Voici un peu plus d'un an, le vice-Premier ministre et ministre de la Mobilité (Déi Gréng) . Inscrit dans l'accord de gouvernement, la concrétisation de ce point était souhaitée dans les meilleurs délais par le DP qui ne voulait pas abandonner le champ des mesures sociales (salaire social minimum, jour de congé supplémentaire...) au seul LSAP qui en avait fait un de ses chevaux de bataille de campagne, mais aussi par Déi Gréng qui y voyait un élément majeur la mobilité du futur.
La gratuité dès samedi
Le retentissement sera mondial. . Et François Bausch se retrouve sollicité de toutes parts. «J'ai reçu des invitations du monde entier. Il n'était pas possible de répondre à toutes. Mais cela démontre l'impact que notre décision a eu», confiait-il par après à Paperjam en marge d'une interview.
Cet engouement, le ministère de la Mobilité va tout faire pour surfer dessus durant tous ces mois. Relançant l'attention médiatique de manière régulière via l'une ou l'autre annonce:, ... Dernière ficelle utilisée pour s'offrir quelques articles de plus: annoncée en date du 1er mars, car «c'est mieux ainsi, le mois de février comptant 29 jours. Cela permettra au public de rejoindre plus facilement le site du #freemobility concert», a-t-on entendu comme justification.
Ce jeudi, la prochaine gratuité des transports était en effet présentée lors d'une conférence de presse «internationale», animée par plusieurs performances artistiques insérées entre les prises de parole du ministre Bausch et de (DP), la bourgmestre de Luxembourg-ville. Une nouvelle fois, le ministre en a profité pour rappeler, chiffres à l'appui, «que cette gratuité n'est que la cerise sur le gâteau d'une stratégie plus globale, une volonté de concevoir toute la mobilité du pays autrement».
Une soixantaine de journalistes avaient pris le soin de se faire accréditer bien à l'avance. Finalement, les rangs de chaises au nouveau Tramschapp de Luxtram étaient plutôt clairsemés. «La rançon de la gloire sans doute car beaucoup de choses ont déjà été dites», analyse un membre de l'équipe de Luxtram.
On comprend vite qu'on est aussi dans une grande campagne de communication. C'est même parfois du marketing pur.
La plupart des médias présents sont donc luxembourgeois. Mais un journaliste suisse a tout de même fait le déplacement, et quelques allemands. Aucun n'est évidemment dupe de ce qui est proposé. «On comprend bien qu'on est aussi dans une grande campagne de communication. C'est même parfois du marketing pur, notamment quand on annonce que la gratuité coûtera 42 millions d'euros mais que l'on va continuer à investir des milliards dans les infrastructures», sourit Birgit Reichert, de l'agence allemande DPA.
Mais elle précise de suite «qu'au-delà du coup médiatique, il y a un vrai sujet d'actualité qui intrigue les Allemands, et les rend même un peu jaloux je crois. Évidemment, il n'est pas imaginable que la même chose soit faite en Allemagne, car les moyens ne sont pas les mêmes et les. Mais certaines métropoles ou régions se disent que si le Luxembourg l'a fait ils peuvent aussi l'envisager. Notamment sous l'angle très bien étudié ici de comment offrir la meilleure mobilité aux gens au bon moment.»
Une équipe belge de TV Lux, la télévision communautaire de la province de Luxembourg, était aussi au Kirchberg. Le sujet de la gratuité des transports publics était pour elle incontournable, plus de 48.000 Belges, dont une majorité vivent en province de Luxembourg, sont concernés.
Tous, en tout cas, reconnaissent que le Luxembourg a parfaitement exploité son initiative pour soigner son «nation branding» et s'est offert un joli coup de pub à l'international.
Forcir le trait volontairement
La campagne de communication orchestrée par le ministère et Quattro Creative Studio continue pour sa part à battre son plein et ne manque pas de faire parler d'elle. Ce qui était prévisible en comparant le jour de la gratuité du transport public avec celui de l'invention de la roue ou au premier pas de l'homme sur la lune. Ce qui pour certains est pour le moins audacieux. «Il faut évidemment mettre cela en perspective. Nous n'avons pas la prétention de marquer l'histoire de l'Humanité mais avons voulu volontairement forcir le trait, aller dans l'exagération. C'est une manière de dire qu'un petit pays fait quelque chose de très grand, ce qui est bien le cas», commente Dany Frank, en charge de la Communication et des Relations publiques au ministère.
Qui attire l'attention sur le fait que «le site internet est de plus en plus fréquenté, et nous avons des retours très positifs sur celui-ci.»