Olivier Coekelbergs insiste: «La venue de José-Benjamin Longrée dans nos rangs s’inscrit dans une démarche business.» (Photomontage: Maison Moderne. Photos: Matic Zorman/Archives; EY Luxembourg)

Olivier Coekelbergs insiste: «La venue de José-Benjamin Longrée dans nos rangs s’inscrit dans une démarche business.» (Photomontage: Maison Moderne. Photos: Matic Zorman/Archives; EY Luxembourg)

José-Benjamin Longrée, Clients and Markets Leader puis Global Managed Services Leader chez PwC, vient de rejoindre le 1er juillet EY en tant que Partner, Managed services leader. Démonstration qu’EY nourrit de grandes ambitions en ce domaine. 

CEO de Caceis, Managing director de Citi, Clients and Markets Leader chez PwC, José-Benjamin Longrée a rejoint les rangs d’EY ce 1er juillet, en tant que Partner, Managed services leader. Un « transfert de l’été » longuement et mûrement réfléchi, s’inscrivant dans une vision stratégique à moyen et long terme de la part d’EY Luxembourg, « certainement pas effectué pour affaiblir un camp, mais bien pour renforcer le nôtre » assure Olivier Coekelbergs, Managing partner.

Dans quel contexte le recrutement de José-Benjamin Longrée s’est-il effectué ?

-. « Il est en réalité assez simple. Nous pensons que les firmes comme EY, très longtemps focalisées sur le facteur humain -mettre les bonnes personnes sur les bons services, avec les bonnes connaissances, la bonne expertise- vont conserver cet aspect sur le long terme mais que celui-ci va être complété par une dimension technologique qui sera de plus en plus importante, et qui va toucher l’ensemble des « professional services » qu’une firme comme EY délivre à ses clients. Au niveau de l’audit, bien entendu, mais aussi de ce que l’on appelle les « managed services ». C’est dans ce cadre que nous avons rencontré José et lui avons proposé de nous rejoindre. Nous avons la volonté claire d’upgrader la technologie et l’optimisation des données dans tous nos services : c’est cela le vrai point de départ de cette venue.

José-Benjamin Longrée -. «La particularité d’une firme comme EY dans les « managed services » est qu’elle offre à ses clients les plateformes mais aussi la matière grise qui va avec. Pour onboarder, pour faire le repair, pour expliquer, être aux côtés du client durant toute la durée du service. C’est un élément important de la stratégie d’EY et nous étions parfaitement en phase.

Comment pourrait-on définir ce que sont les « managed services ? »

José-Benjamin Longrée .-  « Si on évoque un asset manager ce sont les services  « non-core » et récurrents qui sont offerts à cet asset manager. En allant de plus en plus vers un service « real time ». On veut proposer au client un portefeuille complet en offrant au client la possibilité de parler avec son provider via sa plateforme.

Olivier Coekelbergs -. « C’est la même chose dans le domaine de la fiscalité: les services de structuration fiscale ont laissé la place au tax reporting en real time. Il en va de même dans le secteur des fonds avec un besoin de collecte de données, pour les exploiter et pouvoir produire les reportings demandés par des investisseurs, régulateurs et autres contreparties.

Ceux qui ne se positionneront pas en ce qui concerne la combinaison de la techno, de la donnée et de l’intelligence humaine ne survivront pas!
Olivier Coekelbergs

Olivier CoekelbergsManaging partnerEy Luxembourg

Quelle différence entre les « managed services » et une externalisation de mission ponctuelle ?

José-Benjamin Longrée . – « La récurrence est très importante et marque notamment la différence. Le « managed services » c’est un service répété, qui a été conclu pour le long terme. Autre élément différentiel : l’apport des équipes « n’assèche » pas le client, il y a un vrai partenariat. C’est très intime quand vous partagez vos données avec quelqu’un. Le service provider du « managed services » va entrer dans l’intimité du client, lui offrir des services à valeur intellectuelle ajoutée,... et va contribuer à le soulager d’un côté et l’enrichir de l’autre. Sauf s’il y a une urgence l’idée n’est pas de faire tout le travail, le client doit garder le contrôle. Il faut d’ailleurs cela dès qu’il y a outsourcing. Mais on est clairement ici dans une idée de partnership. On veut enrichir le client sans l’assécher, tout en lui permettant de travailler à moindre coût.

Finalement, vous dites à cos clients : « concentrez-vous sur votre « core business », on s’occupe du reste » ?

José-Benjamin Longrée .- « C’est ça. Il y a beaucoup de services qui se sont développés en parallèle à cause des nécessités du marché et que nous sommes occupés à regrouper autour de data feed et de plateformes pour aider nos clients à avoir un accès plus facile à nos résultats et à leur traitement. 

C’est un vrai partenariat avec le client...

Josée-Benjamin Longrée. - « Oui, car c’est un changement de culture chez le client aussi. Mais on sent en étant dans le marché qu’il y a une demande. Certains ont d’ailleurs des besoins sans même le savoir. Mais d’ici quelques années les « managed services » seront quelque chose d’intégré.  Je ne sais pas combien de temps il faudra pour avoir tous les plats à la carte du restaurant, mais on va y travailler.

L’enjeu est de taille pour EY Luxembourg, les ambitions importantes ?

Olivier Coekelbergs .-: « Je l’ai dit à mes associés : c’est un sujet sur lequel on doit réussir car il en va de notre continuité d’exploitation à Luxembourg. Ceux qui ne se positionneront pas en ce qui concerne la combinaison de la techno, de la donnée et de l’intelligence humaine ne survivront pas ! L’audit comme on le faisait il y a 20 ans ne cesse d’évoluer et devient de plus en plus technologique, techno driven et data driven.

Les managed services arrivent donc à point nommé avec le changement culturel partiel que l’on constate dans les entreprises.

José-Benjamin Longréepartner, managed services leaderEY Luxembourg

José-Benjamin Longrée -. « Un facteur de succès en plus est que nous sommes en plein dans l’ADN luxembourgeois. La palette de services est diversifiée mais un des grands succès de la Place est d’avoir offert celui du « transfer agency », au niveau européen et même mondial,  qui pesait au client. C’est un peu pareil ici, il y a plein de choses que l’on va offrir en termes de reporting, d’accounting, de corporate tax,... qui embêtent les clients et pour lesquelles Luxembourg va non seulement avoir un service de système mais aussi offrir le service intellectuel qui va avec.

Le développement des « managed services » est-il un résultat de la crise ?

José-Benjamin Longrée .- « Oui, en partie, car beaucoup d’entreprise se sont rendu compte de l’importance des relations humaines, et de leur lien avec le business, mais aussi du fait qu’on pouvait régler toute une série de choses, et particulièrement les « non-core », en les outsourcant. Les « managed services » arrivent donc à point nommé avec le changement culturel partiel que l’on constate dans les entreprises.

Sur quels segments en particulier des « managed servcies » allez-vous vous positionner plus spécifiquement ?

José-Benjamin Longrée -. « Mon domaine de prédilection depuis des années est celui de la distribution des fonds. Donc de la compliance, qui est évidemment très présente dans les « managed services ». Mais il ne faut pas perdre de vue que des liens existent toujours avec beaucoup d’autres services et que l’objectif premier est de rassembler ces services dans une plateforme interactive au bénéfice du client.

Mais quels seront les premiers services concernés ?

Olivier Coekelbergs -. « Toutes les formes de reportings réglementaires et fiscaux sont évidemment concernés. Il faut bien se dire par ailleurs que la réflexion que l’on mène et le changement que cela va générer dans notre approche, notamment via le recrutement de José, s’inscrit dans une démarche qui est beaucoup plus globale chez EY. L’initiative n’est pas une exclusivité de Luxembourg. Nous sommes un cabinet réellement intégré et donc la démarche est au moins au niveau européen, et même mondial pour certains sujets. Toutes ces plateformes vont donc trouver une partie de leur genèse ailleurs. Pour certaines via nos collègues américains, européens pour d’autres, et eux-mêmes vont nous impliquer sur certains de leurs sujets.

Le positionnement de la Place financière va cependant jouer un rôle ?

Olivier Coekelbergs .- « Evidemment en ce qui concerne les fonds d’investissement. Si on a besoin d’expertise sur les « managed services» à l’intention des banques, on remontera probablement vers nos collègues londoniens. Pour les fonds on remontera vers nous car Luxembourg jouera un rôle de hub en ce domaine.

Quelles sont les échéances de montée en puissance de ce projet au sein d’EY Luxembourg?

José-Benjamin Longrée .- « On n’est pas encore entré dans tous les détails, mais au-delà des services existants, il y aura des priorités. J’espère qu’on aura des résultats pour l’élargissement de la plateforme interactive avant la fin de cette année et que du côté Asset Management, nous aurons cru de 50% au moins dans les douze mois à venir. Je pense que cela peut aller très vite même si en disant cela je donne un peu une réponse de Normand.

Nous sommes ravis que José nous rejoigne et sa venue a été saluée par tous les partners de l’entreprise.
Olivier Coekelbergs

Olivier Coekelbergsmanaging partnerEY Luxembourg

Comment l’équipe dédiée va-t-elle se structurer ?

Olivier Coekelbergs .- « Il y a une équipe qui existe déjà, beaucoup de choses ont été développées par le prédecesseur de José, Bernard Lhoest qui a créé des fondations très solides dans le domaine,... L’arrivée de José va servir à donner un coup d’accélérateur sur ces sujets et ces services. Mais un des rôles de José va être d’étoffer cette équipe et de la faire grandir.

Ce recrutement, de première importance, n’est pas banal. Quelles spécificités a-t-il au niveau de l’onboarding, de  l’intégration à la culture d’entreprise, mais aussi du maintien des bonnes relations avec la firme chez qui on a été chercher ce talent... ?

José-Benjamin Longrée . – « J’ai travaillé pour plusieurs grandes firmes et aucune n’a fait faillite quand je suis parti. Nul n’est indispensable. Peut-être qu’à un moment on se retrouve moins dans le projet relatif là où on est, et subjectivement j’ai trouvé le projet d’EY comme un très beau projet. Ensuite, il y a eu des discussions qui ont été très amicales. Mais il y a des règles spécifiques à respecter, c’est certain.

C’est aussi un joli coup en termes d’image, cela marque les ambitions d’EY ?

Olivier Coekelbergs .- « Ici, c’est avant tout une démarche business et cela montre que notre firme est attractive. Le but n’est pas de jouer un mauvais tour à qui que ce soit. Le transfert d’associés entre big4 n’est pas quelque chose d’inhabituel. L’impact sur l’image, oui, mais ce n’est pas notre premier objectif, la venue de José s’inscrit dans le cadre de notre plan Stratégique Ambition 2026. Nous sommes ravis que José nous rejoigne et sa venue a été saluée par tous les partners de l’entreprise.»