En huit jours, l’usine «plug and produce» de Tachkent, pilotée depuis le Luxembourg, a adapté sa production à l’arrivée du coronavirus et le besoin de produits d’hygiène spécifiques. (Photo; JNS Labs)

En huit jours, l’usine «plug and produce» de Tachkent, pilotée depuis le Luxembourg, a adapté sa production à l’arrivée du coronavirus et le besoin de produits d’hygiène spécifiques. (Photo; JNS Labs)

L’usine 3.0 de Tachkent en Ouzbékistan, pilotée depuis le Luxembourg par Nicolas Van Beek, a complètement revu sa production en une semaine. Objectif: fournir sa zone de chalandise en gel hydroalcoolique et produits désinfectants. L’esprit start-up.

Nicolas Van Beek n’est plus à la Lhoft, mais chez lui. De Luxembourg-ville, le serial entrepreneur pilote son usine de Tachkent, JNS Labs, avec une nouvelle ambition: fournir cette région géographique d’Europe centrale et du Proche-Orient en produits désinfectants. Le coronavirus arrive.

«Dans la semaine du 10 mars, j’étais à l’usine à Tachkent», raconte ce Français établi depuis 20 ans au Luxembourg. «À ce moment-là, il n’y avait pas d’urgence, tout le monde se serrait la main, se faisait la bise comme d’habitude. Il y avait clairement un décalage de quelques semaines avec la France et le Luxembourg. Les premières mesures mises en place ont donc été des mesures d’hygiène renforcées avec nettoyage de toutes les surfaces à l’alcool, éducation du personnel et obligation d’utiliser un gel hydroalcoolique avant de mettre une main dans l’entreprise.»

Mais très vite, le sens des affaires prend le dessus. «Ça nous a fait réaliser que les produits désinfectants et antiseptiques en spray n’existaient pas et qu’il fallait en produire d’urgence. Alors on a mis en place deux plans: le premier, de protection des employés; le second, de révision complète de la production et de la distribution. Pour la production, heureusement, nous avions une formule déjà développée avec Christian Dampeirou, notre chef scientifique en France. Nous avons donc produit un échantillon et l'avons immédiatement envoyé pour certification. En parallèle, nous avons créé un design avec notre marque La Rosée… En 24 heures.»

Les fournisseurs débordés

Bien que rapide pour comprendre les enjeux, l’entrepreneur ne tarde à être confronté à une autre réalité. «Au niveau des achats, on a commencé à comprendre qu’on était déjà en retard: tous nos fournisseurs étaient débordés par les commandes. Au niveau logistique, si la Chine rouvre, l’Europe ferme et le blocage complet du Turkménistan oblige nos camions venant de Turquie à passer au-dessus de la mer Caspienne, avec un délai supplémentaire. Du coup, on a décidé d’utiliser notre stock de bouteilles existant dans l’usine: bouteilles de déodorant, de laque, de désodorisant, et d’acheter des étiquettes pour les reconditionner. En moins de huit jours, nous étions prêts; nos camionnettes de livraison transportent maintenant les employés chez eux, ils travaillent avec des masques, avec des ‘distances sociales’. Tout le personnel administratif travaille de chez lui avec des connexions à internet qui n’ont rien à voir avec celles du Luxembourg.»

«Je pilote à distance la partie marketing et finance. On cherche un second investisseur après avoir levé 250.000 euros la semaine dernière, en bossant sept jours sur sept de mon bureau, à la maison, à Luxembourg-ville, l’essentiel étant géré par mes deux associés et notre formidable équipe sur place. Tenir et s’adapter, coûte que coûte.»

L’usine de Tachkent est «plug and produce», dopée de technologies qui permettent d’optimiser la production. Avec ses trois marques, Leadermen, Merci et La Rosée, elle rayonne sur l’Ouzbékistan et a attaqué les marchés voisins (Kazakhstan, Turkménistan, Tadjikistan, Kirghizistan et Afghanistan), une zone de 100 millions de personnes.