sont la couronne norvégienne, le rand sud-africain, le rouble russe, le peso chilien, et les dollars canadien, néo-zélandais et australien.

Pour Andrea Siviero, investment strategist chez Ethenea, investir dans des «devises de matières premières» peut être pertinent vu les circonstances économiques actuelles, mais il faut rester prudent.

Alors que les matières premières elles-mêmes sont généralement cotées en dollars américains, les devises de matières premières fluctuent généralement en fonction du cours international des ressources naturelles. Toute augmentation des cours a un impact positif sur la croissance économique ainsi que sur l’amélioration de la balance courante. Et donc sur la monnaie. «Les devises de matières premières offrent généralement des taux d’intérêt plus élevés, car les exportateurs de matières premières affichent souvent des taux de croissance plus élevés que les pays dont la monnaie constitue une valeur refuge. Cela est particulièrement pertinent pour les économies émergentes», estime Andrea Siviero. Pour qui investir dans ces devises peut être particulièrement intéressant si ces dernières devaient s’apprécier face à la monnaie nationale. «C’est notamment le cas en période de croissance économique et de forte demande de matières premières, car le prix des matières premières augmente et les devises de matières premières respectives s’apprécient face aux devises refuges traditionnelles.»

Investir dans ces devises comporte parfois des risques opérationnels et des coûts plus élevés.
Andrea Siviero

Andrea Sivieroinvestment strategistEthenea

La phase actuelle de reflation économique, associée à une forte reprise économique et à une hausse de la demande de matières premières, semble favorable aux investissements dans les devises de matières premières.

Il convient cependant de rester attentif à certains risques: «Si les devises de matières premières des marchés émergents offrent en principe des taux d’intérêt plus élevés, leur performance globale peut souffrir de taux d’inflation plus élevés et de problèmes sociaux et géopolitiques. De plus, investir dans ces devises comporte parfois des risques opérationnels et des coûts plus élevés. Enfin, les devises de matières premières ont tendance à afficher une volatilité supérieure à la moyenne et il est difficile d’évaluer leur prix, car celui-ci est déterminé non seulement par la dynamique de l’offre et de la demande physique, mais aussi par le prix des actifs financiers liés à ces matières premières.»

Et surtout, si le contexte actuel conjuguant taux d’intérêt bas, croissance économique élevée et marchés favorables au risque est «attrayant», un retournement impromptu ne peut être écarté. «Un durcissement de la politique monétaire dans les économies avancées, la répression par la Chine de la spéculation des matières premières ou un ralentissement économique pourraient déclencher une correction des prix des devises de matières premières», estime Andrea Siviero.

Pour qui il faut tenir compte de plusieurs facteurs avant d’investir dans des devises de matières premières. «Une analyse solide du contexte macroéconomique et géopolitique de l’exportateur de matières premières est essentielle avant de constituer une position dans des devises de matières premières. La hausse des prix des matières premières ne garantit pas en soi que la devise correspondante continuera à s’apprécier, ni même qu’elle maintiendra sa valeur actuelle. Si le profil de risque des devises de matières premières des économies émergentes est trop prononcé, une alternative pourrait être d’investir dans les devises de matières premières des économies avancées, qui offriront probablement des taux d’intérêt plus bas, mais qui sont probablement moins volatiles.» Une autre alternative est d’investir dans les actions des sociétés internationales qui produisent et exportent ces matières premières.