Quarante ans très exactement. C’est en cette année anniversaire de la fondation du bureau que Jim Clemes a choisi de se retirer des affaires et de prendre officiellement sa retraite. Depuis le début de cette année, le bureau est confié à ses cinq associés, Mélany Albert, Lynn Ansay, Mathieu Nicol, Ingbert Schilz et Caroline Thill, marquant ainsi un changement générationnel. Ce tournant a été abordé avec douceur, puisque les cinq associés avaient déjà intégré le comité de direction en 2017. Cette étape importante a été pensée dans un esprit de continuité pour franchir avec sérénité cette évolution de direction.
D’un atelier familial à une entreprise d’architecture
C’est dans sa ville natale d’Esch-sur-Alzette que Jim Clemes fonde, en 1984, l’Atelier d’architecture et de design Jim Clemes. D’abord dédié uniquement à l’architecture et l’architecture d’intérieur, l’atelier élargit son champ en intégrant l’urbanisme à sa palette de compétences. En 2000, et pour répondre à la croissance de son activité, l’atelier prend le statut de SA. En 2011, Jim Clemes nomme Ingbert Schilz en tant qu’associé. Ce dernier est rejoint six ans plus tard par des collaborateurs de longue date: Lynn Ansay, Caroline Thill, Mathieu Nicol et Gaby Krump. Tous intègrent à leur tour le comité de direction et prennent part à l’actionnariat. Symbole d’un renouvellement générationnel, ces arrivées s’accompagnent d’un nouveau nom pour le bureau: Jim Clemes Associates. En 2022, Mélany Albert, responsable du département d’urbanisme et infrastructures, vient à son tour renforcer les rangs du comité.
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Depuis fin mars, Jim Clemes s’est retiré de ses fonctions, tant sur le plan opérationnel qu’au niveau de l’actionnariat. Mélany Albert est nommée directrice du personnel, Lynn Ansay assure le poste de responsable de la communication interne et externe, Mathieu Nicol a le rôle de directeur financier, Ingbert Schilz poursuit son engagement au niveau du «Design & Design Strategy», Caroline Thill prend en charge la vision transversale de l’équipe et trace les contours du développement futur du bureau en tant que directrice générale.
«Après 40 ans, c’est avec un mélange d’émotions que je vis mon départ qui se préparait avec l’intégration progressive de nouveaux associés au cours de ces dernières années», confie Jim Clemes. «En revanche, c’est avec une confiance totale que je leur passe le flambeau, une confiance dans les capacités de cette prochaine génération de dirigeants de guider le bureau vers l’avenir. J’ai été témoin du talent et du dévouement de toute l’équipe du bureau, et je suis certain qu’ensemble, ils réussiront à repousser les limites et à redéfinir ce qui est possible dans le monde de l’architecture au Luxembourg. Je suis fier de ce que nous avons réalisé ensemble, des souvenirs que nous avons créés et des défis que nous avons relevés, et je leur suis à tous reconnaissant de pouvoir désormais prendre du recul tout en sachant l’avenir du bureau entre les meilleures mains.»
Relever les défis de l’architecture d’aujourd’hui
Forts d’une équipe de 70 collaborateurs, les cinq associés souhaitent favoriser le croisement des connaissances et la confrontation d’idées dans un contexte de management horizontal, tout en incluant la force complémentaire des nouvelles technologies.
«Le métier a beaucoup changé en 40 ans et le marché est devenu de plus en plus exigeant», explique Caroline Thill, directrice générale de JCA. «Il est devenu nécessaire d’avoir une équipe de direction complémentaire, structurée autour de différentes compétences, ce qui permet de réaliser des objectifs à court, moyen et long terme.»
«Il s’agit aussi de répondre à une évolution sociétale qui nous oblige à avoir une gestion plus contractuelle et avec une part économique dans les projets qui est devenue très importante», complète Mathieu Nicol, directeur financier. «Ce nouveau travail administratif ne doit pas nous faire perdre de vue le fond des projets, qui est de créer des espaces intelligents et esthétiques. Nous devons aussi relever le challenge des nouveaux outils informatiques et suivre ces évolutions numériques sans renier les valeurs qui sont les nôtres, et sans perdre de vue les challenges écologiques et environnementaux. Les maîtres d’ouvrage attendent aussi un retour sur investissement de leur projet, et nous devons les accompagner dans les choix décisionnels et les techniques à mettre en place. Cela nécessite une vue plus large sur l’économie des projets que nous devons être en mesure d’offrir.»
Dans cette perspective, le patrimoine est aussi pris en considération. «La notion de patrimoine ne cesse de s’élargir, du patrimoine protégé au patrimoine bâti dans son ensemble, et de gagner en importance dans la conception et dans l’exécution de projets architecturaux dans tous les domaines. Les raisons sont diverses. Au départ, bien sûr, le respect de la valeur architecturale s’impose. Ensuite, nous constatons une prise en compte de plus en plus systématique de la question de l’emploi des ressources et de leur revalorisation. S’y ajoutent souvent des considérations économiques et financières. Voilà pourquoi notre patrimoine bâti est de plus en plus valorisé et revitalisé, toute en révélant une nouvelle esthétique», souligne Lynn Ansay.
Quant au bureau à Paris, ce dernier va fermer. Le principe de l’association momentanée étant désormais privilégié pour les projets internationaux. «Nous préférons procéder ainsi pour concentrer notre attention sur d’autres besoins, comme celui du management de nos talents sur le long terme, un pilier essentiel pour la longévité de notre entreprise», assure Caroline Thill.
Rappelons que parmi les réalisations phares du bureau, on trouve le château d’eau au Ban de Gasperich, la rénovation de l’ancien siège de l’Arbed à Luxembourg pour la BCEE – Banque et caisse d’épargne à Luxembourg – ou encore la construction de la nouvelle Gare Belval Université à Belval. Actuellement, le bureau travaille, entre autres, à la rénovation et transformation de la Villa Pétrusse en un hôtel cinq étoiles, à la réhabilitation et transformation de la Villa Louvigny, ou à la rénovation et l’agrandissement de la Kulturfabrik.